L’Éducation en Angleterre/Chapitre IX
COOPER’S HILL
Ce sera la dernière étape avant Londres ; aussi bien pourrions-nous ne pas nous y arrêter, car Cooper’s Hill n’est pas un public school ; c’est une école spéciale destinée à fournir à l’empire indien des ingénieurs, des inspecteurs des forêts et des télégraphistes. Mais il y a aussi d’autres élèves admis à suivre les cours. L’examen d’entrée a lieu en juin ; il faut pour se présenter avoir plus de dix-sept ans et moins de vingt et un. On demande de l’anglais (un essai correctement écrit) et une forte dose de mathématiques élémentaires, plus de l’histoire, de la géographie et des langues vivantes. Les élèves ingénieurs restent trois ans, les forestiers deux ans et deux mois et les télégraphistes deux ans. Le prix de la pension est de £ 183 (4 575 francs).
Le programme d’études comprend la géométrie descriptive, l’architecture, le dessin graphique, l’administration, la comptabilité, la mécanique, la géologie et la minéralogie, les mathématiques, la physique, la chimie, le français, l’allemand, l’hindoustani, le dessin et la machinerie pratique. Les forestiers ont en outre la botanique et en général tout ce qui concerne leur art ; les télégraphistes ont de même des cours spéciaux sur la construction et le fonctionnement des télégraphes. Le secrétaire d’État pour l’Inde choisit les ingénieurs en nombre voulu ; il les prend naturellement parmi les premiers, si d’ailleurs ils sont sujets anglais et d’une bonne santé. Une fois nommés, on leur fait souvent passer une année d’études pratiques dans quelque grande usine d’Angleterre ; leur traitement est alors de £ 150 (3 750 fr.). Ils partent de là pour l’Inde, où ils reçoivent 4 200 roupies (8 400 fr.). Les télégraphistes sont désignés à la fin de la première année, et si, ensuite, le résultat de la seconde est satisfaisant, ils partent avec un traitement de 3000 roupies (6000 fr.). Les uns et les autres passent, avant d’être nommés, un examen d’équitation ; à l’école, ils ont des exercices militaires obligatoires.
« À Cooper’s Hill, me dit-on, on travaille beaucoup (very, very hard !) ». Tout compte fait, on travaille neuf heures par jour, sauf le dimanche, que l’on va passer chez soi ou chez des amis. C’est en effet beaucoup pour l’Angleterre ; mais nos polytechniciens et nos centraux s’accommoderaient volontiers de ce régime-là. Il est vrai qu’ils n’ont pas la même mission et que celle à laquelle sont destinés les élèves de Cooper’s Hill nécessite au moins autant de force physique et d’énergie morale que de science mathématique.