Lèvres de Velours (D. E.,)/06

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Sous les Galeries du Palais-Royal, Chez la petite Lolotte (p. 63-76).
Chapitre VI

Lèvres de Velours, bandeau de début de chapitre
Lèvres de Velours, bandeau de début de chapitre

CHAPITRE VI


PRATIQUES BIZARRES ET CHARMANTES


Le surlendemain, après deux jours de repos, Conchita et Dolorès, dont l’appétit sensuel s’était réveillé avec leurs forces, viennent solliciter de nouveaux divertissements. À peine étions-nous installés, que le timbre retentit pour la seconde fois ; c’était Miss Pirouett qui demandait une audience. Mercédès, s’était trop bien trouvée des excentricités de la ballerine, pour hésiter un seul instant à la recevoir, et bientôt la porte s’ouvrit devant la belle Américaine, qui, après trois profondes révérences, saute en l’air, retombe sur ses mains, et s’avance vers nous, les vêtements retournés, nous montrant une partie de ses appas par la fente élargie de son pantalon. Nous nous précipitons à l’envie sur la visiteuse ainsi renversée, pour rééditer le plaisant gamahuchage de l’avant-veille, pendant le ballet ; seulement la posture était plus piquante, avec tous ces voiles qui nous gênaient pour bien découvrir les voies du plaisir, on tire tellement sur la fente du pantalon, que les coutures éclatent, laissant tout à découvert, et pendant que la mignonne se repose sur la tête, et qu’on la soutient par le haut du corps, nous nous installons, Mercédès et moi, elle à l’orient, moi à l’occident.

Lola, qui a son idée, a remplit deux godmichés de lait chaud, les apporte, et nous montre ce qu’elle a imaginé. Elle en donne un à la comtesse, garde l’autre, prend ma place à l’occident, les deux gougnottes mettent la pointe de l’instrument à l’entrée des deux étuis, les plantent dans le trou qu’ils doivent fouiller et les laissent vibrer un moment tout droits, comme des arbustes secoués ; puis, les prenant à pleine main, elles les enfoncent jusqu’à la garde d’une poussée vigoureuse, puis les retirant et les repoussant, l’un après l’autre, elles les manient comme une pompe à double piston, dont l’un plonge, pendant que l’autre émerge et vice versa. Le piston, qui manœuvre à l’orient, ramène en rentrant, gonflant les bords, le piston, qui pompe à l’occident, écarte les bords de l’anus, comme s’il allait les faire éclater en s’enfonçant ; les deux pistons fonctionnent si près l’un de l’autre, que les mains qui les dirigent, se frôlent à chaque voyage à mi-chemin. Bientôt, quand la mignonne manifeste par des trémoussements involontaires, que l’heureux moment approche, les deux habiles changeant de tactiques, fouillent les deux réduits en même temps ; la cloison qui les sépare est si mince, que, lorsque les deux verges sont enfoncées, dilatant les parois, on dirait qu’elles sont réunies dans le même trou. Mais la belle gigote de la belle façon, secouant les soubrettes qui la maintiennent ; la comtesse et Lola enfoncent alors les deux engins jusqu’à la garde, poussent les ressorts et les laissent se dégorger, ainsi engloutis, dans les gaînes brûlantes. Cette fois quand on relève Miss Pirouett, toujours enchevillée, elle perd ses sens entre les bras qui l’emportent au cabinet de toilette.

Quand les soubrettes reviennent, elles ont déshabillé la blonde Miss, pour pouvoir procéder librement aux soins de sa toilette intime. Elles-mêmes sont toutes nues, disposées à bien employer leur temps. Miss Pirouett, après nous avoir remerciés des voluptés ineffables que nous venons de lui faire goûter, organise une joyeuse orgie. Nous nous déshabillons tous, Conchita, Mercédès et Dolorès se couchent sur le lit, qui est très large, à côté l’une de l’autre, sur les reins, la tête sur le traversin. Les quatre soubrettes et Miss Pirouett se ceignent de godmichés, Mina Lola et Lison, armées de trois gros instruments, s’étendent dans cet ordre sur les dames et les enfilent en épicier, assez facilement, et restant immobiles, Mina sur Conchita, Lola sur Dolorès, toutes présentant la croupe large, épanouie. Miss Pirouett, armée d’un tout petit instrument grimpe sur le lit, et va prendre place entre les jambes de Mina et de Conchita superposées ; je monte ensuite et m’installe entre les cuisses de Lola, qui supporte Mercédès ; enfin Cécile, avec une toute petite verge saute sur le lit, et s’agenouille devant la croupe de Dolorès.

