L’Éducation des adolescents au XXe siècle/Volume II/L’enseignement par l’aspect

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Félix Alcan (Volume IIp. 152-153).

L’ENSEIGNEMENT PAR L’ASPECT


On a beaucoup préconisé l’enseignement par l’aspect, c’est-à-dire l’emploi des projections en classe. Il est de fait que le matériel n’est ni très compliqué à manier ni très coûteux et que ce procédé peut rendre les plus grands services. Nous le jugeons extrêmement utile pour les questions d’art passées en revue dans nos programmes. Ainsi l’architecture hindoue, grecque, arabe, romaine, gothique, les œuvres d’un Phidias, d’un Praxitèle, les monuments d’Angkor, de Thèbes ou du Yucatan, les tableaux d’un Franz Hals ou d’un Raphaël, tout cela ne peut être « enseigné » — et il est essentiel que cela le soit — si des reproductions bien faites n’en sont pas montrées aux élèves. Faire circuler dans leurs rangs des photographies n’est pas recommandable. Ils les regarderont sans se les rappeler ; les explications du maître glisseront sur eux sans y laisser de traces profondes. Dans la façon dont la projection jaillit brusquement de l’obscurité, il y a au contraire une force qui s’impose et qu’accroissent encore les dimensions de l’image. Le commentaire pénètre alors plus avant dans le cerveau et s’y fixe. Seulement il ne faut pas abuser des meilleures choses ; à projeter la silhouette d’un bananier pour la comparer à celle d’un caféier ou le portrait de Frédéric Barberousse sous prétexte qu’on prendra plus d’intérêt à ses actes si l’on connaît ses traits (ce qui n’est point très certain), le maître s’exposerait à un double inconvénient : une grande perte de temps d’abord, car les projections, à moins d’en faire une lanterne magique, retardent beaucoup la parole qui les accompagne — et ensuite une satiété assez vite engendrée et qui détruirait la vertu du procédé en le rendant trop fréquent et trop monotone aux yeux des élèves.