L’Encyclopédie/1re édition/BROYER

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Texte établi par D’Alembert, Diderot (Tome 2p. 447).
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BROYER, v. act. marque en général l’action de réduire un corps en particules plus menues, de quelque maniere & avec quelque instrument qu’elle s’exécute. Voyez Broyement.

Broyer des couleurs seches ou liquides, c’est les écraser jusqu’à ce qu’elles soient très-fines, avec une pierre très-dure qu’on appelle molette, sur une autre pierre aussi dure qu’est ordinairement une écaille de mer.

L’on dit, broyer les couleurs, le broyement des couleurs. On broye les couleurs à l’eau ou à l’huile, suivant l’usage qu’on veut en faire.

Broyer & mêler les couleurs, sont des termes qu’on ne doit pas confondre.

On broye les couleurs sur la pierre, comme on vient de dire ; on les mêle sur la palette avec le pinceau, & en les employant sur la toile. (R)

Broyer, (terme de Corderie) c’est l’action de briser le chanvre entre les deux mâchoires de la broye après qu’il a été roüi (voyez Broye, & la fig. 4. Pl. de Corderie) pour en séparer les chenevottes ou la moelle qui n’est d’aucune utilité pour le travail des Corderies. Pour cet effet le broyeur prend de sa main gauche une grosse poignée de chanvre ; & de l’autre, la poignée de la mâchoire supérieure de la broye ; il engage le chanvre entre les deux mâchoires, & en élevant & abaissant à plusieurs reprises, & fortement, la mâchoire supérieure, il brise les chenevottes qu’il sépare du chanvre en le tirant entre les deux mâchoires ; ensorte qu’il ne reste que la filasse : quand la poignée est ainsi broyée à moitié, il la prend par le bout broyé, pour donner la même préparation à celui qu’il tenoit dans sa main.

Quand il y a environ deux livres de filasse bien broyée, on la ploye en deux ; on tord grossierement les deux bouts l’un sur l’autre ; & c’est ce qu’on appelle des queues de chanvre, ou de la filasse brute.

Il y a une autre maniere de séparer le chanvre, qu’on appelle tiller. Voyez Tiller, & l’article Corderie.