L’Amour aux Colonies/III

La bibliothèque libre.

CHAPITRE II

Origines de la race Annamite dite Giao-Chi. — Caractères anthro-pologiques de cette race. — Organes génitaux des Annamites. — Leur petitesse. — L’enfant, base de comparaison pour la partie médicale de cette étude. — La petite fille Annamite et sa défloration précoce. — La femme pubère. — L’appareil génital de l’adulte. — Métis Franco-Annamites.



Origines de la race Annamite dite Giao-Chi.
— D’après le savant Père Le Grand de la Liraye, l’ancienneté des Annamites date presque d’aussi loin que celle de la nation Chinoise elle-même. « Deux mille deux cent quatre-vingt-cinq ans avant Jésus-Christ, soit moins d’un siècle après le déluge, il est fait mention des Giao-Chi, race autochtone qui habitait la limite sud de l’Empire Chinois, et qui devint la souche de la nation Annamite adulte. Elle fit partie primitivement de l’Empire Chinois, et ne se rendit indépendante qu’en 1428, par le massacre général des Chinois. L’Annam a tout pris à la Chine : langue, éducation, littérature, religion, législation, médecine, arts. Aussi donne-t-il droit d’aînesse et de bourgeoisie à tous les Chinois qui viennent commercer en Indo-Chine. » L’Annamite n’est donc pas un sauvage : il est au contraire plus anciennement civilisé que l’Européen ; aussi possède-t-il une collection de vices formidables, qu’il cache aux yeux d’un observateur inattentif, mais que l’on finit par reconnaître, pour peu qu’on veuille l’étudier sérieusement de près.

Caractères anthropologiques de la race — L’Annamite est donc un rameau séparé de la race jaune Chinoise. Il est petit, nerveux, mais d’une apparence faible, souvent maigre et peu musclé. Les membres inférieurs sont souvent arqués, par suite de l’habitude des mères de porter les enfants à califourchon sur la hanche. La démarche est disgracieuse, et il porte souvent les pieds en dehors ; le gros orteil est très séparé des autres doigts, et presque opposable. Aussi un Annamite, tout comme un singe, ramasse à terre une pièce de monnaie, ou tient le gouvernail de sa barque avec les orteils. Le bassin est peu développé, le buste long et maigre, la poitrine saillante et bien faite. Les mains sont longues et étroites, avec les phalanges des doigts noueuses. Il a peu de vigueur dans les muscles : un blanc rosserait une dizaine d’Annamites à coups de poings ; mais ils sont très résistants à la fatigue, et endurent impunément l’ardeur d’un des climats les plus malsains du globe.

Le crâne est arrondi, brachycéphale. Le visage forme un ovale très accentué, presque un losange. Le front est bas, l’œil oblique, relevé sur le bord externe, les paupières longues, couvrant des prunelles noires. La vue de l’Annamite est excellente. Les joues remontent vers les tempes ; le nez est presque aussi épaté que celui du Nègre, très large à la racine, mais les lèvres sont cependant moins épaisses. La bouche est moyenne, et le menton court, les oreilles sont grandes et détachées.

Les dents seraient superbes, si l’usage de les laquer au vernis noir, et la bave sanguinolente du bétel, ne rendait pas affreuse la bouche de la plus belle Annamite. Cependant on s’y fait à la longue.

L’angle facial moyen pour les deux sexes est de 77 degrés. La barbe pousse très tard, vers trente ans, courte, dure et raide comme des crins de cheval, et seulement sur les lèvres et le menton. Les cheveux, noirs et longs, sont très gros ; ils ressemblent absolument à une queue de cheval et tombent souvent au-dessous des reins. Les hommes la portent comme les femmes et, comme elles, se coiffent en chignon relevé derrière la tête. La peau est épaisse ; suivant la caste, sa couleur varie depuis l’acajou et le teint feuille-morte du paysan brûlé par le soleil, jusqu’à la couleur de cire jaune pâle, chez le mandarin, qui ne sort qu’avec un parasol énorme, signe de sa puissance.

Si la femme Annamite, ou Congaï, déplaît par sa face plate et sa bouche noire à salive rouge, il faut reconnaître qu’elle a un corps bien fait et bien proportionné. Une fois qu’on est habitué à la forme de leur visage, on en trouve souvent qui ont de jolis traits. Les mains et les pieds sont excessivement petits, avec des attaches d’une grande finesse.

