L’Encyclopédie/1re édition/ASSOCIATION

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Texte établi par D’Alembert, Diderot (Tome 1p. 771-772).

ASSOCIATION, s. f. est l’action d’associer, ou de former une société ou compagnie. Voyez, Associé, Société, Compagnie, &c.

Association, est proprement un contrat ou traité, par lequel deux ou plusieurs personnes s’unissent ensemble, soit pour s’assister mutuellement, soit pour suivre mieux une affaire, soit enfin pour vivre plus commodément. La plus stable de toutes les associations est celle qui se fait par le mariage.

Association d’idées, c’est quand deux ou plusieurs idées se suivent & s’accompagnent constamment & immédiatement dans l’esprit, de maniere que l’une fasse naître infailliblement l’autre, soit qu’il y ait entr’elles une relation naturelle, ou non. Voyez, Idée, Difformité.

Quand il y a entre les idées une connexion & une relation naturelle, c’est la marque d’un esprit excellent que de savoir les recueillir, les comparer & les ranger dans l’ordre qui leur convient pour s’éclairer dans ses recherches : mais quand il n’y a point de liaison entr’elles, ni de motif pour les joindre, & qu’on ne les unit que par accident ou par habitude ; cette association non naturelle est un grand défaut, & elle est, généralement parlant, une source d’erreurs & de mauvais raisonnemens. Voyez Erreur.

Ainsi l’idée des revenans & des esprits n’a pas réellement plus de rapport à l’idée des ténebres que celle de la lumiere : cependant il est si ordinaire de joindre les idées de revenans & de ténebres dans l’esprit des enfans, qu’il leur est quelquefois impossible de séparer ces idées tout le reste de leur vie, & que la nuit & l’obscurité leur inspirent presque toujours des idées effrayantes. De même, on accoûtume les enfans à joindre à l’idée de Dieu une idée de forme & de figure, & par-là on donne naissance à toutes les absurdités qu’ils mêlent à l’idée de la divinité.

Ces fausses combinaisons d’idées sont la cause, selon M. Locke, de l’opposition irréconciliable qui est entre les différentes sectes de philosophie & de religion ; car on ne peut raisonnablement supposer, que tant de gens qui soûtiennent des opinions différentes, & quelquefois contradictoires les unes aux autres, s’en imposent à eux mêmes volontairement & de gaieté de cœur, & se refusent à la vérité : mais l’éducation, la coûtume, & l’esprit de parti, ont tellement joint ensemble dans leur esprit des idées disparates, que ces idées leur paroissent étroitement unies ; & que n’étant pas maîtres de les séparer, ils n’en font pour ainsi dire qu’une seule idée ; cette prévention est cause qu’ils attachent du sens à un jargon, qu’ils prennent des absurdités pour des démonstrations ; enfin elle est la source des plus grandes & presque de toutes les erreurs dont le monde est infecté. (X)

Association, terme de Droit Anglois, est une patente que le Roi envoie, soit de son propre mouvement, soit à la requête d’un complaignant, aux juges d’une assise, pour leur associer d’autres personnes dans le jugement d’un procès. Voyez Assise.

A la patente d’association, le Roi joint un écrit qu’il adresse aux juges de l’assise, par lequel il leur ordonne d’admettre ceux qu’il leur indique.

Association, en Droit commun, est l’agrégation de plusieurs personnes en une même société, sous la condition expresse d’en partager les charges & les avantages. Chacun des membres de la société s’appelle associé. Voyez Associé & Société. (H)