Journal (Eugène Delacroix)/8 avril 1850

La bibliothèque libre.
Texte établi par Paul Flat, René PiotPlon (tome 1p. 430).

Lundi 8 avril. — Je devais aller assister tantôt à la séance de jugement des restaurateurs de tableaux ; j’ai été obligé de me recoucher le matin et ai été très souffrant toute la journée.

J’ai fait venir le docteur. Au demeurant, c’était un état passager ; je n’ai eu à le consulter que sur mon rhume. J’ai causé avec lui des affaires du temps, puis de sa profession.

Le pauvre homme n’a pas un moment de relâche. En comparant sa vie à la mienne, je me suis applaudi de mon lot… Les cours, l’hôpital, les examens lui prennent tout le temps qu’il ne donne pas à ses malades, aux opérations, etc. Aussi me dit-il qu’il se sent très souvent très lourd et très fatigué. Dupuytren est mort sous le faix et dans un âge peu avancé. C’est le sort presque immanquable de tous ses confrères, qui prennent à cœur leur profession.

Vraiment, je devrais réfléchir à tout cela, quand je me trouve à plaindre.