L’Encyclopédie/1re édition/APATURIES

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Texte établi par D’Alembert, Diderot (Tome 1p. 522).
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APATURIES, s. f. (Hist. anc. & Myth.) fête solemnelle célébrée par les Athéniens en l’honneur de Bacchus. Voyez Fête.

Ce mot vient du Grec ἀπάτη, fraude ; & l’on dit que cette fête fut instituée en mémoire d’une frauduleuse victoire que Mélanthus, roi d’Athenes, avoit remportée sur Xanthus, roi de Béotie, dans un combat singulier, dont, ils étoient convenus pour terminer un débat qui régnoit entr’eux, au sujet des frontieres de leurs pays ; d’où Budée l’appelle festum deceptionis, la fête de la tromperie.

D’autres écrivains lui donnent une différente étymologie : ils disent que les jeunes Athéniens n’étoient point admis dans les tribus, le troisieme jour de l’apaturie, que leurs peres n’eussent juré qu’ils en étoient vraiment les peres ; jusqu’alors tous les enfans étoient réputés en quelque façon sans pere, άπάτορες, circonstance qui donnoit le nom à la fête.

Xenophon, d’ailleurs, nous dit que les parens & les amis s’assembloient à cette occasion, se joignoient aux peres des jeunes gens que l’on devoit recevoir dans les tribus, & que la fête tiroit son nom de cette assemblée ; que dans απατούρια l’α, bien loin d’être privatif est une conjonction, & signifie même chose que ὁμοῦ, ensemble. Cette fête duroit quatre jours : le premier, ceux de chaque tribu se divertissoient ensemble dans la leur, & ce jour s’appelloit δόρπια : le second, qui se nommoit ἀναῤῥυσις, on sacrifioit à Jupiter & à Minerve : le troisieme, κουρεῶσις, ceux des jeunes gens de l’un & de l’autre sexe qui avoient l’âge requis, étoient admis dans les tribus : ils appelloient le quatrieme jour ἔπιϐδα.

Quelques auteurs ont mal-à-propos confondu les apaturies avec les saturnales, puisque les fêtes appellées par les Grecs κρόνια, qui répondent aux saturnales des Romains, arrivoient dans le mois de Décembre, & que les apaturies se célébroient en Novembre. (G)