L’Arc d’Ulysse/Il n’est bon bec que de Normand

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L’Arc d’UlysseÉditions Georges Crès et Co (p. 146-148).

AUX POÈTES DE NORMANDIE

Il n’est bon bec…
1

Vard, c’est l’archer Gallois. Frémine
Chante Suresne et Bougival ;
Loriot, Tyr et Salamine.
Jean Lorrain, alias Duval,
Ravit Byzance en carnaval.
Paris, pris d’assaut par Lucie,
Skalde et guerrière, négocie.
Le pinceau de Beuve est Flamand
Bref, partout, fors en Béotie,
Il n’est bon bec que de Normand.

2

Un cru bourguignon enlumine
Certain queux, pinteur sans rival.
Du Permesse au Pactole émine
Phédre-Crésus. Sur un narval,
Moi, je vins du Pôle à cheval.

Courage, or, santé, j’apprécie
Sur tous dons la main réussie
Qu’incurva Dieu si congrument.
Quand la serre au bec s’associe,
Il n’est bon bec que de Normand.

3

Je le crois, je ne fais pas mine.
J’aime ces biberons du Val
De Vire, dont le nom chemine :
Et Gaultier-Garguille, et Courval,
Cauchois d’amont, Sagiens d’aval.
Onc ne fut leur suprématie,
Luth ou verre en main, obscurcie.
Masse ! Masse ! Gros Saint-Amant.
Quand de pinter il te soucie,
Il n’est bon bec que de Normand.

Couplet de rabiot.

Mais un gros seigneur vous domine :
L’Éditeur. Ce fut Petit-Val,
C’est Lemerre. On meurt de famine
Ou de protêts sans son aval.
Où est le temps de Charleval,
« Que d’un blanc manger d’ambroisie
« La Muse en secret rassasie ? »
Scarron nous fait, ce conte, il ment.
Le gars rinçait le Malvoisie.
Il n’est bon bec que de Normand.

Envoi.

Prince, s’il sied qu’on te mercie,
Ne dis pas bis ! au compliment.
Ou crains à ta bourse autrement
Un bis ! qui lui préjudicie :
Préface à placet balbutie,
Il n’est bon bec que de Normand.