Joyeux propos de Gros-Jean/Tendre caresse

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Les cahiers populaires (p. 83-87).




TENDRE CARESSE


Elle avait les yeux
Comme l’azur des cieux,
Et le regard limpide.
Dorés, ses cheveux,
Comme les blés soyeux.
Son front candide,
Du lis avait l’éclat,
Et ses lèvres l’incarnat
Du bouton de rose…
Enfin, c’est bien le portrait
Le plus beau qu’on ferait
En vers ou même en prose.

* * *


Il était beau, grand, bien fait.
Rien qu’à le voir on sentait
Pour lui beaucoup de sympathie.
Il était doux, fort et bon.

 Elle avait nom Marie
Et lui s’appelait Léon.
Ils s’aimaient d’un amour tendre,
Mais Léon se faisait attendre
Dans sa déclaration,
Car le cher garçon
Près de Marie était timide.
Un jour la fillette candide
Lui dit : — Je sais bien, Léon,
Que ton amour est extrême
Pour moi ! Moi, je t’aime de même.
Mais je ne puis pourtant pas
Me jeter dans tes bras,
Et tu ne m’as pas faite,
Même le jour de ma fête,
Cadeau d’un petit baiser !

* * *

De tout cela que fallait-il penser ?

* * *

Sur le champ, Léon presse
Marie entre ses bras.
Elle soupire bas
Si forte fut la caresse :
— Jamais aucun garçon,
Ne m’a serrée ainsi, Léon !