L’Assistance
L. BERESNIAK, IMPRIMEUR
PARIS
La femme en lutte pour ses droits
Dieu, morale et patrie.
Philosophie sociale.
Justice sociale.
L’émancipation sexuelle de la femme.
L’éducation féministe des filles.
La femme peut-elle avoir du génie ?
Mon voyage aventureux en Russie communiste
Un Crime Scientifique (drame)
Supérieur (drame)
L’Assistance
Chapitre I.
La valeur de l’assistance aux malheureux croît en raison du degré de civilisation d’un pays.
L’animal passe indifférent devant son camarade blessé, mort ou affamé ; les petits dont la mère est morte n’ont eux-mêmes qu’à mourir. Les faits d’aide entre les animaux sont exceptionnels ; chez eux c’est la loi de lutte égoïste pour la vie individuelle qui domine. Seul l’instinct indispensable apporte tout juste ce qu’il faut d’altruisme pour que l’espèce ne périsse pas. La mère prend soin de ses enfants tant qu’ils sont jeunes. Mais dès que le petit est en âge de chercher sa nourriture, elle ne le connaît plus ; elle le chasse même et le bat, comme un rival.
Chez l’homme primitif, il en est à peu près de même ; les vieillards, les malades sont tués ou abandonnés.
Nombre de peuples sauvages ont pour coutume de tuer les vieillards. Ce sont les enfants qui rendent à leurs vieux parents le service de les délivrer d’une vie dont l’entretien serait à charge aux autres. Le meurtre prescrit par la religion, s’accomplit en cérémonie. Les vieux se soumettent pensant que les choses ne peuvent aller autrement ; ils se souviennent d’ailleurs que dans leur jeunesse ils ont traité leurs parents comme on les traite à leur tour.
Frazer rapporte que chez nombre de peuplades les rois sont tués au premier signe de décrépitude.
La civilisation, en développant le sentiment de la pitié, fait naître l’idée de charité qui n’est pas un bien absolu, car elle ne fait que corriger dans une proportion très faible le mal qu’engendre la propriété en créant les pauvres et les riches.
Le sauvage peut trouver sa vie sur la terre. Avec sa hache de pierre, sou arc et ses flèches, il est certain de manger. La civilisation enclot les lorrains, il eu réunie que la majorité des humains est chassée de la terre qui devient la chose d’une minorité. Pour subsister les gens sans propriété n’ont que la ressource de se mettre humblement au service de ceux qui se sont arrogés les droits de propriétaire.
De bonne heure les sociétés comprennent la nécessité de prêter assistance aux déshérités de la vie ; elles sentent confusément ce que la notion de propriété a d’arbitraire et le peu de cas qu’en pourra faire le pauvre poussé par la faim.
Comme depuis toujours ce sont les heureux qui gouvernent ; ils organisent contre les malheureux la répression qui a pour but de les contenir. Mais on comprend que contenir ne suffit pas ; et qu’en même temps qu’on verrouille les prisons, il n’est pas inutile d’adoucir la misère. Les riches donnent un peu pour ne pas qu’on leur prenne tout.
Les religions, les morales systématisent la nécessité de l’assistance ; elles en font des devoirs, des ordres de la divinité.
La lutte pour la vie, adoucie par la civilisation, permet le développement des sentiments altruistes. L’homme ressent la pitié, sentiment inconnu de l’animal, presque ignoré du sauvage et du paysan inculte.
C’est d’abord l’enfance malheureuse qui émeut ; parce que les enfants réveillent les instincts obscurs de protection liés à la conversation de l’espèce ; ensuite les souffrances des adultes et des vieillards arrivent à provoquer la commisération.
Cependant la charité n’est organisée que très tard, alors que depuis longtemps les états ont pris en charge l’armée, la police, même renseignement ; la charité est laissée à l’initiative des individus et des collectivités bénévoles.
Durant le Moyen-Age, c’est l’Église qui se charge du soin des pauvres. Elle fait de la charité un ordre divin et les pauvres vont à elle comme à une protectrice. C’est surtout à la porte des Églises que s’accroupissent les mendiants, encore aujourd’hui. Les couvents recueillent les malades, les vieillards, les orphelins.
