L’École des amis/Acte V

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L’École des amis
Œuvres de monsieur Nivelle de La ChausséePraultTome I (p. 337-354).
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ACTE V.



Scène I.

MONROSE, ARAMONT.
Monrose.

Quel état est le mien ! Fortune, en est-ce assez ?
À peine suis-je né, mes beaux jours sont passés.
Ai-je pû mériter un sort si déplorable ?
Le seul bien qui me reste, est un bien qui m’accable.
Je ne sçais où tourner mes pas ni mes regards.
Ah ! je sens que mon cœur s’ouvre de toutes parts.
Allons traîner ailleurs mon infortune extrême ;
Je ne puis plus ici me supporter moi-même.

Aramont.

Quel est votre dessein ? Où voulez-vous aller ?

Monrose.

Partout où je pourrai vivre & me signaler.
Dans l’état où je suis on n’a plus de patrie :
J’abandonne la mienne, où, malgré mon envie,
Je ne puis plus m’ouvrir un illustre tombeau.
Un sujet inutile est pour elle un fardeau.
Je vais mourir ailleurs, ou mériter de vivre.

Aramont.

Je frémis du projet ; gardez-vous de le suivre.

Monrose.

Je crois que tu voudrois m’obliger à rester ?

Aramont.

Vous êtes enchaîné.

Monrose.

Vous êtes enchaîné.Qui pourroit m’arrêter ?
Quelles raisons ? En quoi suis-je ici nécessaire ?
Tu restes ; on n’a point de reproche à me faire.

Aramont.

On m’en feroit d’affreux, si vous vous écartez.

Monrose.

Comment ?

Aramont.

Comment ?Vous me perdez d’honneur, si vous partez.

Monrose.

Quel rapport mon départ a-t-il avec ta gloire ?

Aramont.

Le rapport est plus grand que vous ne pouvez croire.

Monrose.

Je ne le comprends pas.

Aramont.

Je ne le comprends pas.On m’accuse…

Monrose.

Je ne le comprends pas.On m’accuse…De quoi ?

Aramont.

D’être votre complice.

Monrose.

D’être votre complice.Ah ! tout autre que toi…

Aramont.

Le Destin a comblé toutes ses injustices.

Monrose.

Depuis quand l’innocence a-t-elle des complices ?
Ce nom convient au crime. Eh ! quel est donc le mien ?

Aramont.

Il est imaginaire.

Monrose.

Il est imaginaire.Ah ! ne me cache rien.
Quel que soit mon destin, je sçaurai m’y soumettre :
Dis…

Aramont.

Dis…Dornane m’écrit : jugez-en par sa lettre.
(Il lit.)
« Je t’écris à la hâte : Ariste, non content
» Des biens de notre ami, lui ravit sa Maîtresse ;
» Il l’a fait demander : le fait est très-constant.
» Tu lui diras, en cas que cela l’intéresse.
» À propos, on le croit riche, & je te l’apprends.
» Entre nous, tu lui vaux cette galanterie.
» On l’accuse d’avoir détourné… tu m’entends ?
» Fais finir au plutôt cette plaisanterie. »

Monrose.

Je suis riche !

Aramont.

Je suis riche !On le dit.

Monrose.

Je suis riche !On le dit.Comment ? Explique-moi…
Et je suis accusé d’avoir détourné ?… Quoi ?

Aramont.

Les effets du défunt, & tous les biens d’Hortence.
L’on croit que je vous ai prêté mon assistance.

Monrose.

Ah ! ciel ! quelle noirceur ! Je deviens furieux.
D’où peuvent provenir ces bruits injurieux ?
L’horreur qu’on m’attribue est-elle imaginable ?
Ah ! si j’en connoissais l’auteur abominable !…
Jusques à mon honneur, quoi ! l’on ose attenter !

Aramont.

Il n’est point de malheur qui ne puisse augmenter.

Monrose.

Qui peut avoir fondé cette imposture affreuse ?

Aramont.

