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L’Enclos du Rêve/05/Celle de Communion

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Alphonse Lemerre (p. 69-71).

CELLE DE COMMUNION

Dans l’envol de leurs tulles blancs,
Telles des visions charmantes,
Pas légers et gestes tremblants
Elles vont, les communiantes.

Dès l’aube — ô joie — elles ont mis
Les mousselines virginales
Qui les vêtent de leurs grands plis
Comme d’immaculés pétales.

Leurs rêves, tels des pèlerins,
S’acheminent vers les étoiles
Et mettent des reflets sereins
Sur leur front penché sous les voiles.


Il en est dont l’âme s’endort
Malgré le tumulte des rues
Dans ces ciels pleins d’azur et d’or,
Vivant les choses apparues

En l’extase de la ferveur,
Quand, pleines d’une sainte flamme,
Elles demandaient au Sauveur
De prendre à tout jamais leur âme.

Mêlés aux rumeurs des accords
Que font les orgues mugissantes,
Vous les recueillez, ces transports,
Ô robe des communiantes !

Robe blanche, vous qui restez
Le symbole de l’innocence !
Astre d’argent qui palpitez
Au seuil de notre adolescence !

Vous êtes le pur souvenir,
L’immatérielle tendresse
Que les Jours ne sauraient ternir,
Ô robe blanche ! que caresse


L’aïeule de ses doigts tremblants.
Avec respect je vous contemple
Et baise vos légers fils blancs,
Comme on baise l’autel d’un temple.