Chargée de ce service social l’Église revendique comme compensation sa part d’autorité et elle ne trouve jamais la part assez grande. Aussi dès que la République succède à la monarchie, elle s’applique à désaisir l’Église de l’assistance comme de l’enseignement,
C’est dans cet esprit qu’on entreprit la laïcisation des hôpitaux, des hospices, orphelinats, maisons de retraite etc… On comprenait d’ailleurs de plus en plus ce que Colbert avait déjà entrevu : à savoir que c’est la société elle-même concrétisée dans l’État qui doit prendre à sa charge les vaincus de la vie.
L’État cependant n’a pas encore trouvé aujourd’hui la force nécessaire pour se charger sérieusement du secours des malheureux. Nombre de vieillards, d’enfants, de malades, d’infirmes, de pauvres restent à la charge des églises et notamment, en France, de l’église catholique qui est la plus puissante.
La charité privée vient ensuite ; mais son rôle est très restreint, les dons des particuliers allant soit à l’État, soit à l’Église.
II
Les pauvres sont à peu près partout, très insuffisamment secourus. Les religions les magnifient en paroles ; elles leur promettent un tour de faveur à l’entrée du paradis. Mais dans les temples les sièges d’honneur sont aux fidèles opulents ; pour les pauvres on aménage des bancs crasseux humblement dissimulés près de la porte. L’Église flatte les riches qui la paient ; elle accable les pauvres de sa rudesse et de son mépris. Nulle plus qu’elle ne marque les classes sociales, elle dose son respect et sa bienveillance selon la fortune.
La religieuse que son ordre envoie porter au taudis du misérable quelque menue obole, ne fait rien pour l’arracher à la malpropreté dans laquelle il croupit. Elle est l’instrument d’une Église qui entend se servir du pauvre beaucoup plus que de le servir ; on lui apporte de quoi ne pas mourir tout à fait ; mais on entend bien que sa misère demeure.
La plupart des « œuvres » ne sont que des officines d’exploitation. On profite de la misère des « sans travail » pour les faire travailler à un taux dérisoire ; les orphelins sont mal nourris, mal soignés, privés d’instruction et accablés de travail ; des petites filles de cinq ans sont penchées sur des coutures grossières pour lesquelles on leur fixe une tâche.
Insouciant de l’avenir on néglige d’apprendre un métier à ces enfants qui seront un jour lâchés dans la vie.
Les pupilles des « bonnes sœurs » n’ont que la ressource de se faire domestiques ; un certain nombre deviennent des prostituées en dépit du Bon Dieu et des pratiques religieuses dont on a saturé leur enfance.
L’État, charitable, disons-le tout de suite ne vaut pas mieux que l’Église, parfois il vaut encore moins. La République bourgeoise, édifiée sur l’argent, tient les pauvres en profond mépris. Être secouru par l’Assistance Publique est considéré comme une honte.[1]
L’assistance considère donc sa clientèle comme une vile canaille avec laquelle il n’y a pas à se gêner. Les nouveaux-nés périssent par milliers chez les paysannes mal payées, ignorantes de toute hygiène. Les pupilles, laissées presque sans instruction, sont abandonnées dans un âge encore tendre à des paysans qui les exploitent et les traitent durement.
Les malades des hôpitaux sont mal nourris, presque pas traités à moins que leur cas ne présente quelque intérêt scientifique.
Il existe une croyance populaire d’après laquelle les médecins se livreraient sur les malades des hôpitaux à des expériences « in anima vili ». Elle est fausse, mais combien de malades meurent faute de soins ou tués chirurgicalement par un élève que le chef a négligé de surveiller.
À l’égoïsme féroce des forts correspond la dégradation des faibles. Le vrai pauvre, digne de pitié se suicide ou meurt de misère. Timide, il n’ose demander du secours et s’il se hasarde à demander il est de suite rebuté par le haut fonctionnaire qui ne daigne pas répondre à ses lettres et par le petit bureaucrate qui le rudoie. Il faut pour toucher une aumône quantités de formalités compliquées.