Les Annamites des deux sexes se développent lentement et un jeune homme de vingt ans paraît n’en avoir pas plus de quinze ; si ce n’était les oreilles imperforées, on prendrait très souvent un garçon de quinze à vingt ans pour une fille non encore formée, et la douceur de la voix augmente l’illusion. Passé vingt ans, les traits de l’homme grossissent et deviennent durs.

Chez la fille pubère, le sein est hémisphérique et très régulier ; il ne se développe guère qu’à partir de dix-sept ans ; il reste longtemps petit et ferme, mais, à la gestation et pendant l’allaitement, il prend un volume considérable et devient mou, tout en se tenant encore horizontal. Le bout en est généralement brun. C’est à vingt et un ans qu’a lieu d’ordinaire la première parturition. Les femmes sont très fécondes et l’on trouve souvent des familles de six à dix et même douze enfants, la demi-douzaine étant la moyenne. Il y a cependant peu de jumeaux. Cette fécondité est remarquable, étant donné l’exiguïté de l’appareil génital des deux sexes.

Vers quarante ans, arrive l’âge de la ménopause. La race Annamite vieillit vite ; à cinquante ans, un homme est tout blanc de barbe et cassé par l’âge ; cependant il y a, comme en Europe, des octogénaires et même, dit-on, des centenaires. J’avoue que je n’en ai point vu.


Organes génitaux de la race Annamite. — Leur petitesse. — Un fait me frappa dès que je pus examiner de près les organes génitaux des Annamites : c’est leur petitesse réellement remarquable, en rapport complet, du reste, avec la faiblesse de leur corps et la débilité de leurs muscles. À ce point de vue spécial, les Annamites doivent occuper la dernière place parmi toutes les races que nous étudierons, et si nous pourrons appeler les Nègres d’Afrique des hommes-étalons, il sera logique d’appeler les Annamites des hommes-singes. Ils méritent cette appellation à double titre, le singe étant, de tous les animaux, celui dont l’organe génital est le plus petit, proportionnellement à la grosseur du corps. Le singe est également le seul des animaux qui se masturbe de propos délibéré, point de contact avec la race humaine. Or l’Annamite, un vieux civilisé, est aussi lubrique que le singe.

Enfants Annamites. — Commençons par l’étude de l’appareil génital dans l’enfance, ce qui peut se faire sans blesser les mœurs, garçons et fillettes allant complètement nus jusqu’à l’âge de douze ans. Avant cet âge, la verge du petit garçon est à peine de la grosseur de son petit doigt, et le doigt d’un enfant Annamite n’est pas gros. La puberté n’arrive guère avant quatorze ou quinze ans, aussi tard qu’en Europe. À cet âge, la verge est de la grosseur de l’index d’un Européen. Le développement complet des organes génitaux n’a guère lieu qu’à l’âge de vingt ans, et quelquefois plus tard. Le prépuce du petit Annamite est de longueur moyenne et ne forme pas un bourrelet saillant en avant du gland, caractère que nous constaterons chez la race Nègre d’Afrique. Mais l’anneau préputial est généralement étroit. Les manœuvres masturbatrices, auxquelles se livrent presque tous les pubères à partir de quatorze ou quinze ans, agrandissent cet anneau et permettent la libre sortie du gland.

La petite fille a la vulve placée très haut, plus haut même qu’elle ne l’est chez la petite Française. À la nubilité, qui n’arrive guère avant quinze ou seize ans (l’âge moyen est de seize ans), il ne se produit pas de grands changements dans l’aspect des parties.

La petite fille Annamite et sa défloration précoce. — Sur toutes les petites filles de moins de dix ans, j’ai constaté la présence de l’hymen. Après dix ans, l’hymen complet manquait souvent, mais les organes génito-urinaires présentaient alors des traces certaines de défloration, beaucoup moins caractéristiques toutefois que celles constatées par Tardieu sur les petites filles victimes d’attentats à la pudeur sans violences, mais longtemps répétés. Dans ce cas, généralement, l’hymen n’était pas détruit ; il était simplement aminci, rétracté, ayant la forme d’un simple anneau entourant l’entrée du vagin, qui laissait pénétrer sans douleur l’extrémité de l’index graissé.

