L’Éclaireur/33

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Amyot (p. 356-366).
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XXXIII.

Explications.

Nous sommes contraint, maintenant, de faire quelques pas en arrière, afin d’éclaircir certains faits qui sont forcément restés dans l’ombre et qu’il est urgent que nous fassions connaître au lecteur.

Nous avons rapporté comment don Estevan, Addick et le Loup-Rouge s’étaient facilement entendus, afin d’obtenir une vengeance commune.

Mais, comme cela arrive généralement dans tous les traités, chacun ayant stipulé d’abord dans son intérêt prive, il se trouva que don Estevan fut celui auquel cette association devait apporter le moins d’avantages positifs.

Peu de blancs peuvent lutter de finesse et de diplomatie avec les Peaux-Rouges.

Les Indiens, comme tous les peuples vaincus, courbés depuis des siècles sous un joug abrutissant, n’ont conservé qu’une arme, arme mortelle souvent, il est vrai, au moyen de laquelle ils combattent la plupart du temps avec succès leurs heureux adversaires.

Cette arme est la ruse ; l’arme des lâches ou des faibles, défense de l’esclave contre le maître.

Les conditions posées par les deux chefs indiens à don Estevan étaient nettes et claires. Les chefs, au moyens des guerriers qu’ils mettraient sous les armes, aideraient le Mexicain à s’emparer et à se venger de ses ennemis, en leur infligeant tel châtiment qu’il lui conviendrait ; en retour, don Estevan renoncerait à revoir sa nièce et l’autre jeune fille, toutes deux prisonnières a Quiepaa-Tani, et les livrerait en toute propriété aux deux chefs, pour eux en faire ce que bon leur semblerait, renonçant d’avance à intervenir, de quelque manière que ce fut, dans la façon dont ils se comporteraient avec leurs prisonnières.

Ces conditions bien et dûment acceptées, les chefs indiens se mirent en mesure de remplir le plus tôt possible les clauses du traité.

Le Loup-Rouge avait contre les deux chasseurs et don Miguel une haine d’autant plus invétérée que, toujours, dans les diverses rencontres qu’il avait eues avec ces trois hommes, il avait été vaincu. Il saisit donc avec empressement l’occasion qui se présentait de prendre sa revanche, se croyant certain cette fois de rendre à ses ennemis abhorrés toutes les humiliations qu’ils lui avaient infligées et tout le mal qu’ils lui avaient fait.

En moins de trois ou quatre jours, Addick et le Loup-Rouge parvinrent à réunir une troupe de près de cent cinquante guerriers d’élite, ennemis acharnés des blancs, et pour lesquels l’expédition qui se préparait était, pour nous servir d’une expression vulgaire, une véritable partie de plaisir.

Lorsque don Estevan se vit à la tête d’une troupe aussi nombreuse et aussi résolue, son cœur se dilata de joie et il se crut assuré du succès.

Que pouvait donc tenter don Miguel avec les quelques hommes dont il disposait ?

La route était longue pour se rendre à Quiepaa-Tani, presque impraticable ; il fallait traverser des montagnes abruptes, des forêts vierges, d’immenses déserts, et en supposant que les gambucinos réussissent à surmonter ces obstacles en apparence infranchissables, une fois arrivés devant la ville, que feraient-ils ?

Auraient-ils la prétention de s’en emparer ? Tenteraient-ils, avec une trentaine d’hommes au plus, de prendre d’assaut une ville de plus de vingt mille âmes, défendue par de fortes murailles, ceinte d’un large fossé et renfermant dans son sein trois mille hommes d’élite, les guerriers les plus renommés de toutes les nations indiennes, spécialement chargés de défendre la ville sainte et qui sans hésiter se feraient tuer jusqu’au dernier avant de se rendre ?

Une telle supposition ne tombait pas sous le sens ; elle était tellement folle que don Estevan ne s’y arrêta pas une minute.

