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L’évolution des mondes/08

La bibliothèque libre.
Traduction par Théophile Seyrig.
Librairie polytechnique Ch. Béranger, éditeur (p. 226-246).
LA VIE DANS L’ÉTENDUE DE L’UNIVERS

VIII

LA VIE DANS L’ÉTENDUE DE L’UNIVERS

Nous venons de voir combien il est probable que les systèmes solaires proviennent de l’évolution des nébuleuses et que les nébuleuses soient le résultat du choc des soleils. Nous avons également admis comme probable qu’il circule, autour des soleils reconstitués à nouveau, de plus petits corps célestes qui se refroidissent plus rapidement que le soleil central. Après que ceux-ci se sont recouverts d’une croûte solide, en partie occupée par des océans, ils peuvent, dans des conditions favorables, devenir porteurs de la vie organique comme la terre, et comme il est probable pour Mars et Vénus. Ils auront ainsi pour nous un intérêt particulier, plus grand que si nous devions nous les représenter seulement comme une matière sans vie.

Une question se présente, par conséquent, tout naturellement : celle de savoir si la vie peut réellement apparaître à la surface d’un corps céleste, dès que les conditions y seront de nature à favoriser son développement et son extension. C’est la question dont nous voulons nous occuper dans ce dernier chapitre.

Dès les temps les plus reculés, la réflexion et l’étude des phénomènes de la vie organique doivent avoir rendu l’homme attentif à ce fait que tous les êtres vivants sont procréés et qu’après un certain temps, plus ou moins long, ils finissent par la mort. — Plus tard, mais encore dans une période très primitive, l’expérience doit avoir fait comprendre que des organismes d’une espèce donnée ne peuvent produire que d’autres organismes semblables. En d’autres mots, que les espèces sont invariables. On se représentait que toutes les espèces étaient, à l’origine, sorties de la main du Créateur, avec leur constitution actuelle. Cette façon de voir est sans doute encore aujourd’hui la plus répandue, que l’on peut appeler orthodoxe.

Cette conception est souvent attribuée à Linné, parce que dans la cinquième édition de son Genus plantarum il s’y tient strictement en s’exprimant comme suit : « Species tot sunt quot diversas formas ab initio produxit Infinitum Ens, quæ deinde formæ secundum generationis inditas leges produxere plures, at sibi semper similes, ut species nunc nobis non sint plures quam fuere ab initio. » Autrement dit, « Il existe autant d’espèces qu’il a plu à l’Être Infini de créer de formes diverses à l’origine. Par la suite ces espèces en ont, suivant les lois de la reproduction, produit d’autres, toujours semblables à elles-mêmes, de manière que nous n’avons pas aujourd’hui plus d’espèces que dès l’origine. »

Mais déjà à ce moment le temps était venu, d’une conception moins rigide de la nature, que le progrès a amené petit à petit à nos vues actuelles. Les premières bases de la loi de l’évolution dans les sciences biologiques furent jetées par Lamarck, en 1794, par Treviranus (1809), par Gœthe et par Oken (1820). Une réaction se produisit sous l’autorité de Cuvier qui ramena l’opinion générale à son point de vue ancien. Il admettait que les êtres, aujourd’hui disparus, et qui nous sont connus par les époques géologiques passées, avaient été victimes des cataclysmes de la nature, après lesquels de nouvelles espèces avaient surgi à la suite de nouveaux actes créateurs.

Un revirement s’est cependant produit contre cette manière très générale de voir. Il a été très rapide dans les dernières dizaines d’années, par suite de la grande extension de la doctrine de l’évolution, surtout depuis que l’immortel Charles Darwin l’a développée dans ses ouvrages.

Cette doctrine veut que les espèces s’accommodent, dans le cours des temps, aux conditions extérieures. Petit à petit leur variation peut devenir si grande, que l’on peut dire qu’une espèce nouvelle est procédée d’une plus ancienne. Cette opinion s’est même précisée et fortifiée dans ces derniers temps, par les travaux de De Vries. Nous pouvons dire aujourd’hui qu’il y a des cas où, sous nos yeux, il se crée des espèces nouvelles, provenant en quelque sorte brusquement des anciennes. Cette doctrine a pris le nom de théorie de la mutation.

Nous sommes donc aujourd’hui arrivés à penser que les êtres organisés vivants, que nous voyons autour de nous, proviennent tous d’organismes plus anciens, qui leur étaient passablement dissemblables, et dont nous trouvons des traces et des restes dans les dépôts géologiques antérieurs à nous, qui se sont déposés depuis des millions et des millions d’années. Ce point de vue permet de croire que tous les êtres organisés descendent d’un être vivant primitif, extrêmement simple, ou plus probablement de quelques individus peu nombreux. Comment cet être unique, ou ces rares organismes primitifs sont-ils venus à l’existence sur la terre, c’est ce qui reste encore à découvrir.

