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Journal de Bruxelles (1790-1800)/100-1799

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(No. 100.)
JOURNAL DE BRUXELLES

Décadi 10 Nivôse an VIII de la république française.
(31 Decembre 1799)

Nouvelles de Paris. — Proclamation des consuls aux citoyens de Saint-Domingue. — Lettre du premier consul au général St.-Cyr. — Résolution qui ajourne le ?? corps législatif et le tribunal au 11 nivôse. — Liste des membres du corps législatif. — Nouvelles diverses.

AVIS.

L’abonnement de cette feuille, qui paroît tous les jours très-exactement, est de 9 francs, par trimestre, pour Bruxelles, et 10 francs 50 centimes, franc de port, pour les départemens.


De Paris, le 6 Nivôse.[1]

La nouvelle de la reprise de Coni est controuvée. On assure que le gouvernement a expédié hier soir un courier portant le rappel de touts les déportés qui se sont rendus à Oleron. On ajoute que Carnot, Barthelemi, Duplantier, Portalis et Dumas sont aussi rappelés, et qu’il y a suspension à l’égard de Pichegru.

CONSULAT.

Les consuls de la république française,
aux citoyens de Saint-Domingue.
Paris, le 4 Nivôse an 8.[2]

CITOYENS,

Une constitution qui m’a pu se soutenir contre des violations multipliées, est remplacée par un nouveau pacte destiné à affermir la liberté. L’article 91 porte que les colonies françaises seront régies par des lois spéciales. Cette disposition dérive de la nature des choses et de la différence des climats. Les habitans des colonies françaises situées en Amérique, en Asie, en Afrique, ne peuvent être gouvernés par la même loi. La différence des habitudes, des mœurs, des intérêts, la diversité du sol, des cultures, des productions, exigent des modifications diverses. Une des premiers actes de la nouvelle législature sera la rédaction des lois destiner à vous régir. Loin qu’elles soient pour vous un sujet d’alarmes, vous reconnoîtrez la sagesse et la profondeur des vues qui animent les législateurs de la France. Les consuls de la république, en vous annonçant le nouveau pacte sociale, vous déclarent que les principes sacrés de la liberté et de l’égalité des noirs n’éprouveront jamais, parmi vous, d'atteinte ni de modification. S’il est, dans la colonie de Saint-Domingue, des hommes mal intentionnés, s’ils en est qui conservent des relations des relations avec les puissances ennemies, braves noirs, souvenez vous que le peuple français seul reconote votre liberté et l’égalité de vos droits.

Le premier consul,

Signé, BONAPARTE.
Du 5 Nivose, an 8[3]

Bonaparte, premier consul de la république, au général de division St.-Cyr

Le ministre de la guerre m’a rendu compte, citoyen général, de la victoire que vous avez remportée sur l’aile gauche de l’armée autrichienne. Recevez, comme témoignage de ma satisfaction, un beau sabre vous porterez les jours de combats. Faites connoître aux soldats qui sont sous vos ordres que je suis content d’eux et que j’espère l’être davantage encore. Le ministre de la guerre vous expédie le brevet de premier lieutenant de l’armée. Comptez sur mon estime et mon amitié.

Signé, BONAPARTE.


COMMISSION DU CONSEIL DES CINQ CENTS.
Séance du 5 Nivôse.[4]

Sur le rapport de Chollet, la commission prend la résolution suivante :
Art. Ier. Le corps législatif et le tribunat nomment un président et quatre secrétaires, au scrutin individuel et à la pluralité relative.
II. Ils exercent la police dans la salle de leurs séances et dans la salle l’intérieur de tous les bâtimens et cours affectés à leur service.
III. La garde d’honneur qui leur est fournie est à leur disposition, tant pour l’intérieur que pour l’extérieur de leur enceinte.
IV. Ils exercent également la police sur leurs membres et sur les assistans à leurs séances ; ils font à cet égard les réglemens nécessaires.
V. Les membres composant le corps législatif et le tribunat sont convoqués pour le primidi prochain, 11 nivôse[5], dans les palais qui leur ont été respectivement assignés.

