L’Âme des saisons/Qui fut chantée en plein soleil

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Veuve Fred. Larcier, Editeur (p. 41-43).
XII


Qui fut chantée en plein soleil.


Cuit, recuit et carbonisé
Soit le vieux serpent de péché !

Car voici bel azur qui brûle
Et beau soleil de canicule
Comme une fleur d’or au milieu,
Et c’est le déluge du feu...
 
Mais cuit, recuit et calciné
Soit le vieux serpent de péché !


Or, dans ce bon ciel qui flamboie,
Or déployez-vous donc, ma joie,
Comme un étendard au-dessus
Des sapins barbelés et drus...
 
Mais cuit, recuit, fumé, braisé
Soit le vieux serpent de péché !
 
Maintenant c’est liberté fière,
Alleluia dans la lumière,
Et les pieds dans le sable blond
Et la couronne d’or au front...
 
Mais cuit, recuit, braisé, brúlé
Soit le vieux serpent de péché !
 
Le ciel mué en chaude braise
S’appesantit sur les mélèzes
Et les moulins rigides sont
Crucifiés à l’horizon...
 
Brûlé, broyé, pulvérisé
Soit le vieux serpent de péché !


Le long du sable ardent qui crie,
Mes abeilles, sonnez furie,
Sur les genêts, buissons de feu,
Et la bruyère en souffre bleu...
 
Pulvérisé, aux pieds foulé
Soit le vieux serpent de péché !
 
Térébenthine et incendie,
Mes abeilles sonnez furie,
L’Esprit a soufflé par le feu,
Alleluia dans le ciel bleu...
 
Mais broyé, vanné, dispersé
Soit le vieux serpent de péché !