La conception la plus usuelle, qui était déjà celle des anciens, veut sans doute que des êtres inférieurs puissent naître sans provenir d’un germe. On avait remarqué que des êtres vivants très inférieurs, des larves, etc., se montraient sur de la viande corrompue : — Virgile en parle dans ses Géorgiques. Cette opinion s’est maintenue très universellement jusqu’au xviie siècle, où elle fut combattue par de nombreuses expériences, entre autres celles de Swammerdam et de Leeuwenhoek. La doctrine de la génération spontanée refleurit cependant lorsqu’on eut découvert les infusoires, ces petits organismes vivants que l’on trouve dans des liquides ayant bouilli, ou dans des infusions, sans qu’on puisse, à première vue, en donner aucune raison. Spallanzani prouva cependant, en 1777, que si ces infusions et le vase qui les contient, ainsi que l’air dans lequel ils se trouvent, ont été suffisamment chauffés pour tuer tous les germes, le tout restait stérile, c’est-à-dire qu’aucun être vivant ne fait plus son apparition. Cette observation est, aujourd’hui encore, le principe qui sert dans la fabrication des conserves.

On opposa des objections à cette démonstration. On dit que, par le chauffage, l’air s’altérait si profondément que le développement des petits êtres en était rendu impossible. Mais ces objections furent réfutées par les chimistes Chevreul et Pasteur, puis par le physicien Tyndall dans les années 1860 à 1880. Ils firent la preuve que l’air, débarrassé de ses plus petits germes autrement que par un fort échauffement, par exemple par la filtration à travers du coton, ne peut plus causer le développement d’aucun germe. Ce sont tout particulièrement les travaux du grand Pasteur et ses méthodes de stérilisation dont l’application est continuelle dans le laboratoire de bactériologie, qui nous ont de plus en plus contraints à reconnaître qu’un germe est indispensable à la production de la vie.

Néanmoins on voit encore toujours des chercheurs éminents s’efforcer de prouver la possibilité de la génération spontanée. Ils ne se servent pas pour cela de la méthode si sûre des sciences naturelles, mais ils recourent à un mode de raisonnement philosophique. La vie, disent-ils, doit avoir eu un commencement ; c’est pourquoi il faut bien croire que la génération spontanée doit avoir existé au moins une fois, bien que nous ne puissions plus la réaliser dans les conditions actuelles. Il y eut grande émotion lorsque le célèbre physiologiste anglais Huxley crut trouver dans la vase retirée du fond des mers un certain corps albuminoïde, auquel il donna le nom de Bathybius Haeckelii en l’honneur de l’ardent darwiniste allemand Haeckel. On crut pendant longtemps avoir trouvé, dans ce Bathybius (ou organisme des profondeurs) le plasma primitif, qui aurait pu servir d’origine à tous les êtres vivants, et dont Oken avait déjà rêvé. Les recherches ultérieures du chimiste Buchanan ont cependant prouvé que le corps qui, dans ce plasma, paraissait être de l’albumine, n’était que des flocons de plâtre précipité par l’alcool.

On eut ensuite recours à des explications vraiment pleines de fantaisie. On soutint que la vie pouvait peut-être avoir eu son origine dans la masse incandescente de l’intérieur de la terre. Une température très élevée pouvait être cause de la formation de combinaisons organiques telles que des composés du cyanogène et leurs dérivés, qui seraient devenus les points de départ de la vie (Pflüger). On n’est que peu tenté de s’occuper de rêves semblables, avant qu’ils n’arrivent à s’appuyer sur quelque base expérimentale.

Il ne se passe guère d’année sans que la littérature biologique nous apporte quelque affirmation qu’on est enfin parvenu à animer de la matière morte. Parmi les plus récentes d’entre elles, une découverte du Dr Burke a attiré le plus d’attention. Il affirmait qu’à l’aide de cette matière merveilleuse, le radium, il avait réussi à faire naître de la vie dans une matière inerte, dans de la gélatine. La froide critique a cependant vite fait de rejeter cette affirmation, comme tant d’autres, dans le pays des fables.

Il nous faut donc bien nous ranger à l’opinion que le grand physicien Lord Kelvin formulait sur ce sujet comme suit : « Une très vieille opinion, à laquelle se rangent encore un grand nombre de naturalistes, veut que, dans des conditions météorologiques peu semblables à celles d’aujourd’hui, de la matière morte se soit « combinée », ou « cristallisée », ou qu’elle ait « fermenté » pour former des « germes de vie », ou encore des « cellules organiques », ou du « protoplasma ». La science nous fournit cependant en nombre considérable des preuves induites contre cette hypothèse de la génération spontanée. De la matière sans vie ne peut pas acquérir de la vitalité, sans l’influence de matière déjà animée. Cela me semble être un principe scientifique tout aussi certain que la loi de la gravitation universelle. »

Bien que cette dernière expression puisse sembler quelque peu exagérée, elle montre cependant combien péremptoire est, aux yeux de bien des hommes de science, la nécessité de chercher une autre issue pour sortir de difficulté. Nous en trouvons un dans la théorie de la « Panspermie » suivant laquelle des germes de vie remplissent les espaces de l’univers, rencontrent les planètes errantes, et remplissent leur surface de vie, dès que les conditions nécessaires à l’existence des organismes s’y trouvent réunies.