COMMISSION DU CONSEIL DES CINQ CENTS.
Séance du 5 Nivôse.

A onze heures, Regnier, président, ouvre la séance par un discours dont voici’extrait :
“ Représentans du peuple, votre mission est près de finir, et le gouvernement constitutionnel va remplacer le régime provisoire. Tout vous faisoit un devoir d’abréger la durée de ce régime.
Il faut se hâter de présenter à l’Europe un gouvernement certain, qui offre garantie pour les négociations qui doivent précéder la paix, comme pour la paix elle-même. Il faut ôter aux factions vaincues leurs dernière espérances. Il faut enfin prendre des mesures aussi promptes que décisives pour terminer la guerre qui ravage les départemens de l’Ouest, et de telles mesures ne peuvent éclore que de la vigueur et des ressources d’un gouvernement régulier auquel tout se rallie, et que la nation généreuse qu’il est destiné à régir, soutiendra, sans doute, d’un commun effort.
Achevez donc votre ouvrage avec cette noble confiance qui doivent vous inspirer et la pureté de vos intentions, et cet ardent amour de la patrie, dont vous avez donné tant de preuves.
Et comment pourriez-vous balancer ? Ne savez-vous pas quel esprit a présidé au choix des hommes à qui va être confié le dépôt de cette constitution naissante ? N’a-t-on pas cherché de tous côtés la vertu, le patriotisme, les lumières ? N’a-t-on pas mis à la tête du gouvernement un héros cher à la France, mins encore par tant de victoires, que par son vœu bien prononcé de devenir le pacificateur du monde, et qui, également propre par l’étendue de son génie à tout ce qui est grand, noble et difficile, s’aura, n’en doutons point, gouverner comme il a su combattre et vaincre.
Associés aux mêmes travaux, compagnons des mêmes périls, pour sauver au bord de la l’abîme la république, si chère à nos cœurs, nous avons donné à la France, l’exemple touchant d’une union vraiment fraternelle. Puisse cet exemple n’être point perdu pour la patrie ! puissent toutes les haines s’éteindre et tous les cœurs se réunir ! que tout s’oublie, excepté les actions magnanimes qui ont apporté quelque consolation dans cette terre désolé, durant les règnes impies des factions ! Vive la constitution de l’an 8 !
La commission ordonne l’impression de ce discours à 12 exemplaires.
A deux heures, elle reçoit un message qui l’instruit, que la commission des cinq cents lui fera parvenir, dans le jour, une résolution relative à l’organisation du corps législatif et du tribunat. La séance est suspendue jusqu’à sept heures.

CORPS LÉGISLATIF.

Le sénat — conservateur a élu, pour composer le corps législatif, les trois cents citoyens dont les noms suivent, classés dans leur ordre alphabétique.

Albert aîné, de la Seine. Albert, jeune. Allari, du Rhône. Anquetin, de la Seine-Inférieure. Auvertot, de Gemmappes. Auguis, des Deux-Sèvres. Appert, du Loiret. Aubert de la Seine. Auguis, des Deux-Sèvres.

Baborier, de la Drome. Baillon, du Nord. Baraillon, de la Creuse. Baron, de la Marne. Barré, de la Sarthe. Barrière, des Basses-Alpes. Barrot, de la Losère. Bassaget, de Vaucluse. Bassange de l’Ourte, Bazoche, de la Meuse. Beauchamp, de l’Allier. Beerenbroeck, des Deux-Nèthes. Belleville[6], ex-ministre de la république à Gênes. Belzais-Courmesnil, de l’Orne. Bergeras, des Basses-Pyrénées. Bergier, du Puy-de-Dôme. Berquier — Neuville, du Pas-de-Calais. Berthezen, du Gard. Blarau, de Gemmapes. Boeri, de l’Indre. Boileau, de l’Yonne. Bollet, du Pas-de-Calais. Bollioud, de l’Ardêche. Bonaparte [Joseph], département du Golo. Bordes, de l’Arriège. Bouisserin, de la Charente-Inférieure. Bourdon, de la Seine-Inférieure. Bourg-la-Prede, du Lot et Garonne. Bourgois, de la Seine-Inférieure. Brault, de la Vienne. Bréard, de la Charente-Inférieure. Brémontier, de la Seine-Inférieure. Bucaille, du Pas-de-Calais.

