L’Encyclopédie/1re édition/ADRAGANT

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Texte établi par D’Alembert, Diderot (Tome 1p. 146).
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* ADRAGANT, (la gomme, Hist, nat. Med. & Chim.) c’est un suc gommeux qui est tantôt en filets longs, cylindriques, entortillés de différente maniere, semblables à de petits vers ou à des bandes roulées & repliées de différente maniere ; tantôt en grumeaux blancs, transparens, jaunâtres ou noirâtres, secs, sans goût, sans odeur, un peu gluans. Elle vient de Crete, d’Asie, & de Grece. La bonne est en vermisseaux, blanche comme de la colle de poisson, sans ordures, Elle découle, ou d’elle-même, ou par incision, du tronc & des branches d’une plante appellée tragacantha extica flore parvo, texis purpureis striato. Voyez Tragacantha. La gomme adragant analysée donne du flegme liquide, sans odeur & sans goût, une liqueur flegmatique, roussatre, d’une odeur empyreumatique, d’un goût un peu acide, un peu amer, comme des noyaux de pêche, & donnant des marques d’un acide violent ; une liqueur légerement roussâtre, soit acide, soit urineuse alkaline ; une huile roussâtre, soit subtile, soit épaisse : la masse noire restée au fond de la cornue étoit compacte comme du charbon, & calcinée pendant vingt-huit heures, elle a laissé des cendres grises dont on a tiré par lixiviation du sel alkali fixe. Ainsi la gomme adragant a les mêmes principes, & presqu’en même rapport que la gomme arabique. Voyez gomme Arabique. Elle contient cependant un peu plus de sel acide, moins d’huile & plus de terre : elle ne se dissout ni dans l’huile ni dans l’esprit-de-vin. Elle s’enfle macérée dans l’eau ; elle se raréfie, & se met en un mucilage dense, épais, & se dissolvant à peine dans une grande quantité d’eau ; aussi s’en sert-on pour faire des poudres, & pour réduire le sucre en trochisques, pilules, rotules, gâteaux, tablettes. Elle épaissit les humeurs, diminue le mouvement, enduit de mucosité les parties excoriées, & adoucit par conséquent les humeurs. On l’emploie dans les toux seches & acres, dans l’enrouement, dans les maladies de poitrine causées par l’acreté de la lymphe, dans celles qui viennent de l’acrimonie des urines, dans la dysurie, la strangurie, l’ulcération des reins. On en unit la poudre avec des incrassans & des adoucissans, & on la réduit en mucilage avec l’eau-rose, l’eau de fleur d’orange ; on s’en sert rarement à l’extérieur.