L’Encyclopédie/1re édition/ARABIE

La bibliothèque libre.
Texte établi par D’Alembert, Diderot (Tome 1p. 570).
◄  ARABI
ARABIQUE  ►

* ARABIE, (Géog. anc. & mod.) pays considérable de l’Asie ; presqu’île bornée à l’occident par la mer Rouge, l’isthme du Suez, la Terre-sainte, & la Syrie ; au nord par l’Euphrate & le golfe Persique ; à l’orient par l’Océan ; au midi par le détroit de Babel-Mandel. On divise l’Arabie en pétrée, deserte, & heureuse. La pétrée, la plus petite des trois, est montagneuse & peu habitée dans sa partie septentrionale : mais elle est peuplée & assez fertile dans sa partie méridionale. Elle a été appellée pétrée de Petra son ancienne capitale ; Herac l’est aujourd’hui. L’Arabie deserte ainsi nommée de son terrein, est entrecoupée de montagnes & de sables stériles ; Ana en est la capitale. L’heureuse, en arabe Yemen, doit cette épithete à sa fertilité ; Sanaa en est la capitale. Les Arabes sont Mahométans ; ils sont gouvernés par des émirs ou cheics, indépendans les uns des autres, mais tributaires du Grand-Seigneur. Les Arabes sont voleurs & belliqueux. Long. 52. 77. lat. 12. 34.

Quant au commerce, l’Arabie heureuse est presque la seule où il y en ait. Les villes de cette contrée où il s’en fait le plus, sont Mocha, Hidedan, Chichiri, Zibet, Ziden sur la mer Rouge ; Aden, Fartack sur l’Océan arabique ; Bahr, Barrhem, & El-catif dans le golfe de Bassora ; enfin Bassora. On peut ajoûter la Meque & Médine, où la dévotion amene tant de pélerins, & l’intérêt tant de marchands. Le commerce s’entretient dans ces deux villes par Ziden, qui est proprement le port de la Meque, & par Mocha, qui en est comme l’entrepôt.

Mocha est à l’entrée de la mer Rouge ; on y voit arriver des vaisseaux de l’Europe, de l’Asie, & de l’Afrique ; outre le commerce maritime, il s’en fait encore un par terre par le moyen des caravanes d’Alep & de Suez, qui y apportent des velours, des satins, des armoisins, toutes sortes d’étoffes riches, du safran, du mercure, du vermillon, des merceries, &c.

On en remporte partie des productions naturelles du pays ; partie des ouvrages des manufactures ; partie des marchandises étrangeres qui ont été apportées des Indes, de l’Afrique & de l’Europe. Les manufactures donnent quelques toiles de coton ; le pays produit des parfums, de l’encens, de la myrrhe, de l’ambre-gris, des pierreries, de l’aloès, du baume, de la canelle, de la casse, du sang de dragon, de la gomme arabique, du corail, & sur-tout du caffé.

Aden joüissoit autrefois de tout le commerce qui se fait à Mocha. Les vaisseaux des Indes, de Perse, d’Ethiopie, des îles de Comorre, de Madagascar & de Mélinde sont ceux dont on voit le plus à Chichiri.