L’étude expérimentale de l’intelligence/Chapitre 5

La bibliothèque libre.
Schleicher Frères & Cie (p. 70-80).


CHAPITRE V

Du mot à l’idée.


Les expériences nouvelles que je vais décrire ne diffèrent des précédentes que par une petite nuance ; elles se font semblablement avec des mots ; seulement, les mots ne sont pas inventés par le sujet, ils sont prononcés ou montrés par l’expérimentateur, et le sujet doit simplement dire quelle est l’idée que chaque mot lui a donnée. Il faut surtout, avant de commencer ce genre d’expérience, bien expliquer ce qu’on veut, quel but on vise, et quelle attitude le sujet doit prendre ; dans les explications qu’on donne, l’important n’est pas la phrase qu’on prononce, mais le sens que le sujet comprend et retient. Si on réfléchit un instant à la recommandation qui est faite : « Dire la première idée qui est suggérée par le mot, » on sera frappé du vague et de l’équivoque de cette formule : en combien de sens différents on pourrait l’interpréter !

Dans les expériences d’écoles primaires que j’ai faites, les élèves, au lieu d’analyser leur idée, ont pris dès le début l’habitude fâcheuse de me donner une réponse verbale sacramentelle ; cette habitude provient probablement des traditions de l’école, où l’on interroge les élèves en leur demandant une réponse précise. Du reste, cette réponse verbale que me donnaient les petites primaires de 12 ans variait beaucoup suivant les enfants. L’un, peu intelligent, fait du verbalisme. À « chanteur », il répond : « vient de chanter », à « je cours », il répond : « courir », « révolte — révoltant » — « bec — becquette » ; — « danser — sauter » ; un autre répète le mot qu’on lui donne, sans le modifier, ou en le modifiant extrêmement peu ; d’autres, plus nombreux, me servent une phrase complète, qui a les allures d’une définition scientifique venant en droite ligne des livres de classe : « couleuvre — serpent inoffensif » ; « danser — sauter en cadence » ; « fenêtre — ouverture vitrée par laquelle on reçoit la lumière » ; « bec — bouche des oiseaux ». Un élève naïf me donne des définitions enfantines : « bec — c’est pour picoter » — « outil — pour faire de l’ouvrage »[1]. D’autres enfin font des phrases complexes, contenant des souvenirs personnels.

Bien que j’aie consacré plusieurs semaines à des expériences de ce genre, je ne les ai pas suffisamment analysées pour pouvoir en tirer un bon parti ; ce sont des documents qui sont restés trop superficiels, parce que je ne connaissais pas suffisamment les enfants ; j’ai remarqué seulement que des réponses très différentes comme forme pouvaient correspondre à des états mentaux assez semblables ; ainsi, quand certains enfants donnaient des définitions scientifiques, si on leur demandait ensuite à quoi ils avaient pensé, ils citaient parfois des souvenirs personnels. On voit donc que la première réponse, prise à la lettre, aurait donné lieu à des interprétations inexactes.

Je n’insiste pas davantage, et j’aborde les expériences faites avec les deux fillettes ; elles sont incomparablement meilleures, tout simplement parce que je les ai mieux étudiées. Indiquons d’abord comment les fillettes ont compris l’expérience. Je leur donnais un mot quelconque ; elles n’ont jamais cherché, comme les enfants d’école, à fournir une réponse verbale ; après avoir attendu un moment, elles commençaient à m’expliquer ce qu’elles avaient pensé. L’objet de leur pensée était la signification même du mot ; elles n’ont jamais cherché à ajouter un mot à celui que je prononçais, ni une idée nouvelle à celle que le mot suggérait ; elles sont restées sur l’idée qu’on leur présentait, la transformant quelquefois, mais ne la remplaçant pas par une autre ; il ne s’est donc pas produit, à proprement parler, d’associations d’idées. J’ai à peine besoin d’ajouter que je prenais toutes les précautions nécessaires pour ne pas influencer mes sujets. Les mots étaient écrits d’avance et visibles de moi seul ; je les lisais d’une voix blanche, j’évitais de regarder l’enfant, par crainte de le distraire ou de le troubler, j’attendais sa réponse sans montrer d’impatience et je l’écrivais sans faire de critiques. L’enfant était seul avec moi, dans une pièce bien tranquille. C’est une expérience que j’ai répétée à satiété, pendant deux ans ; il y a eu une vingtaine de séances, et dans chacune 25 à 30 mots étaient utilisés.