Cacault, Loir-Inférieure. Cazenave, Basses-Pyrénées. Castagné, Tarn. Castaing, Orne. Cayre, Rhône. Cazaux, Haute-Garonne. Chaillot, Seine et Marne. Champion, Meuse. Champion, Jura. Charrel, Isère. Chatry-Lafosse, Calvados. Cherrier, Mozelle. Cholet-Beaufort, Puy-de-Dôme. Crochon, Eure. Clary, Bouches-du-Rhône. Clavier, Loire-Inférieure. Clavière, Cantal. Clauzel, Arriège. Cochon — Duvivier, Charente-Inférieure. Collard, Foréts. Collet, Yonne. Combes-Dounous, Lot. Compayre, Tarn. Cornilleau, Sarthe. Coulmiers, Seine. Coutausse, Lot et Garonne. Couzard, Gironde. Crevelier, Charente.

Dabray, Alpes-Maritimes. Dalphonse, Allier. Danel, Nord. Danet, Morbihan. Daracq, Landes. Dauphole, Hautes-Pyrénées. Dellay-d’Agier ou Delay, Drôme. Defrance, Seine et Marne. Dalamarre, Oise. Delattre, Somme. Delecloix, Somme. Delneufcourt, Gemmapes. Delort, Correze. Delpierre aîné, Vosges. Delzons, Cantal. Desmazières, Amine et Loire. Desnos, Orne. Desprez, Orne. Deveaux, Lys. Devinck-Thierry, l’Escaut. Dillon, Vendée. Drulh, Haute-Garonne. Dubosq, Calvados. Dubourg, Oise. Duflos, Pas-de-Calais. Dumas, Mont-Blanc. Dumoulin, Nord. Dupin[7], Nièvre. Duplaquet, Aisne. Dupoix, Landes. Dupuys, Seine et Oise. Durand, et. Dutrou-Bornier, la Vienne. Duval, Seine-Inférieure. Duvillard, Leman.

Engerand, Manche. Enjubault, Mayenne. Eschassériaux, Charente-Inférieure. Estaque, Arriège. Eversdyck, Escaut.

Fabry, Ourthe. Faure, Loire. Febvre, Jura. Félix — Faulcon, Vienne. Fery, Dyle. Florent-Guyot, Côte-d’Or. Fontenay, Indre-et-Loire. Foubert, Dyle. Fouquet, Cher. Fourmy, Orne. Fournier, Hérault. Franck, Forêts. Frégeville, Frochot, Côte-d’Or. Fulchiron l’ainé, Rhône, banquier.

Gantois, Somme. Garnier-Deschesnes, Seine et Oise. Gassenti, Basses-Alpes. Gaudin, Vendée. Gauthier, Côte-d’Or. Gauthier, Corrèze. Geoffroi, Saône et Loire. Germain, Jura. Gesnouin, Finistère. Gheysens, Lys. Gilbert, professeur à l’école véterinaire d’Alfort. Gintrac, Dordogne. Giro, Ain. Giro — Pouzols, Puy-de-Dôme. Gonnet, Somme. Gossuin, Nord. Guyet Dubignon, Mayenne. Grappe, Doubs. Grégoire, Meurthe. Grenot, Jura. Guérin, Deux-Sèvres. Guérin, Loiret. Guichard, Yonne. Guillemot, Côte-d’Or. Guirail, Basses-Pyrénées. Guiter, Pyrénées-Orientales. Guyot — Desherbiers, Seine.

Hardy, Seine-Inférieure. Hèmart, Marne. Hopsomere, Escaut. Houdbert, Sarthe. Hubert, Meuse-Inférieure. Huon, Finistère. Hattinguais, Seine et Marne.

Jacomet, Pyrénées-Orientales. Jacomin, Drôme. Janod, Jura. Jan, Eure. Jourdan, la Nièvre. Jouvent, Hérault. Jubel, Indre.
Kervélégan, Finistère.