Ce point de vue semble avoir de très anciens précurseurs. On trouve des affirmations dans ce sens déjà chez Sales-Guyon de Montlivault (1821) qui émit l’hypothèse que des germes venus de la lune avaient éveillé pour la première fois la vie à la surface de notre terre. En Allemagne, un médecin, le Dr H. E. Richter, a cherché à compléter les théories de Darwin en y ajoutant l’idée de la panspermie (1865). Le livre de Flammarion sur la pluralité des mondes habités le conduisit à cette idée que des germes venus d’un autre monde habité pourraient être parvenus jusqu’au nôtre. Il appuie sur ce fait que l’on trouve dans des météorites, dont les orbites ressemblent à celles de certaines comètes vagabondes, du charbon, qu’il considère comme des restes d’êtres organisés. Ce point de vue n’est cependant appuyé d’aucune preuve ; le charbon trouvé dans les pierres météoriques n’a jamais présenté la moindre trace de structure organique, et l’on admettra sans peine qu’il existe du carbone d’origine inorganique, puisqu’on en reconnaît par exemple dans le soleil. Une autre des idées de Richter est encore plus aventurée, quand il suppose que des organismes flottant très haut dans l’air peuvent être attirés par un météore passant, et se trouver ainsi lancés dans l’espace et portés jusqu’à d’autres corps célestes. Si, malgré tout, une météorite pouvait porter à sa surface des germes susceptibles de vie, ils seraient certainement brûlés dans l’atmosphère de la terre, ou de tout autre planète similaire, lors de sa chute.

Sur un point, toutefois, nous devons donner raison à Richter. Son affirmation est pleine de logique lorsqu’il dit ceci : « L’espace mondial est rempli de corps (peut-être suffisait-il de dire qu’il en contient) en voie d’évolution, d’autres déjà mûrs, d’autres enfin mourants, où nous comprenons comme mûrs, ceux qui sont en état d’héberger des organismes vivants. Nous concevons par conséquent l’existence de la vie organique dans l’univers comme éternelle : elle fut de tout temps, elle s’est propagée d’une façon continue, toujours sous la forme d’organismes vivants, de cellules et d’individus composés de cellules. »

Les hommes ont jadis creusé le problème de la création de la matière, mais ils ont abandonné ces spéculations depuis que le progrès a démontré que la matière est indestructible, et ne peut être que transformée. De même que jamais, par des raisons de même ordre que celles concernant la matière, nous ne posons la question de savoir quelle est l’origine de l’énergie de mouvement, de même aussi nous pouvons bien nous habituer à la pensée que la vie a toujours existé, et que c’est un travail inutile de chercher à en connaître l’origine.

Les idées de Richter furent adoptées par le célèbre botaniste Ferdinand Cohn, qui, en 1872, les fit connaître dans une conférence populaire. Mais la plus connue des affirmations dans ce sens est peut-être celle du grand physicien, Sir William Thomson, plus tard Lord Kelvin, qui, en 1871, tenait le langage suivant, dans son discours inaugural du Congrès des naturalistes anglais, à Édimbourg : « Lorsque deux corps célestes se rencontrent dans l’espace, une grande partie des deux entre sûrement en fusion. Mais il semble tout aussi certain que, dans nombre de cas, une quantité d’éclats sont lancés dans l’espace dans toutes les directions. Il se peut que beaucoup d’entre eux ne subissent pas de dommage plus grand que les blocs de roches qui tombent du haut d’une montagne, ou que l’on a fait sauter à l’aide d’un explosif. Si notre terre, dans son état actuel, avec son revêtement de végétation, venait à rencontrer un corps à peu près de même importance, un grand nombre de fragments, grands et petits, porteurs de semences, de plantes vivantes, d’animaux, seraient sans aucun doute dispersés dans l’espace. Comme il a indubitablement existé, depuis des temps infinis, des mondes porteurs d’êtres vivants, nous devons considérer comme fort probable qu’il existe une infinité de pierres météoriques, chargées de germes, errant dans l’espace. Or, s’il n’existait sur la terre aucune forme de vie, une semblable météorite, si elle tombait à sa surface, pourrait faire en sorte que la vie s’y développât. Je sais fort bien que cette hypothèse est sujette à de nombreuses objections scientifiques, et je ne veux pas fatiguer votre attention, en ce moment, à les discuter. Tout ce que je désire dire, c’est ma conviction que ces objections sont susceptibles de réfutation. »

Nous regrettons de ne pas partager sur ce point l’optimisme de Lord Kelvin. Il est tout d’abord douteux que des êtres vivants puissent supporter le formidable choc qui causerait l’écroulement de deux mondes. Ensuite nous savons qu’une météorite tombant sur la terre devient incandescente sur toute sa surface, conséquence de son frottement dans l’atmosphère qu’elle traverse. Toute semence y perd sûrement sa puissance germinative. D’ailleurs les météorites sont constituées d’une façon absolument différente que ne le serait un fragment de la croûte d’une planète analogue à la terre.