Je me bornerai, dans ce chapitre, à prendre de cette expérience tout ce qui est analogue à l’expérience antérieurement décrite sur la chasse aux 20 mots. Dans celle-ci, chaque mot écrit par le sujet éveillait le plus souvent une idée unique ; et parfois même il n’en éveillait aucune. Dans l’épreuve nouvelle, la règle est toute différente ; le mot prononcé par moi qui n’éveille aucune idée est une exception, même chez Armande ; le plus souvent, le mot éveille plusieurs idées différentes, et même disparates, qui tantôt se succèdent régulièrement, tantôt se combinent et s’embrouillent les unes dans les autres ; le nombre de ces idées eût augmenté, si l’on avait permis une attente plus longue ; les constatations que nous faisons supposent une idéation qui dure en moyenne de 5 à 7 secondes, temps moyen de réaction que nos sujets ont adopté spontanément. Il est probable que cette richesse d’idéation tient à ce que chaque fois on appelle fortement l’attention du sujet sur le sens d’un mot particulier, qui lui est présenté à l’état d’isolement. Ce sont des conditions un peu anormales, et qui nous éloignent du cours ordinaire des pensées. À ce point de vue, ce test est plus factice que le test de la recherche des mots.

Comment se fait le passage du mot à l’idée ? Théoriquement, on supposera que le passage est direct et se fait par association d’idées ; le mot chien est associé à une certaine image, et si on prononce devant vous le mot, l’image est suggérée. J’admets volontiers que la pensée suit quelquefois ce raccourci, surtout dans les moments de distraction et d’automatisme ; mais dans nos expériences, où l’attention est éveillée, où on a l’intention bien arrêtée d’avance de tirer de chaque mot toute sa substance idéale, les choses sont plus compliquées : ce n’est pas une simple association d’idées qui fonctionne. L’opération ne peut être reconstituée qu’en utilisant les analyses partielles fournies par les deux fillettes ; jamais elles n’en ont donné une description synthétique, et je ne la leur demandais pas ; en groupant des observations fragmentaires, je suis arrivé à admettre que l’opération totale comprend 4 phases, qui sont : 1o  l’audition du mot ; 2o  la perception de son sens ; 3o  un effort pour évoquer une image ou préciser une pensée ; 4o  l’apparition de l’image.

Donc, le premier fait, c’était l’audition du mot ; elle précède la perception du sens, c’est logique ; on pourrait croire, on a même affirmé[2] que les deux faits se suivent si rapidement que leur distinction n’est pas sentie. Armande n’est pas de cet avis. « D’abord, me dit-elle un jour spontanément, le mot ne me dit rien par lui-même. Je n’entends que le son, comme si c’était n’importe quoi — j’entends le mot, sans que je le comprenne pour ainsi dire. » Au début des expériences, avec elle cette période de sécheresse était très gênante ; Armande fixait involontairement son attention sur moi, sur ma manière de prononcer le mot, même lorsqu’il s’agissait d’un terme tout à fait familier, et elle répétait alors avec un léger agacement : « Mais je ne me représente rien, les idées ne me viennent pas ; » ou encore « Je me représente le mot ; » elle avait dans ce cas une image visuelle typographique.

