L’Âme nue/Romance 147

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G. Charpentier et Cie, éditeurs (p. 147-148).
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L’AUBE










ROMANCE




 
— Je t’aime ; et l’on a ri d’entendre nos sanglots :
Mais ainsi qu’un lotus descend sur l’eau qui coule,
Je suivrai mon destin, le cœur et les yeux clos.

Si tu m’aimes un peu, que m’importe la foule ?

— Je t’aime ; et j’ai perdu ton sourire et ta voix :
Mais comme des parfums vers un dieu qu’on encense,
J’élève mes regards aux astres que tu vois.

Si tu m’aimes toujours, que m’importe l’absence ?

— Je t’aime ; et mon amour a su beaucoup souffrir :
Puis, un autre viendra, vous me serez ravie,
Mais j’en souffrirai tant que j’espère en mourir.

Si vous ne m’aimez plus, que m’importe la vie ?

— Je t’aime ; et quand j’irai, près de ceux qui sont morts,
M’endormir dans la nuit sans fin où tout retombe,
Qu’on jette où l’on voudra les restes de mon corps !

Si tu n’y pleures pas, que m’importe la tombe ?