Les plantes se développent presque exclusivement dans les couches meubles de la surface terrestre. Un fragment de matière analogue à ces couches, qui viendrait à choir dans l’atmosphère terrestre, y serait réduit, par la résistance de l’air, en une infinité de petits fragments, chacun desquels s’enflammerait à la façon d’une étoile filante. Aucun d’entre eux n’atteindrait la surface du globe sinon sous forme de poussière calcinée.

Une autre difficulté encore : de semblables collisions, qui correspondent, comme nous le croyons, à l’apparition d’étoiles nouvelles, sont, en somme, des phénomènes très rares. Il semble y avoir peu de probabilité que des germes vivants se trouvent véhiculés de cette façon à un endroit déterminé comme notre terre.

La question est entrée, cependant, dans une phase beaucoup plus favorable à l’idée générale, depuis que la pression de radiation a été connue.

Nous avons dit, dans un chapitre précédent, que les corpuscules qui subiraient la plus forte influence de la force répulsive du soleil, auraient, d’après les calculs de Schwarzschild, un diamètre de 0,00016 mm., — à supposer qu’ils fussent sphériques. La première question qui se pose donc, sera celle-ci : Existe-t-il des germes vivants d’une aussi extraordinaire ténuité ? Les botanistes nous répondront que les spores de beaucoup de bactéries ont un diamètre de 0,0003 mm. à 0,0002 mm., et qu’il en existe, sans aucun doute, de beaucoup plus petits encore, bien que nous n’ayons pas encore pu les découvrir à l’aide du microscope. Ainsi, par exemple, la fièvre jaune de l’homme, la rage du chien, la fièvre aphteuse bovine et la maladie mosaïque, qui aux Indes Néerlandaises apparaît sur les feuilles de tabac, sont, sans nul doute, des maladies bactériennes. Leurs microbes n’ont cependant pas encore pu être découverts, sans doute parce qu’ils sont trop petits, et par suite invisibles dans nos meilleurs microscopes[1]. Il est donc très probable qu’il existe des êtres vivants assez petits, pour que la pression de radiation du soleil puisse les renvoyer dans l’espace, où ils pourraient susciter la vie sur des planètes qui lui offriraient un lieu favorable à leur développement.

Essayons, par un calcul sommaire, de nous rendre compte comment un semblable microorganisme pourrait être arraché à la terre et chassé dans l’espace par la force répulsive du soleil. Il y traverserait tout d’abord l’orbite de Mars, puis celles des petites planètes et des planètes extérieures. Après avoir dépassé celle de Neptune, — dernière étape dans le système solaire, — il serait lancé dans l’infini, vers d’autres systèmes solaires. Il n’est pas difficile d’évaluer le temps que mettraient les corpuscules affectés du mouvement le plus rapide, pour faire ce trajet.

Supposons-leur une densité égale à celle de l’eau, ce qui coïncide à peu de chose près avec la réalité. Ils seraient transportés jusqu’à la distance de l’orbite de Mars dans une vingtaine de jours, à celle de Jupiter en 80 jours, et à celle de Neptune en 14 mois. Le système solaire le plus proche de nous, celui de α du Centaure, serait atteint au bout de 9 000 ans.

Ces calculs ont été faits en admettant que la force répulsive du soleil est de quatre fois supérieure à celle de la gravitation, ce qui serait à peu près le cas, suivant les données numériques de Schwarzschild[2].

Les durées de trajet indiquées pour atteindre une autre planète de notre système ne sont pas si longues, que le germe vital en cause ne puisse avoir conservé sa puissance germinative. Il en est différemment pour la longue durée de quelques milliers d’années que suppose le trajet d’un système planétaire à un autre. Mais, ainsi que nous le dirons plus loin, la température extrêmement basse (environ ‒220° C) des régions interstellaires a pour effet de suspendre à peu près toutes les réactions chimiques, et conséquemment aussi la disparition de la faculté germinative.

