L’Encyclopédie/1re édition/ANONA

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Texte établi par D’Alembert, Diderot (Tome 1p. 488).

* ANONA, (Hist. nat.) fruit qu’on trouve à Malaque aux Indes : l’arbre qui le porte est petit, & ne passe pas pour l’ordinaire douze à quinze piés. L’écorce en est blanchâtre en dehors, rouge en dedans, & assez raboteuse ; la feuille petite, épaisse, & d’un verd pâle : la fleur composée de trois feuilles longues, triangulaires & spongieuses, qui fermées forment une pyramide triangulaire. L’odeur en est agréable ; le fruit est conique, fort gros par la base où est attaché le pédicule qui est ligneux, de la grosseur du petit doigt, & de la couleur du bois de l’arbre, se divisant en plusieurs filamens blancs qui traversent la substance du fruit. Lorsque le fruit est mûr, la peau en est rouge, d’une assez belle couleur, lisse & mince, contre l’ordinaire des fruits des Indes, qui l’ont fort épaisse, à cause de la grande chaleur. Le dedans est rempli d’une substance fort molle & fort blanche qu’on tire avec une cuilliere ; elle est sucrée & d’un assez bon goût : il y a dans le milieu plusieurs petits grains noirs, semblables à ceux qu’on trouve dans les poires, renfermés dans de longues capsules dont le tissu est fort fin, & qui vont aboutir aux fibres qui sont dans le milieu du fruit de haut en bas. Lorsque le fruit est dans sa derniere maturité, il tombe par morceaux à terre, se détachant de la queue, & des longs filamens qui y sont joints, lesquels demeurent à l’arbre.

Cet arbre, ainsi que le goyavier décrit dans l’Hortus Malabaricus, pourroit passer pour un poirier des Indes. Descript. de quelques arbres de Malaque par le P. Beze, de la Compagnie de Jesus. Mém. de l’Acad. tome IV.