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Journal (Eugène Delacroix)/7 septembre 1856

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Texte établi par Paul Flat, René PiotPlon (tome 3p. 168-169).

7 septembre. — Je vois de ma fenêtre un parqueteur qui travaille nu, jusqu'à la ceinture, dans la galerie ; je remarque, en comparant sa couleur à celle de la muraille extérieure, combien les demi-teintes de la chair sont colorées, en comparaison des matières inertes. J’ai observé la même chose avant-hier sur la place Saint-Sulpice, où un polisson était monté sur les statues de la fontaine au soleil : l’orangé mat dans les clairs, les violets les plus vifs pour le passage de l’ombre et des reflets dorés dans les ombres qui s’opposaient au sol. L’orangé et le violet dominaient alternativement ou se mêlaient. Le ton doré tenait du vert. La chair n’a sa vraie couleur qu’en plein air et surtout au soleil ; qu’un homme mette la tête à la fenêtre, il est tout autre que dans l’intérieur ; de là la sottise des études d’atelier, qui s’appliquent à rendre cette couleur fausse.

J’ai vu ce matin le chanteur à la fenêtre, en face de la maison, c’est ce qui m’a fait écrire ceci.

Je renvoie à Passy ce qui m’avait été demandé…

J'écris aussi au cousin à propos de la lettre de Saint-René Taillandier.