Mon amitié constante, & toujours malheureuse.
Sans elle notre honneur seroit encore entier.
Je vous ai fait passer pour un riche héritier.
Ces bruits avantageux m’ont paru nécessaires
Pour vous donner le tems d’arranger vos affaires.
Je les ai répandus ; c’étoit pour votre bien.
On m’a cru. Cependant il ne s’est trouvé rien.
Et je suis soupçonné… Vous devinez le reste.

Monrose.

Quoi ! l’amitié m’aura toujours été funeste !
De mes jours malheureux elle est donc le fléau ?
Le Sort me réservait ce supplice nouveau.

Aramont.

Soyez sûr que ces bruits ne seront pas durables :
Vous n’êtes accusé que par des misérables

C’est par des gens comme eux que leurs discours sont crus.

Monrose.

Dans la rage où je suis, je ne me connois plus.

Aramont.

Opposez le courage à cette calomnie.

Monrose.

Du courage ! En est-il contre l’ignominie ?
On la mérite alors qu’on peut la supporter.

Aramont.

Demeurez ; c’est à quoi j’ose vous exhorter.

Monrose.

Non ; tu n’entendras plus parler d’un misérable.
Je comptois que mon nom me seroit favorable :
Il faut l’abandonner. Je ne dois plus songer
Qu’à me cacher. Je vais me perdre & me plonger
Dans une obscurité la plus impénétrable.
Périssent ma mémoire, & le sang déplorable
Qui m’a fait naître !

Aramont.

Qui m’a fait naître ?Ô Ciel !

Monrose.

Qui m’a fait naître ?Ô Ciel !Et toi, laisse-moi fuir.
Pour la dernière fois, ne te fais point haïr.
Adieu.



Scène II.

MONROSE, ARAMONT, UN GARDE.
Monrose.

Adieu.Mais que nous veut cet homme ? Ô Ciel ! seroit-ce…

Le Garde.

Je suis chargé d’un ordre…

Monrose.

Je suis chargé d’un ordre…Est-ce à moi qu’il s’adresse ?

Le Garde.

Oui, Monsieur. À regret je remplis un devoir…

Monrose.

On m’arrête ! Eh ! pourquoi ?

Le Garde.

On m’arrête ! Eh ! pourquoi ?Vous devez le sçavoir.
Souffrez que je m’acquitte…

Monrose.

Souffrez que je m’acquitte…Allons. Que faut-il faire ?
Faut-il que je vous suive ?

Le Garde.

Il n’est pas nécessaire,
Et vous m’avez été consigné seulement.

Aramont, au garde.

Voulez-vous bien passer dans cet appartement ?



Scène III.

MONROSE, ARAMONT.
Monrose.

On m’arrête ! & déjà l’on me traite en coupable !
On m’enchaîne au forfait dont on me croit capable !
Mes fers me font horreur.

Aramont.

Mes fers me font horreur.D’où vient cet accident ?
Dornane aura parlé. C’est un homme imprudent.
Vous aurez, devant lui, projeté votre fuite.
Ce bruit vous aura nui. La Cour en est instruite :
Et voilà ce qui fait qu’on s’assure de vous.

Monrose.

Comme d’un criminel ?

Aramont.

Comme d’un criminel ?Vous les confondrez tous.

Monrose.

Eh ! comment les confondre ? Est-il en ma puissance ?
Le crime se défend bien mieux que l’innocence.
Quelle preuve opposer ? Où pourrai-je en trouver ?

Aramont.

Votre ruine même.

Monrose.

Votre ruine même.Eh ! comment la prouver ?

Par quels moyens veux-tu que je les désabuse ?
Eh ! croit-on les sermens de ceux que l’on accuse ?
Ah ! tout concourt encore à ma conviction :
Ces bruits avantageux à la succession ;
Mes créanciers payés, & le bruit de ma fuite ;
La fortune d’Hortence entierement détruite ;
Le reste de ses biens, dont malheureusement
Tu te trouves chargé, pour moi, secrettement.
Clorine, qui le sçait, pourra-t elle se taire ?
Moi-même puis-je & dois-je éclaircir ce mystere ?
Non : il faut que ce soit un secret éternel ;
Je serai convaincu, sans être criminel.