Laborde, Gers. Lachieze, Lot. Lacrampe, Haute Pyrénées. Lafont, Lot et Garonne. Lagrange, Lot et Garonne. Ant. Lametherie, ex-const. Langlois, Eure. Lapotaire, Morbihan. Larcher, Haute-Marne. Latour-Dauvergne, enp. de grenadiers. Laumont, Creuze. Leblanc, Oise. Leblanc, Hautes-Alpes. Leblond, bibliothèque des Quatre-Nations. Lecerf, Eure. Leclerc, Maine et Loire. Leclerc, Seine et Oise. Lefevre Caillet, Pas-de-Calais. Lefebvre-Laroche, ex- administrateur du département de la Seine. Lefebvrier, Morbihan. Légier, Loiret. Legrand, Indre. Lemayod, Morbihan. Lemée, Côtes-du-Nord. Lemesle, Seine-Inférieure. Lemoine, Calvados. Lenormand, Calvados. Lerouge, Aube. Etienne Leroux, Seine. Leroy, Eure. Lespinasse, Haute-Garonne. Lesoinne, Ourthe. Lévêque, Calvados. Lobjoy, Aisne. Louvet, Somme. Loyau, Vendée. Luminais, Vendée. Lucas, Allier.

Mallein, Isère. Mansord, Mont-Blanc. Maras, Eure et Loire. Marc-Auréle, ex-consul à Barcelone. Martinel, Drôme. Massa, Alpes Maritimes. Mangonest, Allier. Maupetit, Mayenne. Menard, Dordogne. Menessier, Aube. Méric, Aube. Metzger, Haut-Rhin. Meyer, Escaut. Meyer, Tarn. Mollevaut, Meurthe. Montault-Desilles, Vienne. Montardier, Seine et Oise. Monseignat, Aveyron. Morand, Deux Sèvres. Moreau Sigismond, Mont-Terrible. Morel, Marne. Mosneron ainé[8], négociant à Moulland, Calvados.

Nairac, Charente-Inférieure.

Olbrechts, Dyle. Ornano Michel, Liamone. Ortalle, Gemmappes.

Paillard, Eure et Loire. Pampelonne, Ardèche. Papin, Landes. Pellé, Seine et Oise. Pémartin, Basses-Pyrénées. Perrier [de Grenoble] négociant. Perrin, Vosges. Pictet Diodati, Léman, membre de l’administration centrale du département. Pigeon, Dordogne. Pilastre, Maine et Loire. Pillet, Loire-Inférieure. Poisson, Manche. Poulain, [Célestin], Marne. Poultier, Pas-de-Calais. Provost, Mayenne.

Rabasse, Seine-Inférieure. Rabaut, Gard. Raingeard, Loire-Inférieure. Rallier, Ille et Vilaine. Ramel, Loire. Rampillon, Vienne. Réguis, Basses Alpes. Reynaud Lascours, Gard. Renault, Orne. Reybaud Clauzonne, Var, ex-accusateur public du tribunal criminel. Ricard, Rhône. Richard, Loire. Ricour, Lys. Rivière, Nord. Rodat, Aveyron. Roemers, Meuse Inférieure. Roger Martin, Haute-Garonne. Rossée, Haut-Rhin. Rousseau, d’Etelonne, Ardennes, .ex-banquier à Paris. Rouvelet, Aveyron.

Saint-Martin, de l’Ardèche. Saint-Pierre Lespéret, du Gers. Sallenave, des Basses Pyrénées. Salligny, de la Marne. Savary, de l’Eure. Sauret, de l’Allier. Schirmer, du Haut-Rhin. Scherlock, de Vaucluse. Sieyès [Léonce] du Var. Simon, de Sambre et Meuse. Simone, de Seine et Marne. Simonnet, de l’Yonne.

Tack [Paul] de l’Escaut. Tardy, de l’Ain. Tarle, de Sambre et Meuse. Tarteyron, de la Gironde. Teissier, des Bouches-du-Rhône. Thénard, de la Charente-Inférieure. Thevenin, de la Puy-de-Dôme. Thierry, de la Somme. Tourgoet, du Finistère. Trottier, du Cher. Turgan, des Landes. Trumeau, de l’Indre.

