L’Encyclopédie/1re édition/BANNERET

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BANNERET, s. m. (Hist. de la chevalerie.) outre ce qu’on en dit dans le Dictionnaire, voyez sur le titre & la qualité de banneret, la neuvieme dissertation de du Cange à la suite de Joinville, les dissertations du pere Honoré de sainte-Marie, sur la chevalerie ; la milice françoise du pere Daniel, livre III. le traité de la noblesse, par de la Roque, chap. x. le laboureur, de la pairie ; du Tillet, recueil des rois de France, Pasquier, le pere Ménetrier.

Le banneret avoit un rang supérieur au bachelier, ou simple chevalier ; car ces deux mots qu’on a voulu distinguer, sont absolument synonymes. En effet, les chevaliers bacheliers dans les anciennes montres des gens d’armes, sont compris sans aucune différence sur le même pié que les chevaliers ; ils reçoivent également le double de la paye des écuyers, & la moitié de celle des bannerets. Je crois qu’ils sont les mêmes que les chevaliers appellés chevalier d’un écu dans l’ordre de chevalerie, peut-être à cause qu’ils n’avoient pour leur défense que leur propre écu, & non comme les bannerets les écus de plusieurs autres chevaliers. Voyez encore dans le livre d’Antomé de la Sale, intitulé la Salade, comment un chevalier étoit fait banneret. Le même auteur rapporte les cérémonies usitées pour l’institution des barons, des vicomtes, des comtes, des marquis, & des ducs.

Si le chevalier étoit assez riche, assez puissant pour fournir à l’état un certain nombre de gens d’armes, & pour les entretenir à ses dépens, on lui accordoit la permission d’ajouter au simple titre de chevalier, ou chevalier bachelier, le titre plus noble & plus relevé de chevalier banneret. La distinction de ces bannerets consistoit à porter une banniere quarrée au-haut de leur lance ; au-lieu que celle des simples chevaliers étoit prolongée en deux cornettes ou pointes, telles que les banderolles qu’on voit dans les cérémonies des églises. D’autres honneurs étoient encore offerts à l’ambition des bannerets ; ils pouvoient prétendre aux qualités de comtes, de barons, de marquis, de ducs ; & ces titres leur assuroient à eux, & même à leurs femmes, un rang fixe auquel on reconnoissoit du premier coup d’œil, la grandeur & l’importance des services qu’ils avoient rendus à l’état : divers ornemens achevoient de caractériser leur mérite & leurs exploits. Mémoires sur la chevalerie, par M. de Sainte-Palaye. (D. J.)