L’Âme des saisons/Comme il pria devant l’image de Madame la Vierge

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Veuve Fred. Larcier, Editeur (p. 33-34).
VIII


Comme il pria devant l’image de Madame la Vierge.


Ma bonne Mère, enfin, voyez, je suis venu !
Maintenant je suis près de vous, à Montaigu.
 
Maintenant je vais vous dire de douces choses
Et vous offrir mon cœur comme un bouquet de roses.
 
Et certes je vous fus un enfant peu soumis
Et je vous attristai par des pleurs et des cris.

Mais tout est oublié, car vous étes si bonne
Et je vois bien que votre bouche me pardonne.


Voici que vous m’avez habillé de printemps
Et que mon âme exulte en des nuées d’encens.
 
O douce Dame en or, quelles sont vos largesses !
Mon cœur est éperdu d’amour et d’allégresse.

Maintenant c’est magnificat et joie en pleurs
Et tous les anges font musique dans mon cœur.
 
Oh ! vraiment non, ma bonne Mère, c’est trop d’aise !
Mon âme est en azur derrière les mélèzes.
 
Ma bonne Dame en or, ma douce Dame en or,
Je vous offre mon cœur, et puis mon cœur encor.

Et voici que l’Enfantelet, si frêle et rose.
Sourit, comme pour approuver toutes ces choses.
 
Or, enfin, concédez pour dernière faveur
Une chapelle avec des lilas dans mon cœur ;
 
Une chapelle en mois de mai Vous dédiée,
Une chapelle toute tiède et parfumée,
 
Où brûleront des cierges roses, nuit et jour,
Ma douce Dame en or qui souriez toujours !