Vacher, [Charles], du Cantal. Van Kempen, du Nord. Van Ruymbeke, de la Lys. Vergniaud, de la Haute Vienne. Verne, de la Loire. Vigneron, de la Haute-Saône. Villars, de la Haute-Garonne. Villers, de la Loire-Inférieure. Villot, de l’Escaut. Vozelle, de la Haute-Loire.

NOUVEAU CODE CIVIL.

Titre II. Du divorce

Le divorce peut être demandé par un des époux, pour six causes différentes, qui sont : 1° la condamnation à des peines afflictives ou infamantes ; 2° l’absence pendant cinq ans, sans nouvelles ; 3° le refus persévérant pendant deux ans moins, de co-habiter avec l’époux demandeur ; 4° les crimes, sévices ou injures graves ; 5° l’interdiction pour démence ou fureur ; 6° l’incompatibilité d’humeur ou de caractère.
Dans les trois premiers cas, l’époux demandeur cite seulement l’époux défendeur, à son actuel et dernier domicile, à comparoitre devant l’officier civil, et leur divorce est prononcé sur le vû des pièces qui constatent légalement le fait qui fonde la demande ; ces pièces sont, dans le premier cas, le jugement lui-même ; dans le second, les actes faits dans les formes prescrites au titre des absons ; dans le troisième, le jugement qui est intervenu sur la sommation et la demande en justice qui ont dû avoir lieu. Dans le cas de sa condamnation par contumace, le divorce ne peut être prononcé que deux années après l’exécution du jugement ; et dans le cas où l’accusé se présenteroit pour juger la contumace, avant la prononciation du divorce, il y est sursis jusqu’après le jugement définitif. Dans les trois autres de la demande en divorce, elle doit être portée devant un conseil de famille, composé de six des plus proches parens des époux, par eux choisis en nombre égal, et présidé par le juge de paix dans l’arrondissement duquel le mari a son domicile. A défaut de parens résidans dans les trois myriamètres[9] du domicile des époux, ils peuvent être remplacés par des assesseurs du juge de paix. Les membres du conseil de famille doivent être mariés, non divorcés et âgés au moins de trente ans. L’époux défendeur est cité par une cédule[10] que le juge de paix est tenu de livrer à l’époux demandeur, dans le délai d’un mois, à comparoître devant ledit juge, aux jour, heure et lieu lui fixés, à l’effet de nommer les membres qui doivent composer le conseil de famille, lesquels, en cas de refus, seront nommés d’office par le juge de paix. La cédule, dans le cas où le défendeur seroit absent, doit être affichée à la porte de son dernier domicile, et notifiée au commissaire du gouvernement qui la fait afficher à la porte de la maison commune, et en donne avis au défendeur ; s’il connoît sa résidence actuelle.
Après la nomination du conseil de famille, le juge de paix en convoque les membres par une seconde cédule ; il juge de la validité des motifs d’absence qu’ils pourroient alléguer, et les remplace à l’instant, s’il le juge à propos, par un autre parent ou un autre assesseur. Il peut proroger l’assemblée à un autre jour. Toutes les fois que l’époux défendeur n’a pas comparu à une assemblée convoquée, il est cité de nouveau pour toutes les assemblées subséquentes. Cette citation emporte un délai de vingt jours.
A sa première séance, le conseil de famille décide auquel des deux époux les enfants communs doivent être confiés pendant la poursuite du divorce ; il peut leur donner un tuteur provisoire, à l’effet de veiller, soit à leur personne et à leur intérêts, soit à leurs intérêts seulement. Il indique la maison dans laquelle soit résider pendant la poursuite du divorce, la femme qui le demande, dans le as où elle auroit quitté ou désireroit vouloir quitter le domicile de son mari.
La femme sera tenue de justifier de cette résidence toutes les fois qu’elle en sera requise. Faute d’en justifier, non-seulement toute poursuite sera suspendue ; mais le mari sera dispensé de lui payer la pension alimentaire, que le conseil de famille lui auroit assignée, pendant la poursuite du divorce ; cette pension, toujours proportionnée aux facultés du mari, ne lui sera accordée qu’à défaut de revenus suffisans pour subsister.
La femme, commune ou non commune pour la conservation de ses droits ou reprises, peut requérir l’apposition des scellés au effets dont son mari est en possession ; la main-levée des scellés sera toujours accordée, si le mari consent à ce qu’il soit procédé à l’inventaire, ou s’il présente, soit dans une caution, soit dans ses propre immeubles, une sûreté suffisante. Le juge de paix peut, dans d’autres cas, sauf appel au tribunal civil, ordonner la main-levée des scellés.