On a jadis affirmé couramment, à propos de la durée de cette faculté, dans les conditions ordinaires de température, que les céréales appelées « Blé des momies », qui ont été trouvées dans les anciennes sépultures égyptiennes, avaient encore de la vitalité. La critique a prouvé que les renseignements donnés par les Arabes sur les origines de ces découvertes étaient fort sujets à caution. Par contre, un savant français, M. Baudoin, a montré que des bactéries susceptibles de germer avaient été reconnues dans une sépulture romaine, qui, sûrement, était restée intacte pendant 1 800 ans. Peut-être faut-il néanmoins accueillir encore avec précaution cette affirmation. Mais, ce qui est absolument certain, c’est que des graines de certaines plantes d’ordre supérieur, aussi bien que des spores de quelques bactéries, du sang de rate par exemple, peuvent conserver leur vitalité pendant une vingtaine d’années. C’est une durée bien plus longue que celles indiquées plus haut pour les trajets interplanétaires.

En quittant notre globe, un germe vital serait exposé pendant un mois environ à une forte lumière solaire. Or on a démontré que les rayons les plus réfrangibles de cette lumière tuent, dans un temps relativement court, les bactéries et leurs spores. Mais les expériences faites sur ces spores l’ont en général été dans des conditions où ceux-ci pouvaient germer, se trouvant placées sur une matière humide. (Nous faisons ici allusion aux travaux de Marshall-Ward.) Cela ne correspond en aucune façon aux conditions de l’espace interplanétaire où se trouveraient les spores que nous considérons. Roux a, par contre, fait voir que des germes du sang de rate, qui sont rapidement tués par la lumière quand l’air atmosphérique les baigne, résistent au contraire, pleins de vie, lorsqu’ils sont privés d’air. Un grand nombre de spores ne souffrent que fort peu, ou même pas du tout, d’être frappés par la lumière. Tel est le cas, d’après Duclaux, pour Tyrothrix scaber que l’on trouve dans le lait, et qui vit parfaitement pendant un mois dans l’éclairage d’une forte lumière solaire. Tous les botanistes, que j’ai pu consulter à ce sujet, se sont montrés d’avis que l’on ne peut nullement affirmer avec certitude, que le rayonnement solaire tuerait tous les spores, pendant leur trajet à travers les espaces interplanétaires.

On pourrait objecter encore que ces germes seront exposés, pendant leur transport à travers les espaces, et pendant la majeure partie du temps, à un froid intense, qu’ils ne seront sans doute pas en état de supporter. Quand ils arriveront à l’orbite de Neptune, leur température sera descendue à ‒220° C. Plus loin, elle peut descendre peut-être plus bas encore. Or, on a fait dans ces derniers temps, à l’Institut Jenner à Londres, des expériences sur des spores de bactéries, que l’on a conservés pendant 20 heures dans de l’hydrogène liquide, à ‒252° C. Leur faculté germinative a parfaitement survécu à ce refroidissement.

Le professeur Macfadyen, de Londres, a été plus loin encore. Il a fait voir que des microorganismes peuvent être maintenus pendant six mois à une température d’environ ‒200° C, dans de l’air liquéfié, sans perdre leur faculté germinative.

Il n’est pas improbable qu’à des températures extrêmement basses la puissance germinative se maintient beaucoup plus longtemps qu’aux températures ordinaires de notre globe. Sa disparition repose probablement sur quelque réaction chimique, et toutes ces réactions se font en général beaucoup plus lentement à mesure que la température diminue. Les fonctions vitales s’intensifient à peu près dans le rapport de 1 à 2,5 quand la température s’élève de 10 degrés. Quand, par conséquent, les spores, dans leur voyage, auraient atteint l’orbite de Neptune, et que leur température serait descendue à ‒220 degrés, les réactions vitales se feraient avec une intensité d’environ un milliard de fois moins grande qu’à 10° C. La puissance germinative ne diminuerait donc pas à ‒220 degrés dans l’espace de 3 millions d’années, plus que dans une seule journée à 10 degrés. Il n’est pas improbable que le froid intense qui règne dans les espaces stellaires soit puissamment conservateur à l’égard des germes repoussés au loin. Ces germes seraient ainsi en état de supporter des trajets infiniment plus longs que nous ne serions portés à le supposer d’après leurs conditions d’existence aux températures qui nous sont normales.

MM. Madsen et Nyman, ainsi que MM. Paul et Prall, ont fait un certain nombre d’expériences très remarquables sur l’influence de la température dans l’extinction de la vie. Les premiers ont cherché la résistance des spores du sang de rate, à des températures variées au dessous de zéro. Lorsqu’elle était basse, par exemple dans une cave à glace, les spores se conservaient en vie pendant des mois, sans rien perdre sensiblement de leur faculté de développement. À 100 degrés, au contraire, elles périssaient en quelques heures. Ce qu’il y a de remarquable ici, c’est que la température a la même influence que sur d’autres fonctions vitales, de manière que le développement se fait environ deux fois et demie plus vite quand la température s’élève de 10 degrés. Ceci est d’ailleurs à peu près conforme à l’hypothèse que j’ai mise à la base de mes calculs sur la faculté germinative par des températures très basses.

