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Journal (Eugène Delacroix)/9 mai 1857

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Texte établi par Paul Flat, René PiotPlon (tome 3p. 269).

Champrosay, 9 mai. — Parti pour Champrosay à une heure un quart. Pluie affreuse en arrivant ; je l’ai reçue tout entière, ainsi que Jenny.

Nous nous étions arrêtés quelques instants auparavant dans notre ancien jardin, tout ouvert et ravagé à cause des travaux que fait Candas. J’ai vu la petite source, qui ne sert plus qu'à laver du linge : tout cela souillé de savon et croupissant. Les cerisiers que j’ai plantés tout petits sont devenus énormes. On voit encore la trace des allées que j’avais tracées. Cela m’a donné des émotions plus douces que tristes. Je me suis rappelé les années que j’avais passées là.

J’aime toujours ce pays ; je me colle facilement aux lieux que j’habite : mon esprit, mon cœur même les animent.