De Strasbourg, le 2 Nivôse.[11]

Hier, le pont de bateau de Kehl a été rompu, parce qu'il étoit menacé par la glace, considérablement accrue depuis quelques jours.
Notre garnison de Kehl se trouve, en ce moment, dans une situation critique, ses communications avec la rive gauche étant presque entièrement interrompues. On s’attend à une attaque de la part des autrichiens.
Les nouvelles que nous recevons sur la destination future de l’armée russe sont très-contradictoires ; les uns prétendent qu’elle prendra ses quartiers d’hiver sur les frontières de la Bavière ; les autres, qu’elle retournera entièrement en Russie. Il paroît que Suwarow a reçu l’ordre de son gouvernement de rester provisoirement en Bohême, et d’attendre là des ordres ultérieurs. Il y a de nouvelles négociations entamées entre la Russie et l’Autriche, pour arranger leurs différends à l’amiable ; mais elles diffèrent trop dans leurs prétentions respectives pour qu’on puisse croire à une réconciliation sincère.

De Nice, le 23 Frimaire.[12]

Le conseil militaire a condamné à la peine de mort, quatre barbets, convaincus d’avoir assassiné un grand nombre de français : ils sont fusillés hier vers les quatre heures du soir.
Les vents constamment contraires aux bâtimens chargés de bled à Marseille, pour Gênes et pour ce département, nous faisoient déja sentir les dangers d’une pénurie de cette précieuse et salutaire denrée.
Des queues se formoient tous les matins aux portes des boulangers ; ce qui mécontentoit le peuple : un ordre supérieur a été donné au chef de la douane, pour faire mettre de suite la felouque armée en mer, à l’effet de contraindre tous les bâtimens chargés de bled, venant de Marseille, de se rendre dans le port de Nice. Deux génois, viennent d’y entrer : on y attend encore d’autres.
Depuis trois jours, toutes les bêtes de somme sont de nouveau mises en réquisition, pour transporter des farines à Monaco, Menton, Final, l’Antosca, etc., lieux où il en manquoit totalement.
Nous éprouvons dans ce département, et principalement dans cette commune, la même épidémie fiévreuse qu’ont essuyé les habitans de Rochefort, de l’Île d’Oléron ; mêmes symptômes ; c’est la bile qui nous fait la guerre : elle est, conjecture-i-on, occasionnée par l’intempérie de l’air.
Les météorologiste et les physiologistes en attribuent la cause aux hôpitaux [il y en a 5 ou 6 dans la ville,] aux cloaques, aux fosses d’aisance, qu’on ouvre tous les jours, parce que ce qu’elles contiennent sert d’engrais aux habitans cultivateurs, et sur-tout, voisinage du cimetière.
Il est mort dans une seule décade, cette contagion, environ 100 personnes de tout âge et de tout sexe.
La désertion a beaucoup diminué.


De Gênes, le 24 Frimaire.[13]

Nous avons tout lieu d’espérer que les autrichiens, après avoir été repoussés hier avec une si grande perte, ne seront pas en état de renouveller leur attaque avant que nous ayons reçus des secours de toute espèce. Selon des rapports dignes de foi, leurs forces disponibles ne se montent pas à 40 milles hommes. Le général en chef Melas a sous ses ordres 20 mille hommes ; le général Kray qui s’est retiré à Novi, 8 à 9 mille, et le général Klenau à-peu-près le même nombre. Il y a dans leurs hôpitaux plus de 16,000 hommes blessés ou malades. La bataille d’Albaro a eu beaucoup de spectateurs. Tous les génois étoient accourus aux remparts pour en être témoins. Plusieurs ont pris part à l’action, et personne n’a douté que les français ne fussent victorieux.
L’attaque des autrichiens du côté de Voltaggio et de Bochetta n’a pas été plus heureuse, quoiqu’ils eussent des forces très-supérieures. Le général Watrin qui y commandoit, les a repoussés après leur avoir tué beaucoup de monde. Dans leur retraite ils été inquiétés par le canon du fort Gavi.