La seconde phase est celle où l’on comprend le mot sans rien se représenter. « On comprend le mot, dit encore Armande, cela signifie que le mot paraît familier, on s’y habitue : on se le répète sans penser à rien de particulier. »

Puis, troisième étape, il y a un travail intellectuel, un effort pour avoir une idée précise. Je dis à Marguerite le mot chapeau. Elle répond : « Quand tu m’as dit ce mot, je ne me suis rien représenté du tout. Puis, je me suis demandé à quel chapeau je pourrais penser. J’ai pensé à notre chapeau bleu. » Quelques instants après, elle ajoute : « Pour chapeau, je me suis dit : Voyons, chapeau, qu’est-ce que je vais penser ? Je vais penser à notre chapeau. Mais je ne me le représentais pas d’abord. » À une autre occasion, elle fait cette remarque générale : « J’ai d’abord le souci d’appliquer le mot à un objet ; » une autre fois, elle donne une description très claire de cet aiguillage de la pensée. Je viens de lui dire le mot voiture. C’est le premier mot de la première série d’expériences que je fais avec elle.

Marguerite, après une hésitation, dit : « Eh bien, la mère R…, mettons (la mère R… est un cocher de village) ; quand tu dis un mot, je me demande à quoi il faut que je pense. Exemple : pour voiture ; faut-il penser à l’omnibus qui passe ici, ou bien à la voiture de la mère R… ? — D. Tu penses donc à la fois à ces deux espèces de voitures ? — R. C’est une pensée tout à fait volontaire. Tu dis le mot : Voiture. Je me dis alors : faut-il que j’aie pensé à un fiacre, ou à autre chose ? Je ne pense pas naturellement. Je ne sais pas même m’expliquer. » Nous trouvons au contraire que Marguerite s’explique à merveille. On ne saurait mieux dire que son idéation ne va pas à la dérive, comme dans la rêverie, mais subit une direction volontaire, une adaptation raisonnée. De là une petite conséquence bien curieuse : les scrupules de Marguerite. D’abord, elle ne se sent pas certaine de diriger son idéation de la manière qui est nécessaire ; puis il lui semble que ce n’est même pas une expérience. Puisqu’elle est maîtresse de penser à ce qu’elle veut, semble-t-elle dire, comment peut-on trouver là dedans un objet d’étude ? Comment peut-on s’arrêter à l’examen de l’une de ces idées, puisqu’elle aurait pu tout aussi bien en évoquer une autre ?

Il reste cependant une obscurité dans l’explication précédente. Marguerite ne nous a point appris si elle hésite entre plusieurs pensées, ou entre plusieurs images. Armande a été plus claire ; elle nous dit : « Il n’y a pas encore d’images (au moment de ce choix) et je sais pourquoi il n’y en a pas ; quand il y a plusieurs choses à chercher, par exemple maison, il y a plusieurs maisons, il faut choisir ; alors, j’y pense sans rien me représenter comme image. » Au reste, je ne puis pas affirmer que cet effort de direction sur l’image soit toujours déployé ; il est probable que, dans certains cas, l’image se présente toute seule, sans être appelée.

Quoi qu’il en soit, examinons maintenant le point d’aboutissement de ce travail mental, et comparons les deux sœurs.

L’idéation de Marguerite ne diffère pas, en nature, de celle que le test sur la recherche des mots nous a fait connaître. Je trouve, en analysant deux ou trois séries prises en novembre 1900 :

Nombre de souvenirs, 50 ;

Nombre d’objets présents, 14 ;

Nombre d’objets appartenant à sa personne, 6 ;

Nombre d’objets vagues (sans détermination d’individualité), 7 ;

Nombre de représentations inconscientes, 3;

Nombre de représentations fictives, 1 ;

