L’Encyclopédie/1re édition/ATELLANES

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Texte établi par D’Alembert, Diderot (Tome 1p. 797).

ATELLANES, adj. pris sub. (Littérat.) pieces de théatre en usage chez les Romains, & qui ressembloient fort aux pieces satyriques des Grecs, non-seulement pour le choix des sujets, mais encore par les caracteres des acteurs, des danses & de la musique.

On les appelloit ainsi d’Atella, ville du pays des Osques, ancien peuple du Latium, où elles avoient pris naissance, & d’où elles passerent bientôt à Rome ; c’est pourquoi on les trouve nommées dans Cicéron Osis ludi, & dans Tacite, Oseum ludicrum.

Ces pieces étoient ordinairement comiques, mais non pas absolument ni exclusivement à tout sujet noble ou sérieux qu’on pût y faire entrer : c’étoit quelquefois des pastorales héroïques, telle que celles dont parle Suétone dans la vie de Domitien ; elle rouloit sur les amours de Paris & d’Œnone : quelquefois c’étoit un mêlange bisarre de tragique & de comique ; elles étoient joüées par des pantomimes, qu’on appelloit atellans, atellani, ou exodiaires, exodiarii ; parce que, dit un ancien scholiaste de Juvénal, cet acteur n’entroit qu’à la fin des jeux, afin que toutes les larmes & la tristesse que causoient les passions dans la tragédie fussent effacées par les ris & la joie qu’inspiroient les atellanes. On pourroit donc, dit Vossius, les appeller des comédies satyriques ; car elles étoient pleines de plaisanteries & de bons mots, comme les comédies Greques : mais elles n’étoient pas, comme celles-ci, représentées par des acteurs habillés en satyres. Le même auteur distingue les atellanes des mimes, en ce que les mimes étoient des farces obscenes, & que les atellanes respiroient une certaine décence ; de maniere que ceux qui les représentoient n’étoient pas traités avec le même mépris que les autres acteurs. Voyez Acteur. On ne pouvoit pas même les obliger de se démasquer quand ils remplissoient mal leurs rôles. Cependant ces atellanes ne se continrent pas toûjours dans les bornes de la bienséance qui y avoit d’abord régné ; elles devinrent si licentieuses & si impudentes, que le sénat fut obligé de les supprimer. Voss. Instit. poet. lib. II. (G)