Tandis que ces expériences étaient faites pour des températures supérieures à zéro, celles de Paul et Prall se rapportaient en partie au point d’ébullition de l’air liquide (‒190° C). On employa dans ce cas des formes végétales, à l’état sec (et non des spores), de Staphylocoques, qui sont des bactéries. Tandis qu’à la température ambiante d’une chambre ces êtres mouraient après trois jours environ, leur vitalité n’était pas diminuée d’une façon sensible après des mois, à la température de l’air liquide. C’est là une preuve particulièrement frappante du pouvoir de conservation des grands froids sur la faculté vitale. Ce froid est cependant plus intense encore dans les espaces qui séparent les divers systèmes solaires entre eux.

Il en est sensiblement de même au point de vue de la dessiccation, dont l’action est si nuisible sur les plantes. Les espaces interplanétaires, où règne le vide, sont naturellement d’une sécheresse absolue. Les recherches de B. Schroeder ont fait voir qu’une algue verte que l’on trouve généralement sur des écorces d’arbres, le Pleurococcus vulgaris peut être conservé pendant 20 semaines dans une absence d’humidité que l’on peut qualifier absolue, (au-dessus de l’acide sulfurique concentré, dans un appareil à dessécher) sans perdre sa faculté vitale. Il est probable que certaines graines et des spores pourraient supporter de plus longues sécheresses encore.

La tension de la vapeur d’eau diminue avec la température à peu près dans les mêmes proportions que l’énergie des réactions chimiques, dont il a été question plus haut. L’évaporation de l’eau, c’est-à-dire la dessiccation, n’augmentera donc pas, à la température de ‒220° C, en 3 millions d’années, plus qu’en un jour où la température serait de 10 degrés. Dans ces conditions on est conduit à admettre que les spores, dont la résistance à la dessiccation est particulièrement grande, peuvent parfaitement voyager d’une planète à une autre, et même d’un système planétaire à un autre, tout en conservant intégralement leur vitalité.

L’effet mortel de la lumière sur les spores semble être causé, suivant les travaux de Roux, par une oxydation que produit le milieu atmosphérique ambiant. Dans les espaces interplanétaires cette cause disparaît. En outre, à la distance de l’orbite de Neptune, la radiation du soleil est 900 fois moins forte qu’à la distance de la terre au soleil. À mi-distance de l’étoile fixe la plus proche, α du Centaure, cette radiation est vingt milliards de fois moins puissante encore. Sa lumière semble ainsi devoir être à peu près sans danger pendant le trajet des spores.

Si donc les germes des plus petits organismes de notre globe pouvaient se détacher de lui, ils se répandraient de tous côtés, et l’univers en serait en quelque sorte ensemencé. Mais ici se présente la question : comment peuvent-ils se dégager de l’effet de la pesanteur terrestre ? D’aussi petits corpuscules, légers comme ils le sont, peuvent être facilement entraînés par les courants aériens. Une gouttelette de pluie, d’un diamètre d’un cinquantième de millimètre, tombe vers la surface de la terre, par une pression atmosphérique moyenne, à raison de 4 centimètres par seconde. Cela permet de calculer qu’un spore de bactérie, dont le diamètre ne serait que de 0,00016 mm., ne tomberait que de 83 mètres dans l’espace d’une année. Il en résulte que des corps aussi petits suivront inévitablement tous les courants atmosphériques, et pourront monter jusque dans les régions où l’air est très raréfié. Un courant d’air, qui aurait 2 mètres de vitesse par seconde, les enlèverait facilement à une hauteur où la pression ne serait plus que de un millième de millimètre de mercure c’est-à-dire à environ 100 kilomètres d’altitude. Aucun mouvement de l’air ne saurait cependant les expulser de l’atmosphère.

Pour expliquer que des spores puissent s’éloigner encore davantage de la terre, il faut donc l’intervention d’autres forces. Nous savons déjà que les actions électriques peuvent nous sortir de beaucoup de difficultés. À des hauteurs telles que 100 kilomètres, nous trouvons les phénomènes de radiation des aurores. Or, nous croyons que ces aurores sont causées par les décharges électriques de grandes quantités de poussières chargées négativement, et provenant du soleil. Si donc un spore venant de la surface terrestre se charge d’électricité négative par suite de sa rencontre avec ces poussières, il peut être à son tour renvoyé vers l’océan d’éther par la répulsion des autres particules identiquement chargées.

Supposons maintenant, suivant les théories de la science moderne, que des charges électriques aient une limite de divisibilité, tout comme la matière elle-même, et qu’on arrive à un minimum de charge. On peut l’évaluer à environ 3,5×10‒10 unités électro-statiques.

