L’Encyclopédie/1re édition/ANTONIA

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Texte établi par D’Alembert, Diderot (Tome 1p. 518-519).
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* ANTONIA (Tour d’), Hist. anc. le monument le plus magnifique qu’Herode le Grand ait élevé : c’étoit une tour réguliere & forte, à laquelle il donna le nom d’Antoine son ami : elle fut bâtie sur la montagne de Jérusalem, appellée auparavant Barri. Elle étoit couverte de haut-en-bas de marbre blanc ; l’approche en étoit défendue par un mur de trois coudées de haut ; l’espace depuis ce mur jusqu’à la tour, étoit de quarante : on avoit pratiqué en dedans, des salles, des appartemens, & des bains : on la pouvoit regarder comme un beau palais rond, accompagné à égale distance, de quatre autres tours, dont trois avoient cinquante coudées de haut ; & la quatrieme qu’occupoit l’angle du midi & de l’orient, en avoit soixante-dix. Il y avoit aux endroits où ces tours joignoient les galeries du temple, des degrés à droit & à gauche, d’où les soldats Romains observoient le peuple dans les jours de fêtes, pour l’empêcher de former quelqu’entreprise. Le temple étoit comme la citadelle de la ville ; l’Antonia étoit comme celle du temple. L’adresse de vingt soldats, d’un enseigne, & d’un trompette de l’armée de Tite, exécuta ce que cent mille hommes eussent tenté vainement : ces vingt-deux braves, à la faveur de la nuit, rassemblerent les ruines des murs de la ville, & les éleverent à la hauteur de la tour, dans laquelle ils entrerent par ce moyen ; tuerent la garde, & donnerent le signal au reste de l’armée, qui s’approcha de la tour : on employa sept jours à la demolir : avant sa ruine & celle de Jérusalem, on y gardoit les ornemens pontificaux : quand le grand sacrificateur vouloit s’en servir, ce qui n’arrivoit qu’une fois l’an, le dixieme de la lune de Septembre, les Romains les donnoient à condition qu’ils seroient rapportés après la cérémonie. Josephe, Ant. liv. XX.