L’Encyclopédie/1re édition/CABIRES

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Texte établi par D’Alembert, Diderot (Tome 2p. 493).
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CABIRES, s. m. pl. (Myth.) divinités du paganisme révérées particulierement dans l’ile de Samothrace. Ces dieux étoient selon quelques-uns, Pluton, Proserpine, & Cerès ; & selon d’autres c’étoient toutes les grandes divinités des payens. Ce nom est Hébreu ou Phénicien d’origine, cabir, & signifie grand & puissant. Mnascas met ces dieux au nombre de trois ; Axierès, Cerès ; Axiocersa, Proserpine ; & Axiocersus, Pluton, auxquels Dionysiodore ajoûte un quatrieme nommé Casimil, c’est-à-dire Mercure. On croyoit que ceux qui étoient initiés dans les mysteres de ces dieux en obtenoient tout ce qu’ils pouvoient souhaiter : mais leurs prêtres avoient affecté de répandre une si grande obscurité sur ces mysteres, qu’on regardoit comme un sacrilége de prononcer seulement en public le nom de ces dieux. De-là vient que les anciens se sont contentés de parler des mysteres de Samothrace & du culte des dieux Cabires, comme d’une chose très-respectable, mais sans entrer dans le moindre détail. M. Pluche dans son histoire du Ciel, dit que les figures de ces dieux venues d’Egypte en Phénicie, & de-là en Grece, portoient sur la tête des feuillages, des cornes, des ailes & des globes, qui, ajoûte cet auteur, ne pouvoient pas manquer de paroître ridicules à ceux qui ne comprenoient pas la signification de ces symboles, comme il arriva à Cambyse roi des Perses en entrant dans leur temple. Mais ces mêmes figures, si singulieres en apparence, désignoient Osiris, Isis & Horus, qui enseignoient au peuple à se précautionner contre les ravages de l’eau. Voilà, selon lui, à quoi se réduisoit tout l’appareil de ces mysteres, à apprendre à ceux qui y étoient initiés une vérité fort simple & fort commune.

Cabires, dans Origene contre Celse, se prend pour les anciens Persans qui adoroient le soleil & le feu. Hyde dans son Histoire de la religion des anciens Persans confirme cette étymologie. Cabiri, dit-il, chap. xxix. sunt Gabri, voce Persicâ aliquantulum detortâ ; c’est-à-dire, que du mot Gabres ou Guebres, qui est Persan, on a fait celui de Cabires. Voyez Guebres. (G)