On peut alors calculer sans peine quelle doit être la puissance d’un champ électrique suffisant pour repousser plus loin, en sens inverse de la pesanteur, un spore chargé comme nous venons de le dire, et dont le diamètre est de 0,00016 mm. On trouvera qu’il suffit pour cela d’un champ de 200 volts par mètre. On constate souvent des champs électriques de cette intensité, à la surface de la terre, lorsque l’air est pur et le ciel clair. À Potsdam, la valeur moyenne de la chute de potentiel est de 242 volts par mètre. Dans la région des aurores, ce champ est vraisemblablement beaucoup plus énergique et suffit sans doute très bien pour contrebalancer l’effet de l’attraction terrestre sur les spores arrivés à ces hauteurs, et pour les expédier plus loin dans l’espace mondial.

Il devient ainsi probable que des germes, appartenant aux organismes les plus inférieurs qui nous soient connus sur la terre, sont continuellement projetés loin de la terre, comme aussi de telle autre planète où ils pourraient exister. Tout comme dans les germes, la plupart de ces spores vont au-devant de la mort dans les espaces si froids de l’étendue infinie qui nous entoure ; mais une faible fraction d’entre eux peut parfaitement tomber sur d’autres corps célestes et y propager la vie si des conditions favorables s’y trouvent réunies. En général ce ne sera pas le cas. D’autres fois, il se peut qu’ils tombent sur un sol fertile. Et lors même qu’il s’écoulerait des millions d’années entre le moment où une planète est susceptible de devenir un véhicule de vie, et celui où un premier germe y tombe et fructifie, pour en prendre possession pour la vie organique, cela est encore peu de chose relativement à la durée pendant laquelle cette vie pourra y subsister en plein développement.

Les germes minuscules qui sont, de cette façon, répandus par les planètes, où leurs ancêtres avaient élu domicile, peuvent ou bien voyager librement à travers les espaces, ou bien atteindre, comme il vient d’être indiqué, des planètes plus lointaines, ou enfin des systèmes planétaires formés autour d’autres soleils. Ils peuvent encore rencontrer d’autres particules poussiéreuses plus importantes qui de leur côté retombent dans la direction du Ainsi, dans la partie de la lumière zodiacale que l’on appelle le « reflet » (Gegenschein) que l’on observe régulièrement dans les tropiques, — plus rarement chez nous —, et qui se trouve juste en opposition avec le soleil, les astronomes disent avoir reconnu des torrents de poussières extrêmement fines, qui, par suite de la force de la gravitation, se précipitent vers le soleil (Comp. p. 160).

Admettons maintenant qu’un germe de 0,00016 mm. de diamètre rencontre un de ces grains de poussière, dont le diamètre, dix fois plus grand, ne soit cependant que de 0,0016 mm., dont le volume soit par conséquent mille fois plus grand, et qu’il s’attache à sa surface. Ce germe sera emporté de nouveau dans la direction du soleil. Il repassera par les orbites des planètes intérieures, et il peut se trouver englobé dans l’atmosphère de l’une d’elles.

Ces poussières ne mettent qu’un temps relativement faible pour parvenir d’une orbite planétaire à une autre. Supposons leur vitesse nulle, au moment où elles se trouvent à la distance de Neptune. Le germe pourrait provenir tout aussi bien de l’un des satellites de Neptune que de la terre, car cette planète, tout comme Uranus, Saturne, ou Jupiter, ne sont guère arrivés encore à une température assez basse pour être des séjours de vie. Partant de cette orbite, la poussière mettrait 21 ans pour arriver à celle d’Uranus, et 29 ans pour arriver à celle de Mercure.

Dans des conditions semblables, c’est-à-dire en supposant que leur vitesse initiale soit nulle, ces particules mettraient 12 ans pour faire le trajet entre les orbites d’Uranus et de Saturne, 4 ans entre celles de Saturne et de Jupiter, 2 ans entre Jupiter et Mars, 84 jours entre Mars et la terre, 40 jours entre la terre et Vénus, et 28 jours enfin entre les orbites de Vénus et de Mercure.

On voit, par les durées de chute ainsi calculées, que les germes en question, fixés aux parcelles de poussière, pourraient encore tomber vers le soleil avec une vitesse dix ou vingt fois moins grande sans qu’il fallût craindre la disparition de leur puissance germinative pendant le trajet. En d’autres mots, si les germes se trouvaient liés à des particules dont la pesanteur est neutralisée par la force répulsive dans la proportion de 90 à 95 p. 100 de son intensité, ils pourraient bientôt arriver dans l’atmosphère des planètes intérieures, animés seulement d’une vitesse réduite à quelques kilomètres par seconde. On peut calculer aisément qu’une semblable particule, arrêtée dans sa chute dans l’espace très court d’une seconde, ne s’échaufferait cependant pas de plus de 100 degrés au delà de la température ambiante, et cela, par suite d’un très intense rayonnement. Des spores bactériens peuvent supporter de semblables températures pendant bien plus d’une seconde sans être tués. Après avoir été arrêtées avec les germes qui s’y trouveraient fixés, les poussières tomberaient doucement à la surface de la planète, aidées peut-être par quelque courant d’air descendant.

