Aller au contenu

L’Enclos du Rêve/07/Chanson tendre

La bibliothèque libre.
Alphonse Lemerre (p. 110-113).

CHANSON TENDRE

I

Ce que je veux c’est une épaule
Pour appuyer mon front brûlant,
C’est l’asile d’un cœur aimant
Quand le malheur guette et me frôle.
Pour appuyer mon front brûlant,
Ce que je veux, c’est une sœur,
Aux adorables gronderies,
Qui fleurirait mes rêveries
De son apaisante douceur.

Ce que je veux, c’est l’accalmie
Que sait me donner votre main ;
C’est l’espoir en le lendemain.
Que verse votre voix amie.


Ce que je veux, non loin de vous,
C’est goûter la beauté de vivre.
C’est lire comme dans un livre
Dans vos regards profonds et doux

Et pouvoir me dire à toute heure
J’ai la belle part des amours,
Pour être consolé toujours
J’ai la tendresse qui demeure.


II

Je t’aime si profondément
Que ton être en mon cœur habite
Et que sur ma lèvre palpite
Ton nom clair, sonore et charmant.

Je t’aime depuis tant d’années
— Ne serait-ce pas de toujours ?
Que je ne sais plus lesquels jours
Vinrent mêler nos destinées.

Je cache comme un ravisseur
Le souvenir de ta tendresse
Et dans mes heures de détresse
J’y vais puiser de la douceur.

Je ne veux pas qu’on me délivre
De ce grand amour sans tourment :
C’est pour cet amour seulement
Que je suis orgueilleux de vivre.


L’amour impossible à saisir
Est le seul amour qui m’attache,
Et ton âme pure et sans tache
M’a fait une âme sans désir.