Journal (Eugène Delacroix)/8 mars 1832

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Texte établi par Paul Flat, René PiotPlon (tome 1p. 161-162).

Jeudi 8. — Atcassar-El-Kebir.

Pluie en partant. Monté une colline et entré dans un joli bois de chênes verts ; entré dans la plaine où l’armée de D. Sébastien a été défaite[1].

Traversé la rivière ; déjeuné. Jeu de poudre dans la plaine. — Montagne dans la demi-teinte.

Avant d’arriver à Alcassar, population, musique, jeux de poudre sans fin. Le frère du pacha donnant des coups de bâton et de sabre. Un homme perce la foule des soldats et vient tirer à notre nez. Il est saisi par Abou par le turban défait. Sa fureur. On l’entraîne, on le couche plus loin. Mon effroi. Nous courons ; le sabre était déjà tiré…

Sur le haut de la colline à gauche, étendards variés ; dessins sur des fonds variés, rouge, bleu, vert, jaune, blanc ; autres avec les fantassins bariolés.

— Les grandes trompettes à notre entrée à Alcassar.

  1. L’armée portugaise, qui, en 1758, venait à la conquête du Maroc sous les ordres de son roi, le chevaleresque Sébastien, livra en effet bataille à Abd-el-Melek dans cette plaine connue sous le nom d’Alcaçarquivir. Sébastien y perdit la bataille et la vie.