Les arbres bourgeonnent au bois :
Prends ton bâton, ton gobelet, ta capeline
Et prête l’oreille à la voix
Des vents légers et de la source cristalline.
L’hiver s’enfuit dans les nuages menaçants ;
Que t’importent les giboulées ?
Les rayons du soleil seront les plus puissants,
L’air est plein de chansons ailées.
Tout est si frais, neuf et joyeux…
J’apercevrai des fleurs dans la mousse sans doute ;
J’irai, jouissant de mes yeux,
Et charmant d’un refrain d’espoir la longue route.
J’étancherai ma soif, je laverai mon front,
Incliné sur l’eau fugitive ;
Les vains soucis qui me troublaient s’apaiseront.
Auprès de la fontaine vive.
Dans ces printanières forêts,
Que le soleil de sa splendeur pénètre encore,
Je songerai : Je suis plus près
Chaque matin de voir briller une autre aurore.
Puissé-je rencontrer au bout de mon chemin
Les biens qu’avec ardeur j’envie,
Découvrir cette source où je boirai demain
Et dont j’eus soif toute ma vie !
Puissé-je en son flot transparent
Trouver après la nuit claire certitude,
Connaître en m’y désaltérant
La parfaite union après la solitude !
Car c’est la source vive où Christ le bon Berger
Mène le troupeau qu’Il abreuve,
La source qui là-haut dans le divin verger
Jaillit éternellement neuve.
Des péchés commis et soufferts,
Dieu permettra que son eau pure enfin me lave :
Alors mes yeux s’étant ouverts,
De mes mains tomberont les chaînes de l’esclave.
Et délivré du mal, faix infiniment lourd,
Mon cœur plus haut que les étoiles,
Aura son paradis, Amour, céleste Amour,
Sur ton visage enfin sans voiles.
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