L’Éducation sentimentale (1845)/IV

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L’Éducation sentimentale (1845)
Œuvres de jeunesseLouis ConardVolume III (p. 10).

IV

Henry était encore dans son lit quand il lut cette lettre ; les illusions qu’elle retraçait lui parurent déjà si vieilles qu’elles ne le touchèrent point, et les misères dont son ami se lamentait si puériles qu’il ne le plaignit pas. Il sourit même un peu de pitié, en voyant son admiration pour Paris et sa frénésie littéraire, qu’il regarda, du haut de sa sagesse de débarqué de huit jours, comme deux maladies de province ; après quoi il replia la lettre dans ses mêmes plis, la mit sur sa table de nuit, et continua, couché sur le dos et les yeux levés au plafond, à réfléchir sur ses illusions propres et ses misères personnelles.

On verra dans la suite comment les premières changèrent de nature et pourquoi les secondes ne diminuèrent pas.