Joyeux propos de Gros-Jean/Un suisse

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Les cahiers populaires (p. 65-68).



UN SUISSE

Vous savez ce que c’est qu’un suisse ?
xxC’est une espèce d’écureuil !

* * *

xxUn petit garçon de Belœil,
xxRépondant au nom de Narcisse,
xxEn avait pris un, le malin,
xxPuis avec beaucoup de courage
xxIl en commença le dressage,
xxTant, que voilà qu’un beau matin
xxLe suisse faisait l’exercice
xxÀ l’ébahissement de tous.
xxCe fut un quart d’heure bien doux
xxFaut-il le dire, pour Narcisse ?

* * *

xxNarcisse avait alors dix ans
xxEt fréquentait la mutuelle ;

xxOn l’y citait comme modèle
xxMême parmi les bons enfants !
xxTous les dimanches à l’église
xxAu saint catéchisme il allait.
xxC’était leur curé qui parlait —
xxUn bon vieillard à tête grise ;
xxEt les enfants apprenaient bien.
xxMais un jour, quelle horrible affaire !
xxOn riait dans les bancs d’arrière !
xxC’était scandaleux, ah ! oui bien !
xx— Craignez que Jésus vous punisse
xDe ce sacrilège. Ho ! qui rit donc
xComme ça ?… Toi, Paul ?…
xxComme ça ?… Toi, Narcisse ?…
xxToi, Marguerite ?…
xxToi, Margu— Non ! non ! non !
— Quoi ! personne ?… Dieu me bénisse !
C’est quelqu’un… Il me faut son nom !

xxLisette se lève et répond :
x— Narcisse y joue avec son suisse !