De Berne, le premier Nivôse.[14]

Le sénat a été convoqué extraordinairement le 27 du mois dernier, pour entendre la lecture du nouveau projet de constitution rédigé par le citoyen Eschawer. Il ne paroît pas avoir réuni les suffrages.
Plusieurs membres du directoire actuel sont menacés, à ce qu’on assure, de l’ostracisme, mais avons peine à croire ce que l’on ajoute que le général français Mainoni est un des principaux auteurs de cette mesure.
On demande de Zurich que l’armée d’Helvétie paroît se disposer à reprendre l’offensive. Cela ne s’accorde pourtant guères avec le bruit généralement répandu à Berne que la cavalerie de cette armée ira prendre ses quartiers d’hiver en Alsace.
Les nouvelles du Haut-Valais portent que les troubles, les assassinats, les vols et le brigandage continuent à dévaster ce malheureux pays.


De Stuttgard, le 30 Frimaire.[15]

Des lettres de Vienne du 23, citées par une de nos gazettes, disent que le général Morzin a la commission de conduire par Brunn et Cracovie jusqu’aux frontières de Russie la colonne de troupes russes qui y ristourne par la Haute-Autriche ; et que le général Bender doit accompagner, aussi jusqu’aux frontières de Russie, la colonne qui est en marche sur Praque. Ceci contredit la nouvelle que le Mercure de Ratisbonne avoit donnée comme à-peu-près certaine, que l’armée russe devoit prendre ses quartiers-d’hiver en Bohême, et même laisser son arrière-garde dans le Haut-Palatinat. A l’égard du corps du prince de Conté, on dit que c’est sans fondement qu’on avoit cru qu’il prendroit ses quartiers d’hiver à Braunau : et qu’en avoit tiré l’induction d’après la marche-route qui porte que ces troupes doivent se diriger sur Braunau. On ne tardera pas à savoir positivement à quoi s’en tenir sur la marche de l’armée russe : déja il paroit certain que la colonne qui s’est dirigée par Ratisbonne sur Prague, n’a pas laissé d’arrière-garde dans le Haut-Palatinat.


De Munich, le 26 Frumaire.[16]

Hier, son altesse sérénissime électorale a donné à son altesse royale le duc de Berri, le divertissement de la chasse ; aujourd’hui, ce prince, qui est descendu au Cerf d’or, y a tenu cercle entre dix et onze heures. Le corps sous ses ordres a défilé devant la électorale, dans sa marche vers Braunau. Son altesse royale a dîné ensuite à la résidence.


De Londres, le 21 Frimaire.[17]

Les vols se multiplient ici d’une force si extraordinaire, que le gouvernement s’est vu obligé de doubler le nombre des patrouilles à cheval qui parcouroient les environs de la ville. Il y a quatre ou cinq jours qu’à six heures du soir, l’ambassadeur de la cour de Vienne, le comte de Stahrenberg, a été arrêté dans sa voiture par deux voleurs, entre Lartshem et Margate. On s’est contenté de lui voler ses guinées.
La disette du blé se faisoit sentir, on a recommandé pour la confection du pain d’employer la farine de riz.
Nous apprenons de Malte, que les vaisseaux anglais formant le blocus de cette place, se sont emparés de plusieurs bâtimens de Tripoli, chargés de vivres pour la garnison Française.

De Constantinople, le 4 Frimaire.[18]

Le grand-visir a donné audience ces jours derniers à sir Sidney-Smith, ambassadeur de la Grande-Bretagne. On imagine qu’il y a été question de faire part au divan d’un nouveau plan de campagne mieux concerté entre les puissances coalisées, et réglé d’après les propositions faites par l’empereur d’Allemagne et celui de Russie, dont l’exécution seroit payé, comme par le passé, par l’Angleterre.