Ce sont donc, chez Marguerite, les souvenirs qui dominent. Ces souvenirs sont de plusieurs sortes ; il en est un petit nombre qui proviennent de lectures, de gravures, de chansons, j’en compte 7 ; pour les autres, ils concernent soit des lieux, soit des personnes, soit des événements connus de moi, et ils peuvent être facilement datés. Je les divise en 3 groupes pour la commodité de la comparaison avec l’idéation d’Armande ; les souvenirs récents, qui ne remontent pas plus loin que le 20 octobre, date de notre retour à M…, notre séjour d’hiver ; il y a 24 souvenirs de ce groupe ; les souvenirs concernant notre séjour à S…, qui a eu lieu du 20 juillet au 20 octobre ; il y a 12 souvenirs de ce groupe ; enfin, les souvenirs anciens, antérieurs au 20 juillet ; ce dernier groupe, le plus pauvre de tous, ne compte que S souvenirs. Cela confirme une remarque que nous avons déjà faite précédemment : Marguerite évoque plus souvent des souvenirs récents ; elle ne perd pas pied dans le passé. Ainsi, lorsque j’ai fait mes premières expériences sur la recherche des mots, nous étions à S…, et les souvenirs relatifs à ce séjour d’été arrivaient en foule ; maintenant, voici l’hiver ; au moment où j’expérimente, nous sommes de retour à M… ; ce sont les idées relatives à M… qui prédominent, les souvenirs récents, ceux d’aujourd’hui, d’hier, ceux qui sont comme en continuité avec le milieu présent et constituent le passé immédiat. Je cite à l’appui un fait bien curieux ; parmi les mots que Marguerite a lus ou entendus, il en est cinq qui ont éveillé simultanément des souvenirs de S… et des souvenirs de M… ; ces mots sont les suivants : gare, clocher, pluie, voisinage, forêt ; or, pour ces cinq mots, ce sont les souvenirs de M…, séjour actuel, qui ont émergé les premiers ; les souvenirs de S…, quitté 20 jours avant, ne sont venus qu’ensuite.

Les objets présents figurent pour un nombre assez considérable, 14 ; ce nombre, par lui-même, n’a, bien entendu, aucune valeur, puisqu’il dépend nécessairement du choix des mots inducteurs que nous avons prononcés devant Marguerite, et que ce choix est arbitraire ; je le dis considérable, parce que je le compare à celui d’Armande ; enfin 5 fois Marguerite s’est préoccupée de sa personne, montrant ainsi qu’elle conserve toujours, non seulement une attache avec le monde extérieur, mais le sentiment vif de sa personnalité.

Les autres images sont bien pauvrement représentées. Il n’y a que 7 images abstraites ; il faut entendre par là des images se rapportant à des objets qui ne sont pas déterminés individuellement. Il y a eu aussi 3 images inconscientes ou demi-conscientes, assez curieuses ; dans l’une, le mot chien a éveillé le nom de notre chien, que Marguerite a dit sans y penser ; dans le second cas, le mot pompe a fait penser au jardin d’un voisin qui a cassé sa pompe ; mais la pompe elle-même ne figurait pas dans l’image. Enfin, il y a eu une image fictive (pour le mot satisfaction), représentant un gros homme à air réjoui. En résumé, dans cette épreuve, Marguerite se montre à nous avec les caractéristiques suivantes : tendance à n’évoquer que des souvenirs récents, attachement continu au monde extérieur actuel, sentiment vif de sa personne.

L’idéation d’Armande est un peu plus difficile à analyser, à cause de l’action perturbatrice qu’a produite l’audition des mots que je prononçais ; pendant toute la série auditive des épreuves, Armande a souvent répété qu’elle ne se représentait rien, et qu’elle était troublée par le son de ma voix ; j’ai donc dû lui montrer les mots, au lieu de les prononcer ; mais, ensuite, j’ai pu revenir au premier procédé, parce qu’elle s’est habituée à m’entendre.

Voici comment on peut classer les produits de son idéation pour des mots identiques à ceux donnés à sa sœur :

Nombre de souvenirs : 42.

Nombre d’objets présents : 1.

Nombre d’objets appartenant à la personne : 1.

Nombre d’objets vagues, abstraits : 9.

Nombre de représentations inconscientes : 5.

Nombre de représentations fictives : 5.

Nombre de représentations verbales : 6.

Nous analyserons cette idéation en la comparant avec celle de Marguerite.