Le premier soin des chefs indiens fut de chercher à savoir dans quelle direction se trouvaient leurs ennemis. Malheureusement pour les Peaux-Rouges, les dispositions prises par les chasseurs étaient si adroites, qu’ils furent contraints malgré eux de suivre leurs ennemis sur trois pistes différentes et de scinder leur détachement en trois corps, afin de surveiller les gambucinos de tous les côtés.

Dans cette circonstance se présenta la première difficulté entre les trois associés.

Addick et le Loup-Rouge, lorsqu’il s’agit de diviser leurs forces, voulurent naturellement prendre chacun le commandement d’un corps séparé, combinaison qui déplut tout d’abord à don Estevan et à laquelle il se refusa péremptoirement d’acquiescer, en leur faisant observer, avec une sorte de justice, que, dans l’affaire dont il s’agissait, tout dépendait des chefs ; que les guerriers n’avaient autre chose à faire que de surveiller les mouvements de leurs ennemis, tandis qu’eux, chefs de l’expédition, ils devaient rester réunis, afin de bien combiner les modifications à apporter à leur plan de campagne et pouvoir agir avec vigueur s’il se présentait une occasion favorable.

La vérité était que don Estevan, forcé par les circonstances à s’allier avec les deux sachems, n’avait pas la moindre confiance dans ses honorables associés ; il les méprisait autant qu’il en était méprisé lui-même, et croyait être certain que, s’il les laissait se séparer de lui sous porte quel prétexte, il ne les reverrait jamais, et qu’ils l’abandonneraient dans la Prairie, le laissant sans le moindre remords se tirer d’affaire tout seul comme il l’entendrait.

Les Indiens comprirent parfaitement la pensée de leur associé ; mais, trop fins pour lui laisser voir qu’ils l’avaient devinés, ils feignirent d’admettre les raisons qu’il leur donnait et d’en reconnaître l’opportunité. Les chefs restèrent donc unis et ils poussèrent en avant, accompagnés seulement d’une vingtaine d’hommes, ayant divisé les autres en deux troupes pour surveiller les gambucinos.

Don Estevan avait hâte d’arriver à Quiepaa-Tani, afin d’enlever les deux jeunes filles de la ville et de les avoir entre les mains, afin, par leur présence, de stimuler l’ardeur de ses associés.

Ils se mirent en route.

Alors il se passa une chose singulière : ce fut que six détachements de guerriers se suivirent à la piste, pendant plus d’un mois, chacun marchant sur les traces de celui qui le précédait, sans se douter qu’il était à son tour suivi par une autre qui marchait sur les siennes.

Les choses allèrent ainsi sans amener de rencontre jusqu’à la nuit où Domingo disparut dans la forêt vierge.

Voici comment cela arriva.

Bon-Affût avait bien jugé le gambucino en le soupçonnant capable de trahison. Voilà pourquoi il avait exigé qu’il demeurât avec lui, afin de le surveiller avec plus de soin.

Malheureusement, depuis le départ du gué del Rubio, malgré l’incessante surveillance exercée par Bon-Affût, il n’avait jamais surpris chez le gambucino le moindre mouvement louche qui pût corroborer ses soupçons et les changer en certitude. Domingo faisait strictement en apparence et loyalement son devoir. Lorsqu’on arrivait au campement, que les petits arrangements pour la nuit étaient pris, le repas terminé, le gambucino, un des premiers, s’enveloppait de son zarapé, s’étendait sur le sol et se livrait au sommeil en prétextant de sa lassitude.

Enfin le bandit sut si bien régler sa conduite et masquer ses batteries que, tout fin qu’il était, le chasseur s’y laissa prendre. Peu à peu sa vigilance se relâcha, sa méfiance s’endormit, et, bien que ne comptant pas beaucoup sur la fidélité du gambucino, il cessa de le suivre incessamment de l’œil, comme il faisait pendant les premiers jours ; et puis ils avaient fait beaucoup de chemin depuis un mois ; les chasseurs se trouvaient en ce moment dans des parages complètement inconnus : il n’était pas supposable que le gambucino, presque étranger à la vie du désert, se hasardât à fausser compagnie aux gens avec lesquels il se trouvait, et se risquât à errer seul dans le désert, où, selon toutes probabilités, il se verrait, après quelques jours jours d’une existence précaire, réduit à mourir de faim.

