L’Encyclopédie/1re édition/BEAUTÉ

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Texte établi par D’Alembert, Diderot (Tome 2p. 182).
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* BEAUTÉ, s. f. terme relatif ; c’est la puissance ou faculté d’exciter en nous la perception de rapports agréables. J’ai dit agréables, pour me conformer à l’acception générale & commune du terme beauté : mais je crois que, philosophiquement parlant, tout ce qui peut exciter en nous la perception de rapports, est beau. Voyez l’article Beau. La beauté n’est pas l’objet de tous les sens. Il n’y a ni beau ni laid pour l’odorat & le goût. Le P. André, Jésuite, dans son Essai sur le beau, joint même à ces deux sens celui du toucher : mais je crois que son système peut être contredit en ce point. Il me semble qu’un aveugle a des idées de rapports, d’ordre, de symmétrie, & que ces notions sont entrées dans son entendement par le toucher, comme dans le nôtre par la vûe, moins parfaites peut-être & moins exactes : mais cela prouve tout au plus que les aveugles sont moins affectés du beau, que nous autres clair-voyans. Voyez l’article Aveugle. En un mot, il me paroît bien hardi de prononcer que l’aveugle statuaire qui faisoit des bustes ressemblans, n’avoit cependant aucune idée de beauté.