Le mendiant professionnel, lui, n’est pas rebuté. Il revient à la charge autant de fois qu’il faut. Il harcèle les fonctionnaires, le clergé, les couvents, les gens riches connus par leur charité et il finit par atteindre son but qui est de vivre sans travailler.
Il revêt la livrée de la misère sordide et puante. Si sa mansarde était propre, on le jugerait aisé et on ne lui donnerait pas. Il croupit dans la saleté, dort sur des chiffons ou pullule la vermine. Sa poitrine est secouée tous les hivers par des rhumes qui n’en finissent pas. Ses plaies exposées à l’ordure suppurent indéfiniment. Le jour où il touche son secours, il s’enivre et le lendemain il n’a pas de quoi acheter du pain.
Les grandes villes entretiennent ainsi de véritables armées de parasites. Ils grouillent dans les rues étroites à maisons sordides ; ils ont de nombreux enfants qui, loin de leur coûter leur rapportent. Mais la société ne bénéficie guère de leur fécondité ; ces enfants alimenteront le crime et la prostitution.
III
La société de demain comprendra, il le faut espérer, que l’assistance n’est pas une déchéance, mais un droit.
Tout vieillard, tout enfant abandonné par ses parents, tout homme ou toute femme momentanément privé de ressources doit la recevoir sans avoir besoin de prier, de s’humilier, d’exagérer son mal ou sa misère.
La porte de la maison de secours doit être largement ouverte, parce que la misère n’attend pas.
« L’homme finit sa vie dans le désespoir » a dit Spinoza. C’est ce qui fait que les plus beaux hospices de vieillards sont des maisons de tristesse. Celui qui entre là sait qu’il lui faut laisser toute espérance et qu’il n’a plus à attendre que la mort, La société doit donc procurer au vieillard qui ne veut pas profiter de ces hospices les moyens de vivre seul de la vie de tout le monde.
La loi sur l’assistance obligatoire a été un premier pas dans cette voie, mais comme toutes les lois faites en faveur des pauvres, elle existe avant tout sur le papier. Le malheureux qui veut en bénéficier doit avoir des protecteurs. D’ailleurs le secours alloué ne permet pas de vivre à celui qui n’aurait pas d’autres ressources.
L’hospice de vieillards doit être une maison gaie. C’est le remerciement de la société au travailleur qui lui a donné toute une vie d’efforts. On doit pouvoir y trouver une chambre confortable et personnelle, une bonne nourriture, des soins, des livres, des jeux ; le cinéma, le concert.
On doit y trouver avant tout la liberté ; la faculté de sortir, de ne pas rentrer coucher, comme dans sa propre maison. C’est la privation de liberté qui est la chose la plus pénible aux hospitalisés. Ils passeraient encore sur les mauvaises conditions, mais beaucoup préfèrent geler de froid et pâtir de la faim dans leur mansarde plutôt que de voir les menus actes de leur vie de chaque jour réglementés par une administration tracassière.
L’enfant abandonné par ses parents, l’orphelin ont droit à la vie heureuse, au développement intégral de leur intelligence au même titre que n’importe quel autre enfant.
Le préjugé de caste qui subsiste, encore très vivant, de nos jours, fait à l’enfant un crime de ce qui n’est que son malheur. Sorti du corps de sa mère il vaut tout autant que celui qu’une reine ou une milliardaire a mis au jour. Les personnes peuvent être inégales en intelligence, en énergie, en mérite, mais les ventres sont égaux ; il n’en est ni de nobles ni d’ignobles. C’est la vie, plus tard qui doit régler les différences, honorer le génie, reconnaître l’effort, estimer la valeur morale, mais au jour de la naissance tous les bébés sont égaux.
Dans une société bien ordonnée, l’abandon d’un enfant au lieu d’être pour lui une calamité, sera un bonheur puisqu’il aura pour effet de substituer à la direction de son éducation, l’État éclairé à une famille quelconque.
L’éducation par les parents aurait été mauvaise. Grandi dans la malpropreté, souvent dans la laideur morale, toujours dans l’ignorance, reniant serait préparé pour la vie inférieure. À la famille se substitue l’État ; le bébé manque de tendresse, mais il a l’hygiène, les soins bien dirigés et il se développe en santé. Plus tard les pédagogues font rendre à son intelligence tout ce qu’elle peut donner.