Scène IV.

MONROSE, ARAMONT, HORTENCE,
qui entre sans être vue.
Monrose, accablé, dans un fauteuil.

Je me perds dans l’horreur de chaque circonstance.
Lorsque pour réparer la ruine d’Hortence,
Je détourne sur moi les indignes besoins
Qu’elle auroit par la suite éprouvé sans mes soins :
Lorsque pour la sauver de cet état funeste,
Je me prive en secret de tout ce qui me reste,
On croit que dans ses biens j’ai pû souiller mes mains ;
Et je suis réputé le dernier des humains !

Ô Destin ! est-ce assez maltraiter ta victime ?
On m’arrête, on me force à me purger d’un crime ;
Qu’est-ce qu’un scélérat a de plus à souffrir ?

Hortence.

Le remords…

Monrose, en se levant.

Le remords…Quelle voix ! quel objet vient s’offrir !

Hortence.

C’est une amante en pleurs. On empêche ma fuite ;
J’ignore à quel dessein ; je n’en suis pas instruite.
On m’a fait revenir.

Monrose, en voulant s’en aller.

On m’a fait revenir.Laissez-moi me cacher.



Scène V.

MONROSE, HORTENCE.
Hortence, le retenant.

Quoi ! vous voulez me fuir ?

Monrose.

Quoi ! vous voulez me fuir ?Laissez-moi m’arracher…

Hortence.

Eh ! ne nous quittons point dans l’état où nous sommes.

Monrose, pénétré.

Ces regards sont-ils faits pour le dernier des hommes ?
Je ne puis soutenir vos yeux, ni mes revers.

Hortence.

Je ne suis donc plus rien pour vous dans l’univers ?

Je ne croyois pas être un objet si funeste.
Je ne puis que pleurer. Le tems fera le reste.

Monrose.

Dites, mon désespoir.

Hortence.

Dites, mon désespoir.Ah ! cruel, arrêtez.

Monrose.

Il finira bientôt des jours trop détestés.

Hortence.

Mon état, mon amour, ma présence, & mes larmes,
N’auront donc point assez de puissance & de charmes
Pour vous rendre un peu moins sensible à vos malheurs ?
Qu’on ne nous vante plus le pouvoir de nos pleurs :
Vous ne songez qu’à vous.

Monrose.

Vous ne songez qu’à vous.Quel reproche !

Hortence.

Vous ne songez qu’à vous.Quel reproche !Il ne tombe
Que sur ce désespoir où votre cœur succombe,
Je sçais de quels bienfaits vous vouliez me combler.
Du reste de vos biens vous vouliez m’accabler.

Monrose.

Qui m’a trahi ?

Hortence.

Qui m’a trahi ?C’est toi. Vas, tu n’as qu’à poursuivre.
Laisse-moi donc mourir, si tu ne veux plus vivre.

Monrose.

Ah ! madame, vivez… répondez-moi de vous,
Et toute ma fureur expire à vos genoux.

Hortence.

Que je vive ? Est-ce à moi d’avoir plus de courage ?
Je conviens qu’on vous fait le plus sanglant outrage :
Mais, enfin, ce n’est pas un opprobre éternel.
Tombe-t-il sur vous seul ? M’est-il moins personnel ?
L’amour qui nous unit n’admet point de partage.
Je souffre autant que vous, si ce n’est davantage ;
Et cependant mon cœur n’en est point abattu.
La vérité fera triompher la vertu.
Jusqu’à ce que le tems la mette en évidence,
Ayons la fermeté qui sied à l’innocence :
Elle en est la ressource & le plus sûr garant.
Rétablit-on sa gloire en se désespérant ?
Le découragement autorise une injure.
Il faut vivre pour vaincre ; & la victoire est sûre ;
Et qui perd tout espoir, mérite son malheur.
Je vous parle, sans doute, avec trop de chaleur.
Excusez une amante, ou plutôt une amie.

