L’Arc d’Ulysse/Qu’il faut épargner les jeunes

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QU’IL FAUT ÉPARGNER LES JEUNES

N’est-ce qu’un vain rimeur ? Fesse-le comme il sied.
Sous son habit volé cruellement manie
Son mal secret, et fais en sourdre la sanie.
Puis moule dans la cire un symbole grossier ;

L’envoûte dans ce double, et d’un poignard sorcier
Punis le noir forfait d’être né sans génie…
Mais, ô fatal pouvoir de tuer ce qu’on nie,
Prends garde, sûr bourreau qui te crois justicier !

Tel qui gâchait la glaise ou meurtrissait le cuivre,
Apprenti, sera fèvre un jour, et fera vivre
Au bas relief Cypris, Zeus au fronton sacré.

De l’enfant attends l’homme, et du bloc lourd le Vase.
Tel est futile et creux pour n’avoir pas pleuré.
Attends que la douleur l’ait guéri de l’emphase.


14 mars 1912.