L’origine de l’enfant n’est pas une tare ; c’est son avenir et non sa naissance qui devra donner la mesure de la con¬ sidération à laquelle il aura droit.
L’hôpital est aujourd’hui le séjour des malades pauvres, c’est pourquoi il est si mauvais. Dans la société future, il sera un service public dont ou profitera comme on profite de la poste, des chemins de fer etc… Tout le monde ira pour se faire soigner, pour se faire opérer, pour accoucher.
Les soins donnés dans la famille sont toujours défectueux, sauf pour les personnes très riches. Les parents ignorent tout de l’hygiène, de l’antiseptie, ils ne comprennent pas les raisons qui guident les médecins et tiennent peu compte de leurs avis. Si la maladie est contagieuse des familles, des maisons sont contaminées. Si la maladie est longue, les parents se lassent ; beaucoup plus souvent qu’on ne pourrait croire, ils désirent la mort du malade au lieu de la redouter.
À l’hôpital, le malade ne gêne personne ; tout y peut être mis en œuvre pour sauver sa vie ; pour lui faire recouvrer la santé.
Les grandes salles des hôpitaux actuels sont un reste de barbarie. Le malade, déjà inquiet de son propre sort doit assister à l’agonie et à la mort du voisin, il faut l’universel égoïsme avec le découragement profond pour que les hospitalisés ne meurent pas d’émotion ; surtout ceux qui gravement atteints, ont toutes raisons de penser que le destin terrible de leur camarade sera bientôt le leur. Les vastes dortoirs sont un vestige des siècles passés où l’on mettait jusqu’à six malades à croupir dans le même lit.
La promiscuité favorise la contagion, à tel point que certains malades, entrés à l’hôpital pour une affection bénigne, en contractent une grave et meurent.
L’hôpital de la société future ressemblera aux maisons de santé bien tenues que notre régime ploutocratique réserve aux riches ; propreté éblouissante, chambres gaies pour un, deux, trois, quatre lits au plus ; isolement des malades graves.
Et les médecins ? Que feront-ils lorsque tous les malades iront à l’hôpital. Cette question est secondaire ; si les médecins ne trouvent pas à s’employer, ils feront autre chose. D’ailleurs selon toute probabilité, la profession médicale ne fera que se transformer. Les médecins de quartier deviendront médecins d’hôpital et recevront des traitements fixes.
La profession de médecin de quartier est fatiguante et aléatoire. Il faut monter des étages toute la journée. Isolé dans son appartement, loin de ses anciens maîtres, le médecin au lieu d’accroître scs connaissances, oublie avec les années ce qu’il a appris à l’université. La pra¬ tique prend, dans son esprit, la place de la théorie, il est vrai ; mais ses moyens d’investigation sont bornés. Privé de laboratoire, d’appareils, d’aide, il n’a pour éclai¬ rer son diagnostic que le simple témoignage de ses sens. Il n’ose prendre la responsabilité d’une opération importan¬ te, qu’il ne pourrait faire d’ailleurs, faute d’installation et de pratique.
Exercée à l’hôpital, la profession médicale sera beaucoup plus intéressante ; parce que plus scientifique.
Le régime des aliénés s’est beaucoup amélioré depuis le temps ou Pinel les a délivrés de leurs chaînes. On ne croit plus que la folie est l’effet de la possession démoniaque et que les aliénés sont des coupables qu’il faut punir Néanmoins il y a encore beaucoup à faire dans cette voie.
La plupart des malades enfermés dans les asiles ne sont pas dangereux ; vieillards atteints de faiblesse mentale, alcooliques devenus déments, paralytiques généraux peu avancés, déments précoces, demi-idiots, mélancoliques à délire tranquille.
