L’Émigré/Lettre 105

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P. F. Fauche et compagnie (Tome IIIp. 191-192).
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LETTRE CV.

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Le Marquis de St. Alban
à la
Duchesse de Montjustin.


Votre lettre est véritablement un torrent de morale, ma chère cousine ; mais ce n’est pas dans votre esprit qu’est sa source ; c’est madame de Loewenstein qui vous a sans doute inspiré l’idée de m’écrire, et c’est à elle que je répondrai. Partir !… la quitter !… ce conseil est bien aisé à donner de sang froid ; néanmoins je vous obéirai, ou pour mieux dire à elle. Mais qu’est-il donc arrivé pour qu’elle me presse si fort ? À peine je suis guéri d’une blessure grave, et je n’attends, elle le sait bien, qu’une permission de me rendre à l’armée, qui ne peut tarder. La complette aversion ne pourrait aller plus loin que l’ordre qu’on me donne. J’obéirai, encore une fois, oui, je m’arracherai d’auprès d’elle. Il lui en coûte bien peu de me donner un tel ordre ! mais elle saura ce qu’il en coûte pour l’exécuter. Dans trois jours, ma cousine, j’irai vous voir, et vous dire, adieu, pour long-temps, pour jamais peut-être !

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