L’Amour Médecin/Au lecteur

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L'Amour médecin
1665



AU LECTEUR.


Ce n’est ici qu’un simple crayon, un petit impromptu dont le roi a voulu se faire un divertissement. Il est le plus précipité de tous ceux que Sa Majesté m’ait commandés ; et, lorsque je dirai qu’il a été proposé, fait, appris et représenté en cinq jours, je ne dirai que ce qui est vrai. Il n’est pas nécessaire de vous avertir qu’il y a beaucoup de choses qui dépendent de l’action. On sait bien que les comédies ne sont faites que pour être jouées ; et je ne conseille de lire celle-ci qu’aux personnes qui ont des yeux pour découvrir, dans la lecture, tout le jeu du théâtre. Ce que je vous dirai, c’est qu’il seroit à souhaiter que ces sortes d’ouvrages pussent toujours se montrer à vous avec les ornements qui les accompagnent chez le roi. Vous les verriez dans un état beaucoup plus supportable ; et les airs et les symphonies de l’incomparable M. Lulli, mêlés à la beauté des voix et à l’adresse des danseurs, leur donnent sans doute des graces dont ils ont toutes les peines du monde à se passer.[1]

  1. Texte de Molière accompagnant l'édition originale.