Monrose.

Qui me condamne à vivre, accablé d’infamie.
Le sort qui me poursuit peut-il aller plus loin ?
Il ne me manque plus que d’être le témoin
Du bonheur d’un rival… Il en est un, Madame.
Ariste jusqu’ici vous a caché sa flamme ;
Jusques dans votre cœur il veut m’assassiner :
Pour être votre époux, il s’est fait destiner.

Hortence.

Ariste, dites-vous ? L’entreprise est hardie.
Il m’aime ? Il payera bien cher sa perfidie.



Scène VI.

MONROSE, ARAMONT, HORTENCE, CLORINE.
Aramont.

Je viens d’être éclairci. Vous n’êtes arrêté,
Qu’en vertu d’un propos que l’on vous a prêté.
Dornane…

Monrose.

Dornane…Eh bien ?

Aramont.

Dornane…Eh bien ?Son zele & sa prudence éclatent.
C’est un homme qui veut que les autres se battent.
Il dit que votre idée est de tirer raison
Du procédé d’Ariste & de sa trahison :
Et voilà ce qui fait que l’on vous garde à vûe.
Mais vous allez avoir une étrange entrevue.

Monrose.

Comment ?

Aramont.

Comment ?Ariste… Il ose ici…

Monrose.

Comment ?Ariste… Il ose ici…Quel embarras !

Clorine.

Vous l’allez voir paroître ; il marche sur vos pas.

Hortence.

Ah ! Ciel ! que n’ai-je autant de charmes que de haine !
Je le veux accabler sous le poids de sa chaîne.

Aramont.

Mais le voici qui vient ; contenons-nous un peu.



Scène VII.

ARISTE, MONROSE, ARAMONT, HORTENCE, CLORINE, LE GARDE.
Ariste, au Garde, dans l’enfoncement du théâtre.

Vous pouvez nous laisser ; votre ordre n’a plus lieu.
Je me charge de tout ; la Cour en est instruite.



Scène dernière.

ARISTE, MONROSE, ARAMONT, HORTENCE, CLORINE.
Ariste, à Monrose.

Je viens rendre raison de toute ma conduite.

Monrose, sans se détourner.

On n’en demande point à ceux qui sont heureux.

Ariste.

Il est vrai, je le suis ; tout succede à mes vœux.

Aramont, ironiquement.

Monsieur, vous voulez bien que je vous félicite :
Vous voyez quels transports votre bonheur excite.

Ariste.

Je n’en suis point surpris.

Aramont.

Je n’en suis point surpris.Ma foi, je le crois bien.

Ariste.

On m’a tout accordé.

Aramont, en lui remettant l’écrin & la procuration de Monrose.

On m’a tout accordé.Pour qu’il n’y manque rien,
Tenez, voilà leur reste : ils n’en sçavent que faire.
Ni moi non plus… Prenez toujours ; c’est votre affaire.

Ariste.

Madame…

Hortence, avec dédain.

Madame…Laissez-moi.

Aramont.

Madame…Laissez-moi.Je suis hors d’embarras.

Hortence.

Je ne sçais ce que c’est, mais je n’ignore pas
Qu’il vous a plû, Monsieur, d’empêcher ma retraite.

Ariste, rendant à Clorine l’écrin & la procuration.

Je crois que vous pourrez en être satisfaite.

Hortence.

Quelle audace ! Est-ce à vous que je dois mon retour ?

Ariste.

Oui ; j’ai sollicité cet ordre de la Cour.

On ne vous perdra point. L’amour & l’hyménée
Y vont fixer vos jours & votre destinée.
On m’a favorisé…

Hortence, avec indignation.

On m’a favorisé…Qui ? vous ! perfide ami ?
C’est dans la trahison être bien affermi !
Vous voulez que ma main couronne votre ouvrage ;
Mais il faut repousser l’injure par l’outrage.
Notre état différent vous rend audacieux :
Vous croyez m’éblouir, & je lis dans vos yeux
Un espoir insultant fondé sur mes disgraces :
Mais je ne connois point de ressources si basses…

Ariste.

