L’Œuvre du patricien de Venise Giorgio Baffo/L’auteur ne veut pas de métamorphoses

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Traduction par Guillaume Apollinaire d’après la traduction d’Alcide Bonneau de Raccolta universale delle opere di Giorgio Baffo, éd. 1789.
L’Œuvre du patricien de Venise Giorgio Baffo, Texte établi par Guillaume ApollinaireBibliothèque des curieux, collection Les Maîtres de l’amour (p. 20).

L’AUTEUR NE VEUT PAS DE MÉTAMORPHOSES

Dès que me vient une idée, je fais un Sonnet,
Et je le fais en Vénitien, comme je suis né,
Bien que je sache qu’il y ait plus d’un sot
Qui me condamne parce que je parle net.

Mais au temps d’innocence le plus parfait,
C’est-à-dire quand l’Homme a été fait,
L’Homme et la Femme étaient, de fait, nus,
Et c’était là d’innocence l’effet.

Puis est venue la malice, apertement,
Et avec elle la rougeur ; et ces pauvres gens
Ont eu tant de honte, qu’ils se sont couverts.

Donc apprenez, mes chers viédazes,
Que j’écris moi aussi, en ce style sans voile,
Comme Dieu a façonné les Moniches et les Cas.