L’Encyclopédie/1re édition/CALIXTINS
CALIXTINS, s. m. pl. (Hist. eccl.) Sectaires qui s’éleverent en Boheme au commencement du XV. siecle, & qui prirent ce nom, parce qu’ils soûtenoient que l’usage du calice, ou de la coupe, étoit absolument nécessaire au peuple, dans la réception de l’Eucharistie.
La doctrine des Calixtins consistoit d’abord en quatre articles. Le premier concernoit la coupe. Les trois autres regardoient la correction des péchés publics & particuliers, qu’ils portoient à certains excès ; la libre prédication de la parole de Dieu, qu’ils ne vouloient pas qu’on pût défendre à personne ; & les biens d’Église contre lesquels ils déclamoient. Ces quatre articles furent réglés dans le Concile de Basle d’une maniere dont les Calixtins furent contens, & la coupe leur fut accordée à certaines conditions dont ils convinrent. Cet accord s’appella Compactatum, nom célebre dans l’histoire de Boheme. L’ambition de Roquesane leur chef en empêcha l’effet, & ils ont duré jusqu’au tems de Luther auquel ils se réunirent. Quoique depuis ce tems-là la secte des Calixtins ne soit pas nombreuse, il s’en trouve cependant quelques-uns répandus en Pologne. Boss. hist. des variat. Liv. XI. n°. 168 & 171. (G)
Calixtins est encore le nom qu’on donne à quelques Luthériens mitigés, qui suivent les opinions de George Calixte, théologien célebre parmi eux, qui mourut vers le milieu du XVIIe siecle. Il n’étoit pas du sentiment de S. Augustin sur la prédestination, la grace, le libre arbitre ; aussi ses disciples sont-ils regardés comme des Sémipélagiens. Calixte soûtenoit qu’il y avoit dans les hommes un certain pouvoir d’intelligence & de volonté, avec un degré suffisant de connoissance naturelle, & qu’en usant bien de ces facultés, Dieu ne manque pas de donner tous les moyens nécessaires pour arriver à la perfection dont la révélation nous montre le chemin. Outre cela il étoit fort tolérant, & ne témoignoit pas un respect aveugle pour les décisions de Luther ; ce qui n’a pas contribué à accréditer son système, ni à grossir le nombre de ses partisans. (G)