De Madrid, le 26 Frimaire.[19]

La cour est de retour, depuis hier, de sa résidence de l’Escurial dans cette capitale.
Les nuages qui s’étoient élevés entre deux personnages important, le prince de la Paix et le ministre Urquijo, paroissent se dissiper. Le premier, depuis qu’il a été informé de ce qui s’est passé à Paris les 18 et brumaire, semble s’être rapproché davantage des principes du second. Celui-ci continue à être le ferme appui de l’alliance avec la France ; mais pour faire triompher ce système jusqu’à la paix générale, il aura plus d’un obstacle à vaincre.
Le brait de l’arrestation de M. Mallo n’étoit nullement fondé. Ce qui y a donné lieu, c’est une indisposition qui a obligé de garder la chambre pendant quelques jours. On parle aussi de certain grief qu’on a eu contre lui ; mais il n’a eu de suite.


AVIS.

A vendre, á bon prix, d’excellent vin de Champagne rouge, en pièces, de première qualité et de l’année dernière. S’adresser au bureau de distribution de ce journal.
A vendre un billard de la grande taille meilleur que neuf, couvert de deux tapis, un vieux et un neuf, item, un tapis de pied de 7 aunes et demi sur 10. A s’adresser au n°. 844, rue ci-devant des Grands-Carmes.


SPECTACLE.

Aujourd’hui, la première représentation de l’Epouse Coupable, ou l’Orphelin, en 3 actes ; suivie des Visitandines, opéra en 2 actes. — Demain, au bénéfice de la citoyenne Polly, la première représentation du Ballet du Déserteur, pantomime en trois actes, du célèbre Dobreval, et première représentation de la Prisonniere, Opéra. — En attendant les deux Charbonniers, l’Enfant du Bonheur et le Souper de Famille.


ETRENNE POUR LA PRÉSENTE ANNÉE.

Bagatelles Littéraires, par G. S......., à Bruxelles, chez Ad. Stapleaux.
La modestie du jeune auteur de ce recueil, ne lui a pas permis de le publier une autre forme que celle de l’almanach, quoique nous osons l’assurer, il fut fait pour obtenir du succès sous toutes les formes possibles. Ce recueil contient d’abord des opuscules pastoraux qui décèlent beaucoup de talent et un bon cœur. On remarque dans tous, et nommément dans le septième, une imagination agréable et de charmans détails. Le dernier, par une force de sentiment peu commune, nous paroit encore supérieur aux autres. On lit ensuite un petit drame, qui quoi que peut-être un peu dénué d’incident, ne laisse pas que d’intéresser vivement et de faire le plus grand plaisir. La préface d’ailleurs, est d’une originalité piquante. Les pièces fugitives en vers terminent cette collection, dont les unes pleines de grace et de délicatesse, les autres d’une sensibilité profonde. La dernière est une chanson que l’auteur composa pour la fête de sa mère : elle est sur l’air Jeunes Amans cueillez des Fleurs, et nous la croyons digne de soutenir le parallèle avec cette romance si souvent applaudie sur tous les théâtres. Des critiques rigoureux pourroient peut-être reprocher à ces différens ouvrages, quelques négligences, mais ces légères tâches n’empecheront certainement pas le public de leur faire l’accueil le plus distingué. --- Prix 50 centimes, ou 10 sols de France.


Ont souscrit chez J. L. Deboubers, rue de la Montagne.

  1. 27 décembre 1799
  2. 25 décembre 1799
  3. 26 décembre 1799
  4. 26 décembre 1799
  5. 1 janvier 1800
  6. département Deux-Sèvres
  7. Charles-André Dupin
  8. département Loire-Inférieure
  9. trente kilomètres
  10. convocation
  11. 23 Décembre 1799
  12. 14 Décembre 1799
  13. 15 Décembre 1799
  14. 22 Décembre 1799
  15. 21 Décembre 1799
  16. 17 novembre 1799
  17. 12 Décembre 1799
  18. 25 Novembre 1799
  19. 17 Décembre 1799