Tous les trois, la verge à la main, nous attaquons la voie étroite de nos montures. Mes deux voisines y ont tôt logé leurs petits instruments vernis, qui glissent sans peine, dès que la tête a pénétré dans l’huis. Heureusement que Lola, toujours disposée, se prête de bonne grâce à l’intromission de ma grosse machine, et bientôt, j’ai, moi aussi, la douce satisfaction de pénétrer jusqu’au fond dans le chaud repaire. Dès que j’ai les doigts libres, j’entoure les croupes voisines de mes bras, passant les mains sous la hanche extérieure, que je presse fortement, de façon à rapprocher mon corps de la hanche inférieure, qui s’appuie contre mes cuisses, serrées ainsi entre deux fesses, dont le doux contact continu me remplit d’aise, pendant que je fouille l’ardente fournaise, où maître Jacques, confortablement logé, ne se sent pas d’aise. Les trois derrières s’enlèvent et retombent en mesure, entraînant dans leur mouvement cadencé, les croupes qui montent et descendent en même temps que nous, écrasant sous elles les chairs palpitantes des succubes, tassées par le poids de deux corps superposés, qui retombent avec fracas. Le lit, un grand lit solide, gémit sous les coups de culs répétés. Bientôt ce n’est plus le lit seul qui gémit, un concert de soupirs enchantés, venus de dessous, nous apprend que les succubes prennent l’avance ; mais cet avertissement suffit pour nous mettre à l’unisson. Quittant les hanches, je pose les mains sur les fesses de mes voisines, dans la raie, au bas de laquelle j’enfonce deux phalanges du médius, branlant la mince cloison ; et bientôt les parois et le sphincter qui se resserrent sur mon doigt m’apprennent que les mignonnes payent leur tribut à l’amour, en même temps que je pénètre de mes chaudes faveurs le cul de ma monture, qui gigotte sous moi à me désarçonner.

Après les ablutions nécessaires, Miss Pirouett, qui est infatigable, installe un autre divertissement. Mina, Lola et Lison s’étendent sur le tapis, couchées sur le dos, côte à côte, les toisons bien alignées, les corps rapprochés à se toucher, la tête reposant sur des coussins. Dolorès, Cécile et Conchita s’installent renversées sur les trois soubrettes, pour se livrer à un gougnottage mutuel, les trois culs bien alignés, posés sur les figures des trois succubes ; Mercédès se couche sur le groupe du milieu, s’allonge sur les reins, la tête sur la nuque de Cécile, le derrière sur son cul, les jambes écartées à droite et à gauche le long des fesses voisines. Miss Pirouett qui porte bien son nom, saute sur les mains, se tient les jambes en l’air, attendant que je la pénètre de mon dard ; j’empoigne la mignonne par les cuisses, dont je me fais une ceinture, mais ne pouvant arriver à mes fins dans cette posture gênante, je m’agenouille, descendant le corps jusqu’à ce que l’embouchure, étant en face du piston, je puisse y pénétrer assez facilement ; puis me relevant avec précaution, je me maintiens dans le gîte en la prenant sous les cuisses ; elle me conduit, marchant sur les mains, vers la croupe de Dolorès, qu’elle salue d’une salve de baisers ; puis passant sans arrêter devant le groupe du milieu, elle va saluer de même la croupe de Conchita, et, me ramène ensuite devant le groupe où la comtesse est étendue sur Cécile, qui est renversée sur Lola.

Le groupe étant un peu plus élevé, avec ses trois étages, Miss Pirouett pose sa main gauche sur les fesses de Dolorès, sa main droite sur celles de Conchita et se soulevant à la force des poignets, elle se trouve avoir ainsi sous ses lèvres la grotte entre-bâillée de Mercédès, juste à la hauteur convenable pour y glisser sa langue. Après quelques ardents baisers tout autour de la charmante église, la mignonne applique ses lèvres sur l’embouchure et commence sa douce prière dans le sanctuaire, tandis que, comme un soldat qui marque le pas sur place, elle pétrit de ses deux mains, soulevées l’une après l’autre, les grosses fesses brunes des deux belles Andalouses, se balançant en un plaisant dandinement, portant alternativement le poids de son corps à droite et à gauche, en suivant la mesure que maître Jacques bat de son métronome. Sa bouche collée aux lèvres de la grotte qu’elle ferme hermétiquement semble aspirer le clitoris ; on ne voit que sa tête enfoncée, dans la motte que les beaux cheveux d’or, sur lesquels la haute toison noire de la comtesse met un diadème de jais. Moi, je vais lentement dans ma grotte, craignant de précéder les amoureuses à Cythère ; le spectacle que j’ai sous les yeux est tellement émoustillant que je crains de cracher trop vite, et de rester coi dans ma lice ; mais, bientôt, chaque groupe oscille sous mes yeux ; le récipient qu’occupe maître Jacques se tord ; Mercédès ramenant ses bras, presse fortement de ses deux mains la nuque de Miss Pirouett, comme pour l’incruster entre ses cuisses, qui s’écartent, qui reviennent, recommençant le mouvement, pour revenir brusquement comprimer la tête, pendant qu’elle pousse des soupirs enchantés, et que ma monture tortille du cul, et serre, dans son vagin crispé, mon membre qui y lance sa mitraille brûlante. À côté de nous, et sous Mercédès, les tribades, pâmées, ne finissent pas de gémir voluptueusement.

