L’Âme des saisons/Carillon

La bibliothèque libre.
Veuve Fred. Larcier, Editeur (p. 14-15).


CARILLON


J’ai des fenêtres à mon âme
Qui ne s’ouvrent que le matin
Au carillonnement lointain
Des angelus de Notre-Dame,
De Notre-Dame du Matin ;
J’ai des fenêtres à mon âme
Qui ne s’ouvrent qu’au clair matin
Humide et parfum de thym...

La roseur de l’aube conseille
Ame fervente, cœur sans fiel
Et prière envoyée au ciel ;
L’aube s’épanouit, vermeille,
Sur le limpide bleu du ciel,
En vitrail rose qui conseille
Cœur pur comme pour une veille
De Pentecôte ou de Noël...

Voici le buisson d’aubépines,
Voici les liserons en pleurs,
Voici les roses églantines.
Voici mille petites fleurs...
Elles ont lavé de leurs pleurs,
De leurs larmes diamantines,
Tant de remords, tant de douleurs...
Mon Dieu, voici mon âme en fleurs !
 
Le bois, de grêles symphonies,
Accompagne un clocher lointain
Carillonnant les litanies
De Notre-Dame du Matin...
Comme un oisillon argentin,
De mon âme aux chambres fleuries
Voici que s’échappe soudain
L’ave Maria du matin !


1894.