Ceci prouvait seulement une chose, c’est que Bon-Affût, malgré toute sa finesse, ne connaissait pas l’homme auquel il avait affaire et ne se doutait pas de cette ténacité dans les idées qui forme le fond du caractère des métis mexicains.

Domingo haïssait le chasseur parce que celui-ci l’avait démasqué, et avec cette patience qui caractérise la race à laquelle il appartenait, il attendait l’occasion de se venger, certain que, par la force des choses, cette occasion viendrait pour lui un jour ou l’autre.

En attendant, il regardait et écoutait. On ne se cachait pas pour parler devant lui, par la raison qu’il aurait fallu que Bon-Affût avertît ses compagnons des soupçons qu’il avait contre le gambucino, chose que la loyauté du chasseur lui empêchait de faire ; aussi Domingo avait-il mis à profit cette facilité pour apprendre bien des détails sur l’expédition dont malgré lui il faisait partie, détails dont il se réservait de faire son profit en les vendant le plus cher possible à celui qu’ils intéressaient le plus, aussitôt que le hasard les mettrait en présence.

Le soir où Bon-Affût avait découvert cette piste qui l’avait si fort intrigué, le gambucino, en furetant aussi de son côté, avait, au milieu d’un buisson, fait une trouvaille dont il se garda bien de faire part à ses compagnons.

Cette trouvaille n’était autre qu’un sac à tabac de petite dimension, richement brodé en or, ainsi qu’en portent généralement les riches mexicains.

Domingo se rappelait fort bien l’avoir vu entre les mains de don Estevan.

Ce sac avait donc été perdu par lui. Provisoirement il le cacha dans sa poitrine, se réservant de l’examiner plus à loisir, lorsqu’il ne craindrait pas d’être surpris par ses compagnons.

L’Aigle-Volant se lança sur la piste, ainsi que nous l’avons dit plus haut, et ses amis, après avoir allumé le feu, préparé le repas et mangé quelques bouchées, attendirent son retour.

La journée avait été fatigante. L’Indien tardait à revenir ; Bon-Affût et don Mariano, après avoir causé assez longuement entre eux, sentirent leur paupières s’appesantir, leurs yeux se fermer ; bref, ils succombèrent à la fatigue, se laissèrent aller sur le sol, et furent bientôt plongés dans un profond sommeil ; quant à Domingo, depuis plus d’une heure il dormait comme s’il n’avait jamais dû se réveiller.

Cependant il arriva une chose singulière, c’est qu’à peine don Mariano et Bon-Affût eurent fermés leurs yeux, le gambucino ouvrit les siens, et cela si franchement, que tout portait à supposer que son sommeil était feint, qu’au contraire jamais il n’avait été si éveillé.

Il jeta autour de lui un regard soupçonneux et demeura immobile ; mais, au bout de quelques minutes, rassuré par le bruit calme et régulier de la respiration de ses compagnons, il se redressa tout doucement sur son séant. Il hésita encore plusieurs minutes, puis il sortit le sac à tabac de l’endroit où il l’avait caché et l’examina avec l’attention la plus soutenue.

Ce sac n’avait en soi rien qui le distinguât des autres ; seulement une circonstance frappa le chasseur : il était plein à peu près jusqu’à la moitié de tabac ; ce tabac était frais.

Donc il n’y avait pas longtemps que ce sac avait été perdu par don Estevan : quelques heures à peine ; si cela était, comme tout le faisait supposer, don Estevan ne devait pas être éloigné, il devait se trouver à une lieue, deux au plus, du campement des chasseurs.

