L’Encyclopédie/1re édition/ANIS

La bibliothèque libre.
Texte établi par D’Alembert, Diderot (Tome 1p. 476-477).
◄  ANIRAN
ANISÉ  ►

ANIS, anisum, (Hist. nat. bot.) plante qui doit être rapportée au genre du persil. Voyez Persil. (I)

* Sa racine est menue, annuelle, fibrée, blanche : ses feuilles inférieures sont arrondies, d’un verd gai, longues d’un pouce & plus, partagées en trois, crénélées, lisses ; celles qui sont plus haut sont très-découpées : sa tige est branchue, cannelée, & creuse : ses fleurs sont petites, blanches, en rose, disposées en parasol, & composées de cinq pétales échancrées : le calice se change en un fruit oblong, ovoïde, formé de deux semences menues, convexes, & cannelées, d’un verd grisâtre, d’une odeur & d’une saveur douce, très-suave, & mêlée d’une acrimonie agréable. On seme beaucoup d’anis en France, sur-tout dans la Touraine.

L’analyse de la plante entiere & récente, sans la racine, a donné un flegme limpide & odorant, sans aucune marque d’acide ; une liqueur limpide-acide, qui ne se faisoit pas appercevoir d’abord, mais qui s’est ensuite manifestée, & qui est devenue enfin un fort acide ; très-peu d’huile essentielle : ce qui est resté dans l’alambic desséché & distillé à la cornue a donné une liqueur soit acide, soit alkaline, remplie de sel nitreux, & une huile soit subtile & essentielle, soit épaisse comme de la graisse.

La masse noire calcinée au feu de réverbere pendant six heures, a donné des cendres noires qui ont laissé par la lixiviation un sel fixe purement alkali.

La semence contient beaucoup plus d’huile essentielle que les autres parties. Cette huile est verdâtre, odorante, & agréable au goût : on l’obtient par expression & par distillation. Il faut pour l’usage de la Medecine choisir la semence d’anis la plus grosse, la mieux nourrie, la plus nette, récemment séchée, d’une odeur agréable, & d’un goût doux & un peu piquant : elle contient beaucoup d’huile exaltée & de sel volatil ; elle est cordiale, stomacale, pectorale, carminative, digestive ; elle excite le lait aux nourrices, & appaise les coliques.

On l’appelle anis-verd, pour la distinguer de l’anis-dragée.

La semence d’anis entre dans le rossoli de six graines, l’eau générale, l’esprit carminatif de Sylvius, le sirop composé de vélar, d’armoise, de roses pâles purgatif, dans les clysteres carminatifs, l’électuaire de l’herbe aux puces, la confection hamec, la thériaque, le mithridate, l’électuaire lénitif, le catholicon, dans les poudres diatragacanthe, cordiale & hydragogue, & dans les pilules d’agaric.

L’huile d’anis est un des ingrédiens des tablettes émétiques & du baume de soufre anisé.