L’épluchette/Pour le mariage de Michel

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Gérard Machelosse (p. 10).


Pour le mariage de Michel

Michel abandonnant la campagne tranquille,
Vînt trouver un emploi dans une grande ville.
Il fut bientôt séduit par tous les points charmants
Et pourtant variés de ses amusements.
Souvent il demandait permission d’absence
Que donnait le patron au cœur plein d’indulgence
Envers le campagnard si loin de ses parents.
Michel en profitait, mais les cas apparents
Et trop souvent refaits pour motiver l’absence,
À la fin, du patron lassent la patience.
Il se dit que Michel cherche trop à sortir
Et que ce temps passé rien qu’à se divertir
Ne l’avancera point ; sans compter qu’il dépense
Son salaire et son temps. Voilà donc ce qu’il pense
Quand le jeune homme encor veut avoir un congé
Pour le surlendemain. — « Michel, as-tu songé,
Dit le maître obligeant, que je ne puis permettre
Que tu sortes autant ? Je ne voudrais pas être
Pour toi trop rigoureux, mais tu comprends qu’ici
L’ouvrage doit se faire et que chômer ainsi
Nous fait tort à chacun ; il faut que cela cesse !
Mais, dis-moi, voyons ! est-ce de quoi qui presse ?
Est-ce bien important ? absolument ?… — Ben, v’là !
Dit Michel, j’me marie et… j’voudrais ben êtr’ là.»