L’Encyclopédie/1re édition/ANTHROPOMANTIE

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Texte établi par D’Alembert, Diderot (Tome 1p. 497-498).

ANTHROPOMANTIE, s. f. divination qui se faisoit par l’inspection des entrailles d’hommes ou de femmes qu’on éventroit.

Ce mot est Grec & formé de deux autres ; savoir, ἄνθρωπος, homme, & μαντεία, divination.

L’Empereur Eliogabale pratiquoit cette abominable divination. Cedrene & Théodoret racontent de Julien l’Apostat, que dans des sacrifices nocturnes, & dans des opérations de magie, il faisoit périr grand nombre de jeunes enfans pour consulter leurs entrailles ; & ils ajoûtent que lorsqu’il eut pris la route de Perse, dans l’expédition même où il périt, étant à Carres en Mésopotamie, il s’enferma dans le temple de la Lune, & qu’après y avoir fait ce qu’il voulut avec les complices de son impiété, il scella les portes, & y posa une garde qui ne devoit être levée qu’à son retour. Ceux qui entrerent dans le temple, sous le regne de Jovien, son successeur, y virent une femme pendue par les cheveux, les mains étendues & le ventre ouvert ; Julien ayant voulu chercher dans son foie quel seroit le succès de la guerre. Vie de l’Empereur Julien, par M. l’Abbé de la Bleterie, IIe. part. liv. V. pag. 333. & 334.

Les Scythes avoient aussi cette barbare coûtume que les Tartares ont reçûe d’eux, si l’on en croit Cromer, Hist. de Polog. liv. VIII. & Strabon la rapporte aussi des anciens habitans de la Lusitanie, aujourd’hui le Portugal. Delrio regarde comme une branche de l’anthropomantie, le fanatisme des Hébreux qui sacrifioient leurs enfans à Moloch, dans la vallée de Tophet. Disquisit. magic. lib. IV. cap. ij. quæst. VII. sect. j. pag. 554. (G)