Tout d’abord, ce qui domine, ce sont les souvenirs ; il y en a 42 ; mais l’analyse montre que la matière dont ils sont faits n’est pas de même nature que chez Marguerite : les souvenirs de lieu ne sont pas aussi abondants. Il y a d’abord 15 souvenirs de lecture, gravure, chanson ; ceux-ci éliminés, il reste seulement 27 souvenirs de vie courante, et si on divise ces souvenirs en récents, moins récents et anciens, on trouve des proportions tout autres que chez Marguerite ; les souvenirs récents sont au nombre de 11, ceux moins récents sont au nombre de 6, les anciens sont au nombre de 10. Ces nombres, cela va sans dire, n’ont qu’une valeur de comparaison ; ils montrent que, chez Armande, le passé immédiat n’a pas une action prédominante ; Armande s’enfonce volontiers dans le passé, elle remonte loin ; ainsi le mot foule rappelle à Marguerite la foule du marché aux chiens que nous avons visité une semaine auparavant, tandis qu’Armande se représente la foule acclamant le Czar rue Soufflot, il y a plusieurs années ; le mot poussière fait songer Marguerite aux routes poussiéreuses de la forêt qu’elle a parcourues à bicyclette cet été ; au contraire, Armande évoque le souvenir d’un incident minuscule de chemin de fer, incident qui date de 2 à 3 ans ; le mot gare donne à Marguerite l’idée de la gare, qui est à 20 pas de notre maison ; ce même mot donne à Armande le souvenir d’une charade avec le mot cigare, qui a été jouée trois ans avant ; c’est un souvenir d’autre nature et bien plus complexe.

Mieux encore, le mot cheveux, qu’on dit à Marguerite, la fait penser à la chevelure de son amie C…, qu’elle vient de quitter, tandis que la pensée d’Armande va chercher un médaillon avec paysage en cheveux qu’elle n’a pas vu de la journée.

Les objets présents, si nombreux dans les réponses de Marguerite, sont ici réduits à 1, et les objets personnels à 1. Encore une fois, Armande se montre insensible au monde extérieur qui l’entoure et détachée de sa personnalité physique. C’est une confirmation bien intéressante du test sur la recherche des mots.

En revanche, son idéation abstraite paraît s’être considérablement amoindrie ; je compte seulement 9 images abstraites et 5 images inconscientes (elle a pensé à une main, par exemple, ou à l’amertume, ou à un impôt, sans rien se représenter). Je m’attendais, je l’avoue, à une idéation abstraite beaucoup plus abondante. J’attribue cette diminution à la forme même de l’expérience, qui, fixant l’attention sur le mot, oblige à en préciser le sens. Les images fictives sont relativement nombreuses et bien définies ; enfin, il y a eu 6 représentations purement verbales (pour Menton, Pompéi, main, éléphant, mur, larmes) et c’est d’autant plus important à noter que Marguerite n’a donné presque aucune représentation verbale. En additionnant les images fictives, verbales, inconscientes et abstraites, on arrive à un total de 25 ; la même catégorie n’était représentée, pour Marguerite, que par 10.

En résumé, Armande a montré les caractéristiques suivantes : tendance à évoquer autant de souvenirs anciens que de souvenirs récents, détachement du milieu extérieur et de sa personnalité, apparition de quelques images verbales.


  1. Ce sont ces définitions qu’on obtient des petits enfants quand on leur donne des noms d’objets et qu’on leur demande « qu’est-ce que c’est ? »
  2. Berkeley, par exemple, écrit : « Nous n’entendons pas plus tôt prononcer à nos oreilles les mots d’une langue qui nous est familière qu’aussitôt les idées qui y correspondent se présentent d’elles-mêmes à notre esprit ; c’est absolument dans le même moment que le son et sa signification pénètrent dans l’entendement, si intimement liés qu’il ne dépend pas de nous d’écarter l’un des deux, sans que cela même exclue l’autre également. » Nouvelle théorie de la vision, p. 51, trad. franç. ; cité par Dugas.