J’attribue tout simplement ce fait, à ce que les petites filles Annamites sont déflorées, après dix ans, par les petits garçons avec qui elles jouent, et répètent ensemble les leçons que leurs parents leur apprennent inconsciemment, par suite de la promiscuité forcée de la famille dans une petite case en paille, où tout le monde vit en commun, et dont de simples compartiments en clayonnage à hauteur d’homme forment la séparation des pièces. D’ailleurs, il existe un dicton Annamite d’une crudité cynique, que j’ai retrouvé au Tonkin : « Pour qu’une fille soit encore pucelle à dix ans, il faut quelle n’ait ni frères ni père. »

La femme Annamite pubère. — À la puberté, les organes prennent leur développement, et une fille est nubile à seize ans. Le pubis se recouvre de quelques poils qui sont soigneusement épilés, mais l’ensemble de l’appareil génital est moins développé que chez la Française. La vulve et le vagin sont sensiblement plus étroits et surtout moins profonds.

Chez la femme ou fille pubère, les muqueuses vulvaire et vaginale sont généralement le siège de cette affection désagréable, désignée sous le nom de flueurs blanches, et qui contribue, par le relâchement qu’elle amène dans les tissus, à la dilatation des organes. Aussi, malgré la disproportion, le coït entre une jeune Annamite et un Européen adulte s’opère sans trop de douleur, généralement pour la première. Il est à remarquer que la Congaï, déjà femme faite, a toujours le clitoris fort peu développé, ainsi que les petites lèvres qui dépassent rarement les grandes.

Chez les prostituées des maisons publiques qui ont de fréquents rapports avec les Européens, l’entrée de la vulve et du vagin est fortement agrandie. Cependant, en général, celui-ci reste placé très haut, et la profondeur moyenne du conduit vaginal ne dépasse pas huit à dix centimètres. Il en résulte que les pénis d’une longueur supérieure à la moyenne occasionnent quelquefois une inflammation de l’utérus, par le choc répété du gland contre le museau de tanche. J’ai soigné, pour cette affection, plusieurs femmes qui m’ont avoué la devoir à cette cause.

L’appareil génital de l’adulte. — Il est rationnel de trouver, chez l’adulte Annamite, une gracilité du pénis en rapport avec les faibles dimensions de l’appareil féminin. Chez le pubère de quinze à vingt ans, quelques poils apparaissent sur le pubis autour de la verge. Les testicules, excessivement petits jusqu’à quinze ans, grossissent peu à peu ; mais à vingt ans, l’Annamite n’est guère plus formé qu’un Européen de quinze à seize, et son développement complet n’a lieu qu’à vingt-cinq ans.

À sa croissance complète, le pénis a une dimension moyenne de dix à onze centimètres (en complète érection), sur trois centimètres de diamètre. On en trouve de douze à treize sur trois à trois et demi, mais peu atteignent quinze centimètres sur quatre. Ce sont des dimensions extraordinaires chez l’Annamite ; une seule fois j’ai vu un pénis de dix-huit centimètres, mais c’était chez un métis Franco-Annamite.

En général, les testicules de l’Annamite de race pure sont de la grosseur d’un œuf de pigeon. Le pubis porte quelques poils raides et touffus, comme les poils qui poussent à leur menton après la trentaine.


Métis Franco-Annamites. — Il y a eu fort peu de mélange des deux races, sinon au point de vue du coït, tout au moins à celui du produit. C’est, d’ailleurs, un fait à remarquer. La race blanche, très prolifique avec la femme noire, l’est beaucoup moins avec la femme jaune. Je ne me charge pas d’en donner la cause, je me contente de signaler le fait. C’est dommage, car le métis Franco-Annamite se rapproche physiquement de l’Européen. La peau est presque blanche, les épaules sont plus carrées, les muscles sont plus développés, surtout l’appareil génital. Cependant le faciès conserve la marque indélébile de la race jaune, par l’épatement du nez et l’obliquité des yeux.

Au point de vue moral, le métis est un véritable Annamite, aussi joueur, voleur et menteur que l’indigène. Celui chez qui j’ai signalé plus haut les dimensions particulières de l’appareil génital, et qui était, m’a-t-on assuré, le fils d’un officier du Corps expéditionnaire, avait reçu une certaine éducation, et son père lui avait laissé, en quittant la Colonie, des moyens assurés d’existence. Les femmes, le baquan et l’opium en vinrent bientôt à bout et il finit misérablement.