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L’Enclos du Rêve/02/Au Désert

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Alphonse Lemerre (p. 26).

AU DÉSERT

Quand le soleil levant comme un vaste ciboire
Des vermeilles vapeurs de l’aurore surgit,
Sous l’auguste faisceau de rayons qui le moire
— Autel d’argent et d’or — l’Orient s’élargit

Et sur le grand désert jette un manteau de gloire.
Dans les sables perdus, le Sphinx, masse qui gît,
Sentinelle des Temps et gardien de l’Histoire,
Fixe de ses yeux morts l’horizon qui rougit.

Ô Sphinx, quand l’astre ouvrant ses ailes de lumière
Crible de flèches d’or ta rigide paupière,
Devant ce dieu, témoin des fastes d’autrefois,

Ton âme de granit tressaille-t-elle toute,
Et tes rêves, ô Sphinx, trouvent-ils une route
Vers les tombeaux épars où sont couchés tes rois ?