L’Encyclopédie/1re édition/ACOUTY

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Texte établi par D’Alembert, Diderot (Tome 1p. 111).
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ACOUTY, s. m. (Hist. nat.) animal quadrupede des Antilles. Il est de la grosseur du lapin ou du lievre, il a deux dents dans la mâchoire supérieure, & deux autres dans la mâchoire inférieure, semblables à celles du lievre, & il est fort agile ; sa tête est approchante de celle du rat ; son museau est pointu, ses oreilles sont courtes & arrondies ; il est couvert d’un poil roussâtre comme le cerf, & quelquefois brun tirant sur le noir, rude & clair comme celui d’un cochon de trois mois ; il a la queue plus courte que celle d’un lievre ; elle est dégarnie de poils, de même que les jambes de derriere : les quatre jambes sont courtes & menues ; le pié de celles de derriere est divisé en cinq doigts terminés par des ongles, tandis que les piés de devant n’ont que quatre doigts. Cet animal se retire dans les creux des arbres : la femelle porte deux ou trois fois l’année ; avant que de mettre bas, elle prépare, sous un buisson, un petit lit d’herbes & de mousse, pour y déposer ses petits, qui ne sont jamais que deux ; elle les allaite dans cet endroit pendant deux ou trois jours, & ensuite elle les transporte dans des creux d’arbres où elle les soigne jusqu’à ce qu’ils puissent se passer d’elle. L’acouty se nourrit de racines, & il mange avec ses pates de devant comme les écureuils ; il n’est jamais gras à moins qu’il ne se trouve assez près des habitations pour avoir des fruits de manioc & des patates ; alors il s’engraisse : mais en quelque état qu’il soit, il a toûjours un goût de venaison, & sa chair est dure ; cependant il y a beaucoup de gens qui l’aiment autant que celle du lapin. Au commencement que l’isle de la Guadeloupe fut habitée, on n’y vivoit presque d’autre chose. On chasse ces animaux avec des chiens qui les réduisent dans les creux des arbres qu’ils habitent : là on les enfume comme les renards, & ils n’en sortent qu’après avoir beaucoup crié : lorsque cet animal est irrité, il hérisse le poil de son dos, il frappe la terre de ses pattes de derriere comme les lapins ; il crie, il siffle & il mord ; on peut pourtant l’apprivoiser. Les Sauvages se servent des dents de l’acouty, qui sont fort tranchantes, pour se déchirer la peau dans leurs cérémonies. Hist. des Antilles, par le P. du Tertre ; Hist. nat. & mor. des Antilles de l’Amérique, &c. (I)