L’Année terrible/En voyant flotter sur la Seine des cadavres prussiens

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Oui, vous êtes venus et vous voilà couchés ; 
Vous voilà caressés, portés, baisés, penchés, 
Sur le souple oreiller de l’eau molle et profonde ; 
Vous voilà dans les draps froids et mouillés de l’onde ; 
C’est bien vous, fils du Nord, nus sur le flot dormant ! 
Vous fermez vos yeux bleus dans ce doux bercement. 
Vous aviez dit : « - Allons chez la prostituée. 
Babylone, aux baisers du monde habituée, 
Est là-bas ; elle abonde en rires, en chansons ; 
C’est là que nous aurons du plaisir ; ô Saxons, 
O Germains, vers le Sud tournons notre œil oblique, 
Vite ! en France ! Paris, cette ville publique, 
Qui pour les étrangers se farde et s’embellit, 
Nous ouvrira ses bras… » - Et la Seine son lit.