Ce raisonnement était logique : aussi le gambucino en tira-t-il cette conséquence que l’occasion qu’il attendait depuis si longtemps était enfin arrivée et que, coûte que coûte, il fallait la saisir.

Une fois cette conséquence admise, le reste est facile à comprendre.

Le gambucino se leva, se glissa comme un reptile dans les broussailles et se lança en enfant perdu à la recherche de don Estevan.

Le hasard est le maître du monde, il règle toutes choses à son gré, ses combinaisons parfois sont tellement bizarres qu’il semble prendre un malin plaisir à faire, contre toutes probabilités, réussir les plans les plus odieux ; ce fut ce qui arriva dans cette circonstance.

À peine le gambucino avait-il erré pendant une heure dans la forêt, s’orientant tant bien que mal dans l’obscurité qui l’enveloppait comme d’un linceul, qu’il arriva, au moment où il s’y attendait le moins, en vue d’un feu allumé sur l’extrême lisière du couvert.

Il marcha immédiatement vers la lueur brillante qu’il avait aperçue, instinctivement persuadé qu’auprès du brasier qui lui servait de phare, il allait retrouver l’homme à la recherche duquel il s’était mis.

Ses pressentiments ne l’avaient pas trompé : le campement vers lequel il se dirigeait était effectivement celui de don Estevan et de ses associés, qui, nous devons en convenir, ne se croyaient pas si près de leurs ennemis ; car, sans cela, ils eussent incontestablement pris toutes les précautions usitées au désert pour dissimuler leur présence.

L’apparition subite du gambucino dans le cercle éclairé par le brasier produisit un véritable coup de théâtre.

Les Indiens et don Estevan lui-même étaient tellement loin de se douter de l’arrivée de cet homme, qu’il y eut un moment de tumulte effroyable pendant lequel le gambucino fut saisi, renversé et garrotté avant même d’avoir pu articuler un mot pour se défendre.

Des guerriers saisirent leurs armes et se dispersèrent aux environs, afin de s’assurer que l’individu tombé si à l’improviste au milieu d’eux était seul et qu’on n’avait rien à redouter.

Enfin cette chaude alerte se calma peu à peu, les esprits se rassurèrent et l’on songea à interroger le prisonnier. C’était ce que celui-ci désirait et ce qu’il demandait avec instance depuis qu’on s’était si brutalement jeté sur lui.

Il fut amené en présence des trois chefs et immédiatement reconnu, par don Estevan.

— Eh ! fit celui-ci en ricanant, c’est mon digne ami Domingo. Qui diable vous amène ici, mon brave camarade ?

— Vous allez le savoir, car je ne viens que pour vous rendre service, répondit le bandit avec son effronterie accoutumée. Seulement je vous serais obligé de me faire détacher, si c’est possible ; ces cordes m’entrent dans les chairs et elles me font tellement souffrir qu’il me sera impossible d’articuler une parole tant que je n’en serai pas débarrassé.

Lorsqu’on eut consenti à la réclamation du bandit, celui-ci, sans se faire prier, raconta dans les plus grands détails ce qu’il avait appris.

Les révélations du gambucino donnèrent fort à penser à ses auditeurs, qui demandèrent ensuite comment il avait su qu’ils se trouvaient aux environs.

Domingo reprit son récit qu’il compléta en annonçant comment il avait trouvé la bourse à tabac, et comment, après que ses deux compagnons don Mariano et Bon-Affût s’étaient endormis, il les avait quittés pour se mettre à la recherche de don Estevan.

Dans le récit fait par le gambucino une chose surtout frappa vivement don Estevan, c’est que deux de ses plus grands ennemis étaient à quelques pas de lui et qu’ils étaient seuls.

Il se pencha aussitôt à l’oreille du Loup-Rouge et lui dit quelques mots auxquels celui-ci répondit par un sourire sinistre.

Dix minutes plus tard le feu était éteint ; les Apaches, armés jusqu’aux dents, guidés par Domingo, se glissaient à pas de loup dans la forêt et se dirigeaient vers l’endroit où le chasseur et le gentilhomme reposaient tranquillement, ne soupçonnant pas le danger terrible qui les menaçait et la trahison dont ils étaient victimes.

