L’Encyclopédie/1re édition/ALENE

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Texte établi par D’Alembert, Diderot (Tome 1p. 253-254).
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ALENE, s. f. c’est un outil d’acier dont se servent les Selliers, Bourreliers, Cordonniers, & autres ouvriers qui travaillent le cuir épais, & qui le cousent. L’alene a la pointe très-fine & acerée, & va toûjours en grossissant jusqu’à la soie, ou à l’endroit par où elle est enfoncée dans un manche de bois. On a soin de fabriquer toûjours les alenes courbées en arc, afin de les rendre plus commodes pour travailler, & moins sujettes à blesser l’ouvrier qui s’en sert.

Ce sont les Maîtres Epingliers & Aiguilliers, qui font & vendent les alenes : aussi les appelle-t-on quelquefois Aleniers.

Il y a des alenes de plusieurs sortes : les alenes à joindre, sont celles dont les Cordonniers se servent pour coudre les empeignes avec les cartiers ; l’alene à premiere semelle est plus grosse que celle à joindre ; & l’alene à derniere semelle, encore davantage. Voyez les figures de six sortes d’alenes, fig. 22. & suivantes du Cordonnier-Bottier. Ces alenes des Cordonniers sont des especes de poinçons d’acier très aigus, polis, & courbés de différentes manieres, selon le besoin. Ils sont montés sur un manche de buis. Voyez la fig. 37. qui représente une alene montée. On tient cet outil de la main droite, & on perce avec le fer des trous dans les cuirs pour y passer les fils qu’on veut joindre ensemble. Ces fils sont armés de soie de cochon, qui leur sert de pointe : ils sont au nombre de deux, que l’on passe dans le même trou, l’un d’un sens, & l’autre de l’autre. On serre le point en tirant des deux mains ; savoir de la main gauche, après avoir tourné le fil un tour ou deux sur un cuir qui environne la main, & qu’on appelle manicle. Voyez Manicle. Son usage est de garantir la main de l’impression du fil : de la main droite on entortille l’autre fil deux ou trois fois autour du colet du manche de l’alene ; ce qui donne le moyen de les tirer tous deux fortement.