C’est ainsi que la vie pourrait être rapidement transportée d’un point du système planétaire où elle aurait déjà pris pied, à quelque autre point du même système où elle trouverait des conditions favorables à son développement.

Les germes non fixés par quelques grains de poussière peuvent de leur côté être emportés jusqu’à d’autres systèmes solaires, et finalement arrêtés dans leur course par la force répulsive de ces soleils. Ils ne peuvent pas en approcher plus près qu’à la distance où ils rencontreront une force répulsive égale à celle qui les a mises en mouvement. Des germes provenant de notre globe, qui est cinq fois plus rapproché du soleil que Jupiter, pourraient approcher d’un autre soleil cinq fois plus près que ceux qui auraient eu pour point de départ cette planète.

Le voisinage des soleils qui pourraient retenir, par leur radiation, les germes qui en approchent, et les rejeter vers l’espace, sera évidemment rempli d’une multitude de ces corpuscules. Les planètes qui suivent leurs orbites autour de ces soleils sont évidemment dans des conditions meilleures pour en recueillir, que s’ils ne se trouvaient pas sous la dépendance de ce soleil. De plus, les germes auront à ce moment perdu la vitesse considérable qui les animait pendant leur trajet d’un système à un autre ; en tombant dans l’atmosphère de ces planètes ils s’échaufferont par conséquent beaucoup moins.

Au voisinage des soleils, les germes qui sont repoussés vers l’espace trouvent encore des particules dont le poids est un peu plus grand que la force répulsive de la radiation, et qui par conséquent retournent vers ces astres. Tout comme les germes, ces particules seront retenues dans le voisinage des soleils. Il y a donc une très grande probabilité que ces germes minuscules, par leur fixation sur des poussières, seront empêchés de s’en aller vers l’espace et se trouveront, au contraire, entraînés vers des planètes plus voisines du soleil.

Il est possible que ce soit de cette façon que la vie ait été, depuis des temps infinis, transmise d’un système solaire à l’autre, ou de planète à planète dans un même système. Mais, parmi les billions de grains de pollen que le vent emporte d’un seul arbre, — un pin par exemple, — il n’y en a peut-être qu’un seul qui, en moyenne, devienne le germe d’un arbre nouveau. Il en est de même sans doute pour les germes errants, et un seul entre des billions ou des trillions de germes lancés vers l’infini par la force de radiation trouvera une planète jusque-là sans vie, pour y devenir le point de départ d’organismes multiples.

Cette version de la panspermie nous conduit donc en fin de compte à admettre que les êtres organisés de l’univers entier ont une certaine parenté. Ils consistent en cellules, formées des combinaisons diverses du carbone, de l’hydrogène et de l’azote. Le rêve qui nous fait voir des mondes habités par des êtres vivants, dans la constitution desquels le carbone serait remplacé, par exemple par du silicium ou par du titane, tombe dans le domaine des improbabilités. Il est vraisemblable que la vie, transportée dans d’autres mondes habités, se complaît dans des formes qui doivent être apparentées de près à celles de notre globe.

Nous arrivons donc aussi à cette conclusion que la vie est sans doute obligée à un recommencement perpétuel. Partant des formes les plus inférieures, elle doit parcourir toutes les étapes du développement progressif, absolument comme l’individu, si richement organisé qu’il soit, a pour point de départ une cellule élémentaire.

Toutes ces conclusions s’accordent admirablement avec ce qui, sur la terre, caractérise la vie. On ne saurait se refuser à admettre que, sous cette forme, la doctrine de la panspermie se distingue par une grande harmonie, ce qui est une des meilleures pierres de touche pour la vérité probable d’une doctrine cosmogonique.

Il est peu probable que la justesse de cette doctrine puisse jamais être prouvée directement par l’examen des germes que l’air nous apporte et que nous pouvons recueillir. Les germes qui arriveraient jusqu’à nous, originaires d’autres corps célestes, sont extrêmement peu nombreux. La surface entière de la terre n’en recueille sans doute que quelques-uns par an. Ils ressemblent d’ailleurs probablement beaucoup aux spores monocellulaires d’origine terrestre, qui remplissent l’air en quantités innombrables, et que le vent disperse dans toutes les régions. L’origine « céleste » d’un germe sera difficile sinon impossible à démontrer, même si, contre toute probabilité, quelqu’un d’entre eux devenait l’objet d’une découverte fortuite.


  1. Récemment on a cependant pu apercevoir, à l’aide de l’ultra-microscope, un grand nombre d’êtres organisés, invisibles à l’aide de microscopes ordinaires, parmi eux, entre autres, ce qui est probablement la bactérie de la fièvre aphteuse.
  2. Ce chiffre est un peu supérieur à celui qui a été cité plus haut, p. 112. C’est que les spores peuvent être considérés comme opaques, tandis que les globules de carbures d’hydrogène sont transparents.