Nous avons raconté comment échoua l’entreprise des Indiens et de quelle façon le misérable Domingo reçut le châtiment de son crime.

Malheureusement il avait eu le temps de parler, et ses paroles avaient été recueillies avec soin.

Lorsque les Apaches eurent reconnu qu’ils avaient affaire à plus forte partie qu’ils ne le supposaient et que ceux qu’ils voulaient surprendre étaient sur leur gardes, ils se retirèrent en toute hâte, afin de délibérer au parti qu’ils avaient à prendre pour prévenir leurs ennemis et déjouer leurs projets.

La délibération ne fut pas longue, contrairement aux coutumes indiennes. Malgré la nuit dont l’épais manteau couvrait encore la terre, ils montèrent à cheval et se dirigèrent, aussi rapidement que cela leur fut possible, vers Quiepaa-Tani, afin d’entrer dans la ville les premiers et d’avoir le temps de préparer leurs amis à les seconder dans la lutte qui se préparait.

Malgré toutes ses objections, don Estevan fut laissé en arrière, caché avec quelques guerriers sur la lisière de la forêt. Les chefs, malgré leur influence, n’osant pas enfreindre ouvertement les lois indiennes, en introduisant dans la ville un visage pâle autre qu’un prisonnier, don Estevan fut contraint de se résigner à les attendre.

Mais si les Indiens n’avaient pas perdu de temps, les chasseurs l’avaient, de leur côté, si bien mis à profit, que, ainsi que nous l’avons vu, Bon-Affût déguisé en médecin Yuma entrait en même temps qu’eux dans Quiepaa-Tani.

Pendant que le Loup-Rouge se hâtait de mettre tout en œuvre pour convoquer le grand conseil des chefs, Addick se séparait de lui et se dirigeait de toute la vitesse de son cheval vers l’habitation de son ami Chinchcoalt — huit serpents, — l’amantzin ou grand-prêtre.

Mais celui-ci en apprenant le retour du jeune chef s’était enfermé avec le Pigeon, qui, en compagnie de l’Églantine, était venue le visiter. L’amantzin l’avait prévenue de l’arrivée d’Addick — arrivée qu’elle connaissait déjà, — et il lui avait recommandé de garder le silence sur la part active qu’elle avait déployée dans la tentative d’abjuration conçue par lui contre les deux jeunes filles.

Le Pigeon, à qui l’Églantine avait fait la leçon, s’était engagée à rester muette ; elle avait fait part au grand-prêtre de la présence à Quiepaa-Tani d’un grand médecin yuma nommé Deux-Lapins, dont la science pouvait être utile au rétablissement de la santé des prisonnières d’Addick. L’amantzin avait remercié l’Indienne en lui disant qu’il verrait probablement Atoyac au conseil et qu’il ne manquerait pas de le prier de lui amener Deux-Lapins.

Plus tranquille désormais, l’amantzin congédia les deux femmes et se rendit auprès d’Addick, bien préparé à le recevoir.

Aux premiers mots que lui dit le jeune chef relativement au vif désir qu’il avait de voir ses prisonnières le plus tôt possible, le vieillard répondit qu’afin d’être à même de les surveiller plus efficacement et de les soustraire à la curiosité gênante des oisifs de la ville qui tous les obsédaient de leurs continuelles visites, il avait été obligé de les transférer au palais des vierges du Soleil, en attendant qu’elles fussent rendues à leur légitime possesseur.

Addick se confondit en remerciements pour le soin que son ami avait mis à s’acquitter de la mission qu’il lui avait confiée, remerciements que le grand-prêtre reçut avec une hypocrite modestie, tout en le regardant avec un sourire narquois qui donna fort à penser au jeune chef.

Aussi, sans plus de tergiversations, se résolut-il à aborder franchement la question.