Tous ces gens se désespèrent d’être maintenus enfermés et il n’y aurait, pas d’inconvénient à leur accorder une demi liberté. H ne faut pas songer à les lâcher dans la vie, ils ne sauraient, s’y diriger, mais le régime de « Vopen door » la porte ouverte, préconisée par les aliénistes anglais convient à leur état. L’asile au lieu d’être, la prison serait la maison tutélaire où ils trouveraient le vivre et le couvert contre quelques heures par jour d’un travail approprié à leurs facultés.
Une école de philanthropes préconisait, il y a une vingtaine d’années, le pain gratuit. L’idée est excellente si on l’élargit jusqu’à fournir à tout nécessiteux le « minimum de vie » sans travail.
Plus de morts par la faim, plus rie suicides par misère extrême. Au dernier échelon on serait toujours certain de trouver un abri rudimentaire, une soupe chaude, un bain de propreté. L’asile de nuit élargi, amélioré et multiplié pour répondre à toutes les demandes.
Certains trouveront notre conception un peu étroite, mais il faut songer à la paresse. Si le “minimum de vie" été t trop élevé, la société aurait à entretenir de véritables armées de paresseux préférant le minimum de vie au ira-
Enfin une société meilleure devrait ajouter à l’assis ta n ce
un chapitre inédit : l’assistance aux animaux.
Le soin des bêtes malheureuses est abandonné à l’initiative de quelques braves gens clairsemés qui veulent bien s’en soucier.
À cet égard les conceptions sont, à tel point grossières et brutales que les personnes charitables qui ont pitié des bêtes, loin de recueillir des éloges, ne trouvent que moqueries et injures. Cette femme va donner à manger aux chats perdus, dit-on ; elle est certainement folle. Perdre son temps et son argent pour les animaux, dit un autre, est-ce assez stupide ; comme si cette femme ne ferait pas mieux de s’occuper des enfants.
Il est à noter que ceux qui parlent ainsi ne font rien ni pour les enfants, ni pour les bêtes. Le spectacle de la pitié pour les animaux bouleverse simplement leurs préjugés.
La façon dont on en use avec les chiens est barbare au plus haut point. Tout chien trouvé dans une rue parisienne est transporté à la Fourrière où on le tue. Les hurlements de ces animaux, torturés par la faim avant d’être sacrifiés font de la Fourrière un lieu d’horreur devant lequel on ne peut passer sans un serrement de cœur quand on n’est pas une brute. Elle fait penser aux cachots du Moyen-Age du fond desquels les gémissements des malheureux allaient frapper l’oreille du passant.
La “Société Protectrice des animaux ” donne quelque argent pour des refuges de chiens et de chats. Malheureusement les bêtes peuvent encore moins se défendre que les pauvres. Souvent les gens préposes a ces refuges tuent les animaux pour ne pas avoir à les nourrir.
D’abord les humains, dira-t-on. Évidemment d’abord les humains, mais penser aux hommes n’empêche pas de penser aux bêtes. Le chat que nous avons pris pour notre agrément, qui nous a charmé par sa grâce, ses caresses, il est cruel de le jeter à la rue lorsqu’ils cessé de nous amuser.
La société doit réparer la faute de ceux qui manquent de cœur et en avoir à leur place. En des refuges bien aménagés ou la multiplication serait empêchée, on donnerait aux chiens, aux chats, aux vieux chevaux une vie heureuse à peu de frais.
La pitié envers les animaux rend pitoyable aux hommes ; les tueurs d’abattoir deviennent facilement des assassins. L’enfant qui se délecte à brûler vif un misérable rat, qui déniche les nids d’oiseaux, assomme les chats à coups de pierre deviendra un homme grossier et brutal dont les faibles auront à souffrir.
Les personnes qui secourent les chats perdus sont généralement bonnes ; la pitié n’est pas exclusive ; elle vibre à la souffrance d’où qu’elle vienne.
L’homme vainqueur dans la lutte pour la vie a chassé les bêtes de la terre. Partout où il s’est établi, elles ne peuvent trouver à vivre qu’avec sa permission. Ce serait la gloire de la civilisation de faire l’homme si fort qu’il puisse étendre sa protection jusque sur les bêtes dont il a pris la place.
- ↑ On a reproché il y a quelques années à un candidat à la députation, d’avoir eu sa mère au bureau de bienfaisance.