Miss Pirouett, se dégageant vivement, retombe sur ses pieds, saute à cheval sur Mercédès, les jambes pendantes, à droite et à gauche, s’étend sur son corps, lui prend les lèvres, et, la toison sur la toison, commence à chevaucher comme un homme ; mais trouvant sans doute, qu’ainsi placée à califourchon, il n’y a pas une assez grande intimité entre les deux toisons, elle se laisse glisser, revient entre les cuisses écartées de la comtesse, se penche sur elle, les jambes serrées, pour se bien frotter contre le bas du ventre. Les fesses serrées nerveusement l’une contre l’autre, se trouent de deux fossettes sur les côtés, pendant qu’elles montent et descendent, se frottant furieusement sur le mont de Vénus. Je m’agenouille derrière la mappemonde, essayant d’écarter les deux globes, pour faire courir ma langue dans la raie ; j’y perds mon latin, car ils sont serrés à casser une noisette, et je me résigne à mon sort ; je parcours toute la surface, la dévorant de baisers, et mordillant les chairs. Les deux couples d’à côté, se sont levés, et viennent soutenir le quatuor superposé, qui menace de s’écrouler sous le choc des assauts, furieux, que livre à présent Miss Pirouett. Les deux succubes ont repris sans doute leur tendre entretien, car elle ne souffle mot.

Maître Jacques que cet affriolant tableau émoustille, cherche en vain à se frayer un passage entre les fesses toujours serrées ; je dois renoncer à mon entreprise, et je recommence tout autour de la belle croupe, qui bondit toujours furieusement, ma voluptueuse promenade de baisers. Bientôt la fureur s’apaise, les assauts cessent, la mignonne se frotte lascivement, les fesses se crispent, frissonnent, se trémoussent, s’écartent, se referment comme dans un éclair, et enfin restent épanouies, secouées encore dans un tremblement convulsif, montrant au bas de la raie, bien large maintenant, la petite tache noire, dans laquelle j’enfonce deux pouces de langue, apportant ainsi mon piment à la volupté.

Quand Miss Pirouett et Mercédès sont dégagées, Cécile et Lola, écrasées l’une sur l’autre, palpitent encore, secouées par les dernières convulsions du plaisir. Quand on les relève, leurs chairs moites sont collées, elles sont toutes rouges, congestionnées ; les seins agités se soulèvent gonflés, elles ont des moustaches d’écume, leurs yeux sont humides et languissants, et elles gagnent le cabinet de toilette titubant comme des femmes ivres.

Miss Pirouett, avant de nous quitter, sollicite le coup de l’étrier pour elle et pour les deux étrangères. On descend un trapèze ; la ballerine, qui est aussi une gymnaste distinguée, s’accroche à la barre, s’enlève à la force des poignets, balance un moment son corps, prend de l’élan, fait un rétablissement, fait passer la barre sous elle, s’assied dessus, les fesses s’incrustant dans le bois ; puis, par un échappement, elle se laisse glisser en arrière, et reste suspendue, les genoux repliés, les jambes d’un côté de la barre, le reste du corps suspendu de l’autre, les pieds dans les mains, exhibant entre ses cuisses écartées et ses fesses bien ouvertes ; le double chemin qui conduit à Cythère. À l’orient, deux lèvres roses entre-bâillées laissent voir sur le bord, au milieu d’un fouillis de poils d’or, un joli clitoris vermeil, superbement développé, mendiant des carresses ; à l’occident, au bas de la raie, la petite pastille de kermès, demande elle aussi de tendres mignardises.

Dolorès et Conchita, qui sont préposées à la béatification des deux mignons d’amour, s’installent debout, devant les deux orifices Dolorès au chat, Conchita au noir voisin. Cécile et Lola s’agenouillent devant et derrière Dolorès, Mina et Lison entourent de même Conchita, et tandis que la comtesse, agenouillée, prend les lèvres de Miss Pirouett, je viens à mon tour devant le trapèze, prendre la belle gymnaste dans mes bras, prêt à l’arrêter dans sa chute, si le poids de son corps, trop longtemps suspendu, et trop voluptueusement remué, venait à l’entraîner. J’admire avec quelle ardeur on travaille au bonheur du charmant trio, et de quels tendres adieux on les salue. Les deux ardentes Andalouses, tribades consommées, se démènent avec d’autant plus de ferveur chacune dans son coin, qu’on les fête divinement elles-mêmes, par une double manœuvre simultanée, très habilement menée. Bientôt, je sens palpiter dans mes bras le corps de Miss Pirouett, qui, si je ne la retenais pas, s’écroulerait comme une masse sur les deux pourvoyeuses d’amour, incapables de la retenir, secouées qu’elles sont, elles aussi, par les plus suaves transports.

« Demain repos, dit la comtesse, qui mûrissait depuis deux jours un projet qu’elle n’avait confié qu’à moi seul, et qu’elle désirait pouvoir mettre à exécution dans la prochaine réunion. On se sépara donc jusqu’au surlendemain.