Non, Madame, l’hymen vous garde un sort plus doux !
D’ailleurs, vous êtes riche.

Aramont.

D’ailleurs, vous êtes riche.En quoi ?

Monrose.

D’ailleurs, vous êtes riche.En quoi ?Que dites-vous ?

Ariste.

Qu’il est faux que Madame ait été ruinée.

Aramont.

Quel conte !

Ariste.

Quel conte !Cette histoire est mal imaginée.
Ce bruit injurieux s’est détruit aussi-tôt.
Chez un homme public ses biens sont en dépôt.

Hortence.

Qu’entends-je ?

Clorine.

Qu’entends-je ?Est-il possible ?

Monrose.

Qu’entends-je ?Est-il possible ?Ô Ciel ! quelle surprise !

Ariste, à Monrose.

C’est la précaution que votre oncle avoit prise.
Oui, Monsieur, ce n’est plus un secret aujourd’hui :
Il est justifié ; vous l’êtes comme lui.

Monrose, transporté.

Je suis justifié ?

Ariste.

Je suis justifié ?C’est moi qui vous l’atteste.

Monrose, transporté de joye.

Fortune, c’est assez ; je te quitte du reste.
Mes vœux sont épuisés. Mon honneur m’est rendu.
(à Hortence.)
Madame, pardonnez à mon cœur éperdu
Ce transport excessif…

Ariste.

Ce transport excessif…Permettez, je vous prie ;
Il est bien juste aussi que je me justifie.
J’ai dû jusqu’à la fin vous cacher des secrets,
Où vous auriez pû faire entrer des indiscrets.
Vos amis vous flattoient, contre toute apparence.
Lorsque je vous ai vû sans aucune espérance,
J’ai brigué pour moi-même, & j’ai tout obtenu.
C’est depuis quelques jours que j’y suis parvenu ;
Mais j’avois mes raisons pour en faire un mystere :
Je voulais obtenir une grace plus chere.

L’essentiel manquoit à ma félicité.
Après avoir long-tems pressé, sollicité,
Ce n’est que d’aujourd’hui qu’à force de priere,
Enfin la Cour m’a fait la faveur toute entiere.
Jouissez-en, Monsieur : ses bienfaits sont à vous.
Le Prince m’a permis de vous les céder tous,
Et je vous les remets avec toute la joye…
Souffrez qu’en m’acquittant tout mon cœur se déploye.

(Il embrasse Monrose.)
Monrose.

Monsieur, ce n’est pas là tout ce que je vous dois.
Mes créanciers…

Ariste.

Mes créanciers…Laissons cet incident.

Monrose.

Mes créanciers…Laissons cet incident.Je vois.
Que c’est à vous, Monsieur, que j’en suis redevable.

Aramont.

J’ai pensé m’en douter.

Hortence.

J’ai pensé m’en douter.Que je me sens coupable !

Ariste, à Hortence.

Madame, c’est pour lui que je viens d’obtenir
Le don de votre main : vous pourrez vous unir.

Hortence.

J’ai des torts avec vous.

Aramont.

J’ai des torts avec vous.Bon ! bon ! point de rancune :
Pour moi, je vous réponds que je n’en garde aucune.

Ariste.

Notre premier devoir nous appelle à la Cour.
Venez ; partons ; l’hymen vous attend au retour.

Monrose.

Ah ! permettez du moins que ma reconnoissance.
Se manifeste autant qu’il est en ma puissance.

Ariste.

En vous faisant jouir du destin le plus doux,
Croyez-vous que je suis moins fortuné que vous ?

Monrose, à Hortence.

Ah ! Madame, souffrez que mon cœur se partage.
(à Ariste.)
Monsieur, je ne puis rien vous offrir davantage.
Ô Fortune ! je sens, & j’éprouve à présent.
Qu’un ami véritable est ton plus grand présent.