Justice aux Canadiens-Français !/Chapitre III

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III


« Monsignor » Labelle n’était pas au Canada lors de votre visite.

C’est à Paris que vous rencontrez cet illustre apôtre de la colonisation.

Vous lui consacrez un souvenir dans votre livre.

Après avoir rendu un légitime hommage à son patriotisme, vous déclarez que « son langage participe plus du corps de garde que de la sacristie. »

Singulier compliment, dont personne ne rira.

En revendiquant, pour « Monsignor » Labelle seul, la gloire d’avoir conduit les Canadiens-Français à la conquête de nouveaux territoires, vous méconnaissez l’œuvre admirable de colonisation poursuivie, de tout temps, par le clergé canadien.

Vous n’avez pas eu, mon cher de Coubertin, le temps de parcourir notre " Far West "  mais il est impossible que vous n’ayez pas entendu mentionner le nom de quelques-uns de ces prêtres-colons, disséminés, un peu partout, sur notre immense territoire, et qui sont les plus illustres pionniers de la colonisation canadienne.

Comment se fait-il, alors, que les mots ne se soient pas pressés sous votre plume, pour exalter leurs admirables travaux ?

Il eût fallu, pour cela, admettre que l’œuvre du clergé canadien n’a pas d’égale dans le monde, et vous ne le pouviez pas.

Laissez-moi donc vous rappeler que, bien avant le curé Labelle, ses prédécesseurs dans la maison de Dieu avaient conduit les Canadiens à la conquête des fertiles contrées de l’ouest.

La croix d’une main, la hache de l’autre, le prêtre et le colon canadiens, depuis près de trois siècles, s’en vont, semant la civilisation et le progrès, de l’est à l’ouest, du nord au sud, de ce qui est aujourd’hui l’Amérique Britannique du Nord.

Voilà ce que vous eussiez dû dire, mais le ministre de l’instruction publique de France ne s’occupe pas de ces billevesées !