L’Encyclopédie/1re édition/AGATY
* AGATY, (Hist. nat. Botan.) arbre du Malabare qui a quatre à cinq fois la hauteur de l’homme, & dont le tronc a environ six piés de circonférence. Ses branches partent de son milieu & de son sommet, & s’étendent beaucoup plus en hauteur ou verticalement qu’horisontalement ; il croît dans les lieux sablonneux. Sa racine est noire, astringente au goût, & pousse des fibres à une grande distance. Le bois d’agaty est tendre, & d’autant plus tendre qu’on le prend plus voisin du cœur. Si l’on fait une incision à l’écorce, il en sort une liqueur claire & aqueuse, qui s’épaissit & devient gommeuse peu après sa sortie. Ses feuilles sont ailées. Elles ont un empan & demi de long. Elles sont formées de deux lobes principaux, unis à une maîtresse côte, & opposées directement. Leur pédicule est fort court & courbé en devant. Leurs petits lobes sont oblongs & arrondis par les bords. Ils ont environ un pouce & demi de longueur & un travers de doigt de largeur. Cette largeur est la même à leur sommet qu’à leur base. Leur tissu est extrèmement compact & uni ; d’un verd éclatant en dessus, pâle en dessous, & d’une odeur qu’ont les féves quand on les broie. De la grosse côte partent des ramifications déliées, qui tapissent toute la surface des feuilles. Ces feuilles se fermont pendant la nuit, c’est-à-dire que leurs lobes s’approchent.
Les fleurs sont papilionacées, sans odeur, naissent quatre à quatre, ou cinq à cinq, ou même en plus grand nombre, sur une petite tige qui sort d’entre les ailes des feuilles. Elles sont composées de quatre pétales, dont un s’éleve au-dessus des autres. Les latéraux forment un angle, sont épais, blancs & striés par des veines, blanches d’abord, puis jaunes & ensuite rouges. Les étamines des fleurs forment un angle & se distribuent, à leur extrémité, en deux filamens qui portent deux sommets jaunes & oblongs. Le calice qui environne la base des pétales est profond, composé de quatre portions ou feuilles courtes, arrondies & d’un verd pâle.
Lorsque les fleurs sont tombées, il leur succede des cosses longues de quatre palmes, & larges d’un travers de doigt, droites, un peu arrondies, vertes & épaisses. Ces cosses contiennent des féves oblongues, arrondies, placées chacune dans une loge, séparée d’une autre loge par une cloison charnue, qui regne tout le long de la cosse ; les féves ont le goût des nôtres, & leur ressemblent, excepté qu’elles sont beaucoup plus petites. Elles blanchissent à mesure qu’elles mûrissent ; on peut en manger. Si les tems sont pluvieux, cet arbre portera des fruits trois ou quatre fois l’année.
Sa racine broyée dans de l’urine de vache, dissippe les tumeurs. Le suc tiré de l’écorce, mêlé avec le miel & pris en gargarisme, est bon dans l’esquinancie, & les aphthes de la bouche. Je pourrois encore rapporter d’autres propriétés des différentes parties de cet arbre : mais elles n’en seroient pas plus réelles, & mon témoignage n’ajoûteroit